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LA CHRONIQUE DES ARTS
d'Abdèrede Thrace; un écu d'or de Philippe II,
à Tournai ; monnaie de bronze de Garausius;
une intaille en ja>pe rouge ivprftsentant deux
satyres, l'un tirant une épine du pied de son
compagnon; enfin, un bijou byzantin moné-
tifurme en or et émaux cloisonnés ; au centre,
un buste, face d'impératrice, la tète diadé-
mée, un voile descendant sur ses épaules; ce
sujet est en relief, au repoussé; au pourtour,
deux guirlandes de fleurs émaillées, séparées
par une rangée de boutons aussi en émail. Ce
bijou, d'une grande délicatesse de travail, est
un remarquable spécimen d'orfèvrerie byzan-
tine.
Le Musée Carnavalet vient de recevoir
en don, de M. Narischkine, une très belle
toile, Le Bassin d'Apollon à Versailles (1804),
par Hubert Robert, qui fut conservateur du
Louvre sous le Directoire.
D'autre pan, M. Brongniart, inspecteur en
retraite de l'enseignement du dessin, a adressé
à M. Georges Gain, conservateur du Mu.^ée
Carnavalet, toute une série de plans très in-
téressants dressés par son arrière-grand-père
Brongniard, architecte de la Bourse de Paris.
Enfin, le Musée a acheté une petite toile de
Vanloo, représentant le nègre Zamore, attaché
au service personnel de Mme du Barry.
Une Société historique du huitième ar-
rondissement vient de se fonder, grâce à l'ini-
tiative de M. Quentin-Bauchart, conseiller mu-
nicipal, membre de la Commission du Vieux
Paris, et de M. Beurdeley, maire de l'arron-
dissement.
Gréée sur le modèle do nombreuses Sociétés
parisiennes analogues, telles que le Vieux
Montmarlre, la Montagne Sainte-Geneviève,
Auteuil-Passy, etc., elle a nommé présidents
d'honneur, en outre des deux créateurs:
MM. Victorien Sardou, Henry Houssaye, Sully-
Prudhomme, Jules Glaretie, François Garnot.
MUSÉE DU LOUVRE
Plusieurs de nos confrères ont annoncé —
en ajoutant à la nouvelle le ragoût de quel-
ques détails tout à fait fantaisistes — que le
musée du Louvre vient d'acquérir un petit
Christ bénissant, en marbre, de Desiderio
da Settignano. Nous aurons prochainement
l'occasion de revenir sur cette importante
acquisition, que le ministre n'a pas encore
ratifiée. Nous croyons savoir qu'elle sera
exposée dans une des salles du Musée de la
Renaissance, à côté du moulage du Christ
de San Lorenzo. Le public pourra ainsi com-
parer l'original du xv« siècle et la copie de
Eaccio deMontelupo.
Exposition universelle de 1900
jury pour la section de peinture à l'Exposition
de 1900.
MM. Harpignies, Robert-Fleury, Albert Mai-
gnan, Humbert, Tattegrain, Busson, Dawant,
Raphaël Collin, Guillemet, Vayson, Roybet Adan,
Gabriel Ferrier, Dameron ont été élus.
On sait que le jury de peinture se composera
de GG membres: 1° H membres nommés par
l'État ; 2° 14 membres de l'Institut, qui sont :
MM. Bonnat, Bouguereau, Jules Breton, Cormon,
Benjamin-Constant, Détaille, Gérôme, Hébert,
Henner, J.-P. Laurens, Lefebvre, Merson, Morot
et Vollon.
Les 28 autres membres seront fournis par
moitié par les deux Sociétés d'artistes peintres.
Nous donnerons en son temps la liste des jurés
do la Société Nationale des Beaux-Arts.
----i . -■--■
L'Agrandissement et le Remaniement
du Louvre
(Suite) (1)
Il n'y a pas lieu de s'étonner outre mesure
de ce que le Musée de l'art français n'existe
pas encore. On n'en voyait pas la nécessité
sous le régime monarchique ; on en aurait
difficilement conçu le plan avant l'éveil de
la critique historique et du sentiment de la
cohésion nationale. Mais aujourd'hui, l'in-
stant est venu et ne saurait être différé de
regarder, à la fois, en arrière et en avant.
En arrière, il nous semble que l'examen
doit porter sur trois siècles environ ; en
avant, les prévisions devraient embrasser
les Cinquante prochaines années.
Ce Musée d'art français, en effet, que notre
savant collaborateur, M. de Champeaux,
réclamait dans la Gazette dès ItiUG, et pour
lequel nous avons jeté tant de jalons, ce
musée doit surtout comprendre les richesses
nationales des xvn», xvme et xix° siècles.
Les origines, qui sont si rares, à raison des
destructions historiques et si peu représen-
tées au Louvre parce qu'elles composent des
séries presque closes, et parce que le nom-
bre des objets acquérables est un nombre
fini — à moins de dépouiller toute la pro-
vince, — les origines, disons-nous, sont du
domaine de l'archéologie, si l'on nous per-
met d'employer le mot un peu en dehors de
son sens. C'est pour cela qu'elles ont été si.
bien étudiées et classées. Nos archéologues
ont été, et sont encore, la gloire de la science
française ; mais leur zèle s'est évidemment
appliqué au Moyen âge et à la Renaissance
avec plus d'ardeur qu'au siècle de Louis XIV
et c'est justement là où, pour eux, commen-
çaient les temps nouveaux, que doivent
commencer, pour nous, les séries chronolo-
giques à créer.
En d'autres termes, nous ne souhaitons
pas qu'on retire du vieux Louvre tous les
objets français qu'il abrite — ce serait une
absurdité — pour les transférer quelques
La Société des Artistes français a procédé, cette
semaine, à l'élection de quatorze membres du
(1) V. Chronique des Arts du 4 mars 1899.
LA CHRONIQUE DES ARTS
d'Abdèrede Thrace; un écu d'or de Philippe II,
à Tournai ; monnaie de bronze de Garausius;
une intaille en ja>pe rouge ivprftsentant deux
satyres, l'un tirant une épine du pied de son
compagnon; enfin, un bijou byzantin moné-
tifurme en or et émaux cloisonnés ; au centre,
un buste, face d'impératrice, la tète diadé-
mée, un voile descendant sur ses épaules; ce
sujet est en relief, au repoussé; au pourtour,
deux guirlandes de fleurs émaillées, séparées
par une rangée de boutons aussi en émail. Ce
bijou, d'une grande délicatesse de travail, est
un remarquable spécimen d'orfèvrerie byzan-
tine.
Le Musée Carnavalet vient de recevoir
en don, de M. Narischkine, une très belle
toile, Le Bassin d'Apollon à Versailles (1804),
par Hubert Robert, qui fut conservateur du
Louvre sous le Directoire.
D'autre pan, M. Brongniart, inspecteur en
retraite de l'enseignement du dessin, a adressé
à M. Georges Gain, conservateur du Mu.^ée
Carnavalet, toute une série de plans très in-
téressants dressés par son arrière-grand-père
Brongniard, architecte de la Bourse de Paris.
Enfin, le Musée a acheté une petite toile de
Vanloo, représentant le nègre Zamore, attaché
au service personnel de Mme du Barry.
Une Société historique du huitième ar-
rondissement vient de se fonder, grâce à l'ini-
tiative de M. Quentin-Bauchart, conseiller mu-
nicipal, membre de la Commission du Vieux
Paris, et de M. Beurdeley, maire de l'arron-
dissement.
Gréée sur le modèle do nombreuses Sociétés
parisiennes analogues, telles que le Vieux
Montmarlre, la Montagne Sainte-Geneviève,
Auteuil-Passy, etc., elle a nommé présidents
d'honneur, en outre des deux créateurs:
MM. Victorien Sardou, Henry Houssaye, Sully-
Prudhomme, Jules Glaretie, François Garnot.
MUSÉE DU LOUVRE
Plusieurs de nos confrères ont annoncé —
en ajoutant à la nouvelle le ragoût de quel-
ques détails tout à fait fantaisistes — que le
musée du Louvre vient d'acquérir un petit
Christ bénissant, en marbre, de Desiderio
da Settignano. Nous aurons prochainement
l'occasion de revenir sur cette importante
acquisition, que le ministre n'a pas encore
ratifiée. Nous croyons savoir qu'elle sera
exposée dans une des salles du Musée de la
Renaissance, à côté du moulage du Christ
de San Lorenzo. Le public pourra ainsi com-
parer l'original du xv« siècle et la copie de
Eaccio deMontelupo.
Exposition universelle de 1900
jury pour la section de peinture à l'Exposition
de 1900.
MM. Harpignies, Robert-Fleury, Albert Mai-
gnan, Humbert, Tattegrain, Busson, Dawant,
Raphaël Collin, Guillemet, Vayson, Roybet Adan,
Gabriel Ferrier, Dameron ont été élus.
On sait que le jury de peinture se composera
de GG membres: 1° H membres nommés par
l'État ; 2° 14 membres de l'Institut, qui sont :
MM. Bonnat, Bouguereau, Jules Breton, Cormon,
Benjamin-Constant, Détaille, Gérôme, Hébert,
Henner, J.-P. Laurens, Lefebvre, Merson, Morot
et Vollon.
Les 28 autres membres seront fournis par
moitié par les deux Sociétés d'artistes peintres.
Nous donnerons en son temps la liste des jurés
do la Société Nationale des Beaux-Arts.
----i . -■--■
L'Agrandissement et le Remaniement
du Louvre
(Suite) (1)
Il n'y a pas lieu de s'étonner outre mesure
de ce que le Musée de l'art français n'existe
pas encore. On n'en voyait pas la nécessité
sous le régime monarchique ; on en aurait
difficilement conçu le plan avant l'éveil de
la critique historique et du sentiment de la
cohésion nationale. Mais aujourd'hui, l'in-
stant est venu et ne saurait être différé de
regarder, à la fois, en arrière et en avant.
En arrière, il nous semble que l'examen
doit porter sur trois siècles environ ; en
avant, les prévisions devraient embrasser
les Cinquante prochaines années.
Ce Musée d'art français, en effet, que notre
savant collaborateur, M. de Champeaux,
réclamait dans la Gazette dès ItiUG, et pour
lequel nous avons jeté tant de jalons, ce
musée doit surtout comprendre les richesses
nationales des xvn», xvme et xix° siècles.
Les origines, qui sont si rares, à raison des
destructions historiques et si peu représen-
tées au Louvre parce qu'elles composent des
séries presque closes, et parce que le nom-
bre des objets acquérables est un nombre
fini — à moins de dépouiller toute la pro-
vince, — les origines, disons-nous, sont du
domaine de l'archéologie, si l'on nous per-
met d'employer le mot un peu en dehors de
son sens. C'est pour cela qu'elles ont été si.
bien étudiées et classées. Nos archéologues
ont été, et sont encore, la gloire de la science
française ; mais leur zèle s'est évidemment
appliqué au Moyen âge et à la Renaissance
avec plus d'ardeur qu'au siècle de Louis XIV
et c'est justement là où, pour eux, commen-
çaient les temps nouveaux, que doivent
commencer, pour nous, les séries chronolo-
giques à créer.
En d'autres termes, nous ne souhaitons
pas qu'on retire du vieux Louvre tous les
objets français qu'il abrite — ce serait une
absurdité — pour les transférer quelques
La Société des Artistes français a procédé, cette
semaine, à l'élection de quatorze membres du
(1) V. Chronique des Arts du 4 mars 1899.