DOI issue:
Nr. 30 (23 Septembre)
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0283
N" 30. — 1899
BUREAUX : 8j RUE FAVART
23 Septembre»
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
ï.iRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
a session des assises tenue par-
les grandes Commissions de
l'État est à la veille de se rou-
vrir. Puisse le Conseil qui arbitre
la destinée de nos anciens monuments se
montrer enfin conscient des responsabilités
qui lui incombent devant l'Histoire ! La
démolition de la porte Limbert, le sac-
cage de Versailles, la mort — délibérément
acceptée — des fresques de Chassériau,
d'autres mésaventures aussi déplorables et
infamantes ont inauguré une ère de vanda-
lisme officiel qu'il importe de clore sans
délai. La vigilance de notre revue, bientôt
demi-séculaire, n'a eu que trop l'occasion
de s'exercer et de rappeler au respect de
l'art national. La Gazette ne convoite pas
ces interventions ; elle ne les redoute pas non
plus ; ce lui semble précisément son devoir et
son rôle d'indiquer les solutions nécessaires,
sans souci des ressentiments que provoque
toute explosion de vérité. Le suffrage des
meilleurs esprits est d'ailleurs acquis au
parti de défendre notre patrimoine archi-
tectural contre le danger des reconstitutions
hasardeuses. « Je pense, écrivait Puvis de
Chavannes peu de mois avant sa mort,
qu'on ne saurait avoir trop de ménagement
et de respect pour ce que le temps a épargné,
et aux vieux édifices il ne faut ajouter une
pierre que pour en sauver dix». Dans son
délicieux Pierre Nozière, Anatole France
est plus catégorique encore : « C'est une
question, dit-il, de savoir si Viollet-le-Duc
et ses disciples n'ont point accumulé plus de
ruines, en un petit nombre d'années, par
art et par méthode, que n'avaient fait, par
haine ou mépris, durant plusieurs siècles,
les princes et les peuples, dégoûtés à l'envi
des vestiges d'un passé qui leur semblait
barbare ». L'avenir seul pourra se prononcer
en toute certitude. Toujours est-il que la mé-
ditation de Pierre Nozière se recommande à
Messieurs de la Commission historique. Ils
y trouveront d'incomparables leçons d'esthé-
tique et de philosophie. Ils y reliront aussi
ce précepte de Didron, qui devra régler
toutes les décisions à prendre : « En fait de
monuments anciens, il vaut mieux conso-
lider que réparer, mieux réparer que res-
taurer, mieux restaurer qu'embellir ; en au-
cun cas, il ne faut ajouter ni retrancher. »
-G-r?^^Sr<&r4^Z?--ï>--
NOUVELLES
La princesse Mathilde vient de faire
don au musée de Versailles du portrait de sa
mère, la reine de Westphalie, par Gros.
Deux autres portraits, les seuls qui existent
en peinture, de Biaise Pascal et de Gondorcet,
viennent également d'entrer dans notre grand
musée historique.
Le premier a été offert par la veuve de
Prosper Faugère, l'éditeur de Pascal.
Celui de Gondorcet, œuvre de Greuze, est
un don de Mllc! Hottini. M. de Nolhac l'a fait
placer dans la salle récemment ouverte de la
Kévolution française.
*** Le 6 août dernier a été inauguré, à
Beaune, un buste de M. Bouchard, ancien
maire, œuvre de M. Henry Bouchard.
Ont été inaugurés pendant la dernière quin-
zaine :
BUREAUX : 8j RUE FAVART
23 Septembre»
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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les grandes Commissions de
l'État est à la veille de se rou-
vrir. Puisse le Conseil qui arbitre
la destinée de nos anciens monuments se
montrer enfin conscient des responsabilités
qui lui incombent devant l'Histoire ! La
démolition de la porte Limbert, le sac-
cage de Versailles, la mort — délibérément
acceptée — des fresques de Chassériau,
d'autres mésaventures aussi déplorables et
infamantes ont inauguré une ère de vanda-
lisme officiel qu'il importe de clore sans
délai. La vigilance de notre revue, bientôt
demi-séculaire, n'a eu que trop l'occasion
de s'exercer et de rappeler au respect de
l'art national. La Gazette ne convoite pas
ces interventions ; elle ne les redoute pas non
plus ; ce lui semble précisément son devoir et
son rôle d'indiquer les solutions nécessaires,
sans souci des ressentiments que provoque
toute explosion de vérité. Le suffrage des
meilleurs esprits est d'ailleurs acquis au
parti de défendre notre patrimoine archi-
tectural contre le danger des reconstitutions
hasardeuses. « Je pense, écrivait Puvis de
Chavannes peu de mois avant sa mort,
qu'on ne saurait avoir trop de ménagement
et de respect pour ce que le temps a épargné,
et aux vieux édifices il ne faut ajouter une
pierre que pour en sauver dix». Dans son
délicieux Pierre Nozière, Anatole France
est plus catégorique encore : « C'est une
question, dit-il, de savoir si Viollet-le-Duc
et ses disciples n'ont point accumulé plus de
ruines, en un petit nombre d'années, par
art et par méthode, que n'avaient fait, par
haine ou mépris, durant plusieurs siècles,
les princes et les peuples, dégoûtés à l'envi
des vestiges d'un passé qui leur semblait
barbare ». L'avenir seul pourra se prononcer
en toute certitude. Toujours est-il que la mé-
ditation de Pierre Nozière se recommande à
Messieurs de la Commission historique. Ils
y trouveront d'incomparables leçons d'esthé-
tique et de philosophie. Ils y reliront aussi
ce précepte de Didron, qui devra régler
toutes les décisions à prendre : « En fait de
monuments anciens, il vaut mieux conso-
lider que réparer, mieux réparer que res-
taurer, mieux restaurer qu'embellir ; en au-
cun cas, il ne faut ajouter ni retrancher. »
-G-r?^^Sr<&r4^Z?--ï>--
NOUVELLES
La princesse Mathilde vient de faire
don au musée de Versailles du portrait de sa
mère, la reine de Westphalie, par Gros.
Deux autres portraits, les seuls qui existent
en peinture, de Biaise Pascal et de Gondorcet,
viennent également d'entrer dans notre grand
musée historique.
Le premier a été offert par la veuve de
Prosper Faugère, l'éditeur de Pascal.
Celui de Gondorcet, œuvre de Greuze, est
un don de Mllc! Hottini. M. de Nolhac l'a fait
placer dans la salle récemment ouverte de la
Kévolution française.
*** Le 6 août dernier a été inauguré, à
Beaune, un buste de M. Bouchard, ancien
maire, œuvre de M. Henry Bouchard.
Ont été inaugurés pendant la dernière quin-
zaine :