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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 6 (11 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0064
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54

LA CHRONIQUE DES ARTS

petites expositions

l'épatant

Contrairement au Cercle Volney, ce ne
sont guère ici que dos professionnels et même
les plus notoires, ceux qui obtiennent tous
les suffrages de la société mondaine fran-
çaise, européenne et transatlantique. Artis-
es heureux, choyés, riches, dont les million-
naires guettent les moindres productions.
11 me revient une pensée de Pascal : « Je
blâme également ceux qui prennent le parti
de louer l'homme et ceux qui le prennent de
le divertir ; et je ne puis approuver que ceux
qui cherchent en gémissant. » En général,
les maîtres qui exposent ici n'ont pas pris
le parti de le divertir, mais très souvent ce-
lui de le louer. Mais aucun d'eux ne serait
approuvé par Pascal. Le public semble leur
en savoir gré, car on n'entend que jugements
élogieux.

Beaucoup d'unité dans l'ensemble. Mêmes
principes, mêmes croyances. Une certaine
réserve discrète. Personne ne veut surpas-
ser les autres. Il faudrait nommer tout le
monde après avoir mis un peu à part le sé-
rieux et gracieux portrait de jeune femme
par M. Dagnan-Bouveret, du noir léger sur
du jaune tout baigné d'une lumière douce de
salon intime, et, comme paysages, Le Plateau
de M. Cazin, et Le Soir aux environs de
Vernon, grande toile de M. René Billotte,
que l'on remarque tout de suite à cause de
ses qualités de pittoresque.

Les portraits, selon la tradition, sont nom-
breux. La plupart ne portent au catalogue
que des initiales ou des étoiles. Nous en
nommerons certains. M. de Rothschild, par
M. Aimé Morot, a un air de fine distinction,
dans une pose naturelle, dans une attitude
accoudée à un coin de tout petit bureau où,
sans doute, l'on médite et l'on travaille.
M. le général baron de ***, par M. Carolus-
Duran, pouvait même nous taire sa haute
dignité, tant la barbiche et le regard sont
explicites. Quant à Mme G., on robe Empire
et grand chapeau de paille fleuri, sur fond
de jardin , par M. Gervex, on dirait la femme
du peintre, puisque celle-ci a la réputation
d'être jolie. M. Jacques Blanche expose une
Tête de jeune femme, portrait ovale à la fa-
çon quasi du xvine siècle, moins la poudre
et la mouche ; peinture légère et agréable.
De M. Gustave Courtois, un Portrait, sans
autre indication; imitation de patine an-
cienne. Le Portrait de Mme s., jeune femme
entre deux âges, par M. Humbert, est un
habile et joli compliment.

M. Clausse n'a pas eu l'idée de l'anony-
mat, c'est d'ailleurs impossible avec M. Léon
Bonnat pour portraitiste. S. A. I. M™» la
grande-duchesse Vladimir, n'a guère pensé
non plus à se cacher; une fois seulement
entrevue, sa physionomie si intelligente et
bonne ne s'oublie pas; quant à la peinture
de ce portrait, son originalité est que le

peintre, M. François Flameng, a signé en
lettres d'or. On prendrait le comte Vitali,
par M. Benjamin Constant, pour un descen-
dant d'Henri IV ; la main gauche est un peu
fatiguée, la tête est noble. Le portrait de
M'ie Emma Calvé en Carmen, par M. Char-
tran, deviendrait vite populaire si le pro-
priétaire en autorisait la reproduction en
chromolithographie ; la peinture non seu-
lement s'y prête, mais elle n'y perdrait au-
cune de ses qualités d'éclat", et qui dit
qu'elle n'y gagnerait pas encore un peu plus
de brillant?

M. Bouguereau nous apporte un sujet
nouveau : Amour et Psyché. C'est une minia-
ture de 1 m. 50 ou 2 mètres de haut sur
environ 1 mètre de large, traitée avec la
minutie qui convient à ce genre délicat, où
il est supérieur. Cette petite chose ira à
Londres. Chagrin d'enfant, par M. Priant,
avait un grand succès ; je n'ai pu m'appro-
cher; do loin, par-dessus les épaules, cela
semblait un peu banal. Le liuy-Bias de
M. Roybet est assez beau pour avoir été
aimé d'une reine. Le petit tableau de M. Gé-
rôme, Derviches hurleurs, est plutôt silen-
cieux; les derviches sont vêtus de jolies
étoffes, ouvrent la bouche et dansent dans
une sorte de manège au mur gris bleuté.
Excellente page d'illustration pour une his-
toire populaire de Napoléon que le 4806 de
M. Edouard Détaille. L'Empereur passe,
les drapeaux pris à l'ennemi s'inclinent, les
tambours battent, l'état-major est joyeux, et
un rayon de soleil providentiel fait briller
quelques ors et éclaire quelques souriants
visages.

En sculpture, la Marie-Madeleine, de
M. Gérôme, n'a pas l'air d'être très admirée
et il y a de quoi s'étonner que l'on ose la
critiquer si librement. M. Roll expose un
buste, lubie de peintre, et MM. Puech et
Cariés chacun deux. Rien à dire.

union des femmes peintres et sculpteurs

Seconde exposition d'œuvres féminines.
Est-ce la bonne, est-ce la vraie, est-ce la
dernière ? On le dit.

Peu d'hommes au vernissage de ce Salon ;
quelques pères et quelques frères. Des maris,
moins, car les femmes artistes ne se ma-
rient pas toujours. Elles sont pourtant par-
fois jolies, ces jeunes filles qui exposent,
mais, quand on fait de l'art, le mariage est
une déchéance. Nous remarquons que le
petit nœud académique, dont beaucoup de
corsages — faiblesse des ministres ! — sont
décorés, dérange l'harmonie des toilettes.
Aussi, quelques officières se résignent au
noir; elles feraient mieux de renoncer au
ruban violet. Mais ne serait-il pas possible
que, par un décret, on autorisât ces demoi-
selles et ces dames à porter les palmes — or
ou argent — en broches?

Ce qui caractérise les toiles de cette expo-
sition, c'est qu'elles sont toutes admirable-
ment et lisiblement signéeb, en grandes let-
 
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