N° 31. — 1899
bureaux : S, rue favart
7 Octobre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
î.aRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois ........8 fr,
PROPOS DU JOUR
e monument de M. Dalou, qui
sera prochainement inauguré sur
la place de la Nation, fera époque
dans l'histoire de l'art du siècle
en France. Nous n'entendons pas par là —
et ce n'est pas notre rôle à cette place —
mettre hors de pair les beautés intrinsèques
de l'œuvre : nous voulons plutôt faire re-
marquer que ce sera le seul monument qui,
dans le dernier quart de ce siècle, ait été
élevé à Paris dans une intention purement
décorative.
La place publique de Paris appartient de
plus en plus aux statuaires ; les villes fran-
çaises sont pour eux d'excellentes clientes ; on
a vu de petites bourgades recevoir avec sur-
prise leurs cadeaux; les colonies même en
reçoivent par paquebot; mais ce sont tou-
jours des monuments, des statues d'une
destination subjective, des in mempriam
variés ; on ne se dit pas : « Il s'agit de déco-
rer cette place » ; mais on se demande : « Où
placer le monument qui survient? »
Une grande allégorie, digne d'une grande
capitale, ne portant aucun nom propre, une
masse sculpturale combinée dans un dessein
d'art, voilà ce que sera — plus nettement
encore que ne l'est le monument funèbre de
M. Bartholomé exécuté au Père-Lachaise —
l'œuvre de M. Dalou. Par là, elle représen-
tera plus tard notre art contemporain dans
son application purement ornementale.
Faire grand est une préoccupation des
sculpteurs qui disposent de fortes souscrip-
tions; ils étoffent alors leur monument par
l'adjonction de figures parasites, et cela
aboutit parfois à d'étranges conceptions.
C'est ainsi que la ville de Meaux ayant ré-
solu de glorifier Bossuet sur la voie publique
— ce qui, comme emplacement, est déjà d'un
goût contestable, — le statuaire fournira
cinq rondes-bosses pour une : le terrible
évêque sera, en effet, flanqué des quatre
personnages suivants, fort étonnés de se
rencontrer là : Turenne, Mademoiselle de
La Vallière, Le Dauphin et Henriette d'An-
gleterre, Madame! Cela sera-t-il grand?
--g ?^7~--<.^" j —r^y &-
NOUVELLES
Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
A Avignon, un monument aux efflciers morts
pendant la guerre de 1870, œuvre de M. Félix
Charpentier.
A Boulogne, un monument à la mémoire du
docteur Duchenne, œuvre du sculpteur Des-
vergnes.
A Limoges, un monument à la mémoire des
Enfants de la Haute-Vienne tués en 1870-71,
œuvre de M. ïhabart.
A Ghâteau-Gontier, le monument du prêtre
Charles Loyson, dû au ciseau de M. Leduc.
**# Le second essai pour le diplôme des ré-
compenses de l'exposition universelle a été
jugé la semaine dernière. Après examen et
discussion, le diplôme présenté par M. Ca-
mille Boignard a été déclaré digne de la pre-
mière prime. C'est donc ce diplôme qui sera
exécuté pour 1900.
MM. G. Dubufe et Dawant sont adjoints,
pour le seconder dans l'organisation maté-
rielle, à M. Molinier, commissaire général
pour l'Exposition des Beaux-Arts en 1900.
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PROPOS DU JOUR
e monument de M. Dalou, qui
sera prochainement inauguré sur
la place de la Nation, fera époque
dans l'histoire de l'art du siècle
en France. Nous n'entendons pas par là —
et ce n'est pas notre rôle à cette place —
mettre hors de pair les beautés intrinsèques
de l'œuvre : nous voulons plutôt faire re-
marquer que ce sera le seul monument qui,
dans le dernier quart de ce siècle, ait été
élevé à Paris dans une intention purement
décorative.
La place publique de Paris appartient de
plus en plus aux statuaires ; les villes fran-
çaises sont pour eux d'excellentes clientes ; on
a vu de petites bourgades recevoir avec sur-
prise leurs cadeaux; les colonies même en
reçoivent par paquebot; mais ce sont tou-
jours des monuments, des statues d'une
destination subjective, des in mempriam
variés ; on ne se dit pas : « Il s'agit de déco-
rer cette place » ; mais on se demande : « Où
placer le monument qui survient? »
Une grande allégorie, digne d'une grande
capitale, ne portant aucun nom propre, une
masse sculpturale combinée dans un dessein
d'art, voilà ce que sera — plus nettement
encore que ne l'est le monument funèbre de
M. Bartholomé exécuté au Père-Lachaise —
l'œuvre de M. Dalou. Par là, elle représen-
tera plus tard notre art contemporain dans
son application purement ornementale.
Faire grand est une préoccupation des
sculpteurs qui disposent de fortes souscrip-
tions; ils étoffent alors leur monument par
l'adjonction de figures parasites, et cela
aboutit parfois à d'étranges conceptions.
C'est ainsi que la ville de Meaux ayant ré-
solu de glorifier Bossuet sur la voie publique
— ce qui, comme emplacement, est déjà d'un
goût contestable, — le statuaire fournira
cinq rondes-bosses pour une : le terrible
évêque sera, en effet, flanqué des quatre
personnages suivants, fort étonnés de se
rencontrer là : Turenne, Mademoiselle de
La Vallière, Le Dauphin et Henriette d'An-
gleterre, Madame! Cela sera-t-il grand?
--g ?^7~--<.^" j —r^y &-
NOUVELLES
Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
A Avignon, un monument aux efflciers morts
pendant la guerre de 1870, œuvre de M. Félix
Charpentier.
A Boulogne, un monument à la mémoire du
docteur Duchenne, œuvre du sculpteur Des-
vergnes.
A Limoges, un monument à la mémoire des
Enfants de la Haute-Vienne tués en 1870-71,
œuvre de M. ïhabart.
A Ghâteau-Gontier, le monument du prêtre
Charles Loyson, dû au ciseau de M. Leduc.
**# Le second essai pour le diplôme des ré-
compenses de l'exposition universelle a été
jugé la semaine dernière. Après examen et
discussion, le diplôme présenté par M. Ca-
mille Boignard a été déclaré digne de la pre-
mière prime. C'est donc ce diplôme qui sera
exécuté pour 1900.
MM. G. Dubufe et Dawant sont adjoints,
pour le seconder dans l'organisation maté-
rielle, à M. Molinier, commissaire général
pour l'Exposition des Beaux-Arts en 1900.