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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 11 (18 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0104
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LA CHRONIQUE DES ARTS

artiste ont fait don au musée dijonnais de 27
dessins contenus dans deux cadres.

On revanche, on nous affirme que les héri-
tiers du maître, qui avaient cru devoir offrir
au musée de Lille un lot de dessins de premier
ordre, n'ont reçu aucun avis, aucun remercî-
ment, soit de la municipalité, soit de la direc-
tion du musée. Les traditions de sans-géne se
continuent à Lille.

On vient de découvrir un duo composé
par Mozart pour la Flûte enchantée, dont
l'existence était inconnue à tout le monde,
même ùKcechel, l'auteur du fameux catalogue
de l'œuvre de Mozart. Une vieille copie de la
partition, qui se trouvait autrefois dans les ar-
chives du théâtre an der Wien, où cet opéra
fut joué pour la première fois, et qui a été
vendue à un collectionneur suisse, contient,
en effet, un duo inédit entre ïamino et Papa-
geno, dont l'authenticité est incontestable. Ce
duo sera bientôt publié à Berlin.

Legs aux Musées

Notre confrère Le Journal des Débats nous
donne l'heureuse nouvelle suivante :

« M. Desmottes, l'un des collectionneurs les
plus connus de Paris, vient de mourir dans son
appartement de la place des Vosges; mais il n'a
pas voulu qu'après lui aucun souvenir ne restât,
dans le public, des œuvres d'art qu'il avait ras-
semblées et qu'il montrait si volontiers : il a,
dans son testament, autorisé le Louvre et le musée
de Cluny à choisir dans ses collections, l'un 25,
l'autre 75 pièces. C'est de véritables trésors que
nos deux musées vont s'enrichir : M. DesmoUes
possédait, en effet, quelques-uns des plus beaux
ivoires français connus, de beaux bois sculptés,
des orfèvreries, des émaux cloisonnés et surtout
deux chefs-d'œuvre du treizième siècle en bronze,
dont le seul analogue se trouve dans la collection
du comte I. de Gamondo, également destinée au
Louvre. »

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PETITES EXPOSITIONS

GALERIES DURAND-RU EL

Les opinions des visiteurs de l'exposition
qui a lieu en ce moment dans les galeries
Durand-Ruel seront certainement partagées
et beaucoup la considéreront comme une
nouveauté un peu extravagante et sans len-
demain. Or, ce n'est pas une nouveauté et,
telle qu'elle se présente, cette exposition est
un petit événement artistique et un commen-
cement de consécration des artistes qui y
participent. Pour nous, il y a déjà dix ani
que nous avons eu pour la première fois l'oc-
casion de parler de plusieurs d'entre eux.
Ces peintres avaient alors de vingt à vingt-
cinq ans; il débutaient et étonnaient. Ils des-
cendaient tous des premiers impression-
nistes et, comme il est d'usage chez le public

et dans la critique de qualifier les genres, les
uns, tout occupés des méthodes qui devaient
augmenter la vibration et l'intensité de la
couleur, acceptaient le titre de « pointillistes »
et les autres, soucieux des formes et dési-
reux de donner une signification de pensée
à leurs œuvres, se préparaient à recevoir le
nom de « symbolistes ». Pour les premiers,
Seurat était un guide; pour les seconds,
c'était Gauguin. Cézanne et van Gogh, avaient
aussi leur influence. C'était une époque de
recherches, d'expériences, avec toutes les
audaces et souvent toute la témérité consé-
quentes. Il faut se reporter aux Salons des
Indépendants, de 1886 à 1>92. Cela se passait
dans le Pavillon de la Ville de Paris, près
du Palais de l'Industrie, locaux disparus, et
c'était dans la salle du fond que les peintres
dont nous parlons, les seuls qui méritassent
le nom d'indépendants, avaient élu domicile
pour leurs peintures. Avant d'arriver à eux,
on devaient traverser une enfilade de trois
ou quatre salles, remplies de toiles dérisoires
où perçait l'ambition sans espoir de pauvres
gens dont ce n'était certes pas la tendance
d'art qui les écartait du Salon des Champs-
Elysées.

Après 1892, il y eut des défections parmi
les vrais indépendants et, sauf exceptions,
ce petit salon devint de plus en plus un
salon de refusés médiocres et banals. Pour
un peu de temps, la boutique de Le Barc de
Boutteville, un bon et singulier homme qui
s'accommodait de faire sans bénéfices son
commerce de tableaux, fut un rendez-vous
do ces jeunes peintres. Le Champ-de-Mars
en accueillit plusieurs.

Aujourd'hui, ils se retrouvent chez Du-
rand-Ruel et y gagnent un grand prestige.
Depuis dix ans, les progrès sont considé-
rables. On voit comment chacun s'est per-
sonnalisé et comment la réllexion, l'expé-
rience et le goût ont équilibré leur art. Et,
comme autrefois ils avaient constitué des
groupes, c'est par groupes qu'ils se pré-
sentent. Ce n'est pas toujours le point de
vue artistique qui les rapproche — ou, du
moins, s'il les a rapprochés autrefois, il les
sépare à présent, — mais ce sont des sou-
venirs, une communauté de travail et des
affinités d'indépendance.

Le groupe le plus homogène est celui des
néo-impressionnistes, dits naguère « poin-
tillistes». Los dessins d'Angrand, lumineux,
modelés, simples et tendres, sont remar-
quables. Paul Signac prend une place impor-
tante; ses œuvres ont perdu cet aspect froid,
géométrique et ennuyeux des débuts, alors
que la méthode lui imposait sa tyrannie. Sa
peinture vibre chaudement, s'enveloppe, sa
palette s'enrichit, l'observation gagne, la
nature respire. Brillant dans Capo di Noli
etXes Régales de Marseille, il sait trouver la
note calme et profonde dans le Moulin à
Edam etie Mont Saint-Michel dans la brume.
Théo van Rysselberghe est un peu terne
dans ses portraits de femmes et pas très
original dans ses présentations. H.-E. Cross
est éclatant comme coloriste; son dessin est
toujours un peu antique : voir ses Baigneuses.
 
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