K° 3. — 1906
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2» Arr.)
20 Janvier.
l.A
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e Conseil municipal est décidément
malhabile à gouverner les ri-
chesses d'art de la Ville. Quand il
possède un palais neuf, comme le
Petit Palais, —peu commode aux expositions
d'ailleurs, — il ne sait que mettre dedans.
Quand il se mêle d'acheter un hôtel histo-
rique, il a l'air d'abord de se réjouir, comme
il arriva pour l'hôtel Lauzun, et tout à coup,
propriétaire désabusé, il se dépossède ;'i la
légère. Lorsqu'enfln il reçoit un joli cadeau
comme Bagatelle, il parait qu'il en éprouve
plus d'embarras que de bonheur ; il cherche à
l'utiliser, prend parti, renonce, se dégage, se
ravise, et finalement revient à son premier
projet.
On découvre sans peine l'inconvénient de
ses procédés. Il y a six mois que les pavillons
de Bagatelle pourraient être utilisés à des
expositions rétrospectives si le Conseil s'était
tenu à sa décision première, où il est revenu
après toutes sortes d'hésitations. Il n'a pas
perdu seulement du temps : il a tenu autour
des destinées de Bagatelle une incertitude qui
lui a nui ; il a découragé pour quelque temps
les générosités qu'il souhaite aujourd'hui ; il
a mécontenté les collectionneurs conviés un
jour à prêter leurs œuvres pour des exposi-
tions, priés ensuite de les garder, invités de
nouveau à vouloir bien s'en dessaisir tempo-
rairement ; il a enfin laissé s'accréditer dans
le public l'idée que Bagatelle était un de ces
endroits où il n'y a rien, et où l'administra-
tion devait un jour mettre quelque chose d'im-
prévisible.
H y a aussi, dans de pareilles incertitudes,
un aveu d'impuissance qui convient mal à
un Conseil administratif. Ce que l'on par-
donne le moins aux pouvoirs responsables,
ce sont les maladies de la volonté. Et, à voir
l'embarras où l'organisation d'un musée et
d'un jardin jette une municipalité, on dirait
qu'elle se trouve en présence do quelque chose
qui lui est tout ;i fait étranger. Faut-il donc
des mois de méditation pour décider do met-
tre des poissons dans un bassin, do faire des
collections de plantes aquatiques et d'orga-
niser une ou plusieurs expositions de ta-
bleaux ? L'affaire de Bagatelle, venant après
celle de l'hôtel Lauzun, donne à penser que
notre municipalité oublie un peu, parmi les
affaires, qu'elle a la charge d'une ville dont
un long passé a fait l'asile traditionnel du
goût.
NOUVELLES
Par arrêté du ministre de l'Instruction
pu blique et des Beaux-Arts en date du 11 jan-
vier, M. Cormon, membre de l'Institut, pro-
fesseur chef d'atelier de peinture à l'Ecole
des Beaux-Arts, a été désigné pour faire
partie, à ce dernier titre, du Conseil supérieur
de l'Enseignement des Beaux-Arls, en rem-
placement de M. Bonnat.
*** Par décret du Président de la Républi-
que en date du 12 janvier 1906, rendu sur le
rapport du ministre de l'Instruction publique
des Beaux-Arts, M. Jean-Baptiste-Antoine
Guillemet, artiste peintre, membre du Conseil
supérieur des Beaux-Arts, est nommé mem-
bre du Conseil dos Musées nationaux.
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du 17 jan-
vier, M. Emile Friant, artiste peintre, a été
nommé professeur de dessin à l'Ecole natio-
BUREAUX : 8, RUE FAVART (2» Arr.)
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Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e Conseil municipal est décidément
malhabile à gouverner les ri-
chesses d'art de la Ville. Quand il
possède un palais neuf, comme le
Petit Palais, —peu commode aux expositions
d'ailleurs, — il ne sait que mettre dedans.
Quand il se mêle d'acheter un hôtel histo-
rique, il a l'air d'abord de se réjouir, comme
il arriva pour l'hôtel Lauzun, et tout à coup,
propriétaire désabusé, il se dépossède ;'i la
légère. Lorsqu'enfln il reçoit un joli cadeau
comme Bagatelle, il parait qu'il en éprouve
plus d'embarras que de bonheur ; il cherche à
l'utiliser, prend parti, renonce, se dégage, se
ravise, et finalement revient à son premier
projet.
On découvre sans peine l'inconvénient de
ses procédés. Il y a six mois que les pavillons
de Bagatelle pourraient être utilisés à des
expositions rétrospectives si le Conseil s'était
tenu à sa décision première, où il est revenu
après toutes sortes d'hésitations. Il n'a pas
perdu seulement du temps : il a tenu autour
des destinées de Bagatelle une incertitude qui
lui a nui ; il a découragé pour quelque temps
les générosités qu'il souhaite aujourd'hui ; il
a mécontenté les collectionneurs conviés un
jour à prêter leurs œuvres pour des exposi-
tions, priés ensuite de les garder, invités de
nouveau à vouloir bien s'en dessaisir tempo-
rairement ; il a enfin laissé s'accréditer dans
le public l'idée que Bagatelle était un de ces
endroits où il n'y a rien, et où l'administra-
tion devait un jour mettre quelque chose d'im-
prévisible.
H y a aussi, dans de pareilles incertitudes,
un aveu d'impuissance qui convient mal à
un Conseil administratif. Ce que l'on par-
donne le moins aux pouvoirs responsables,
ce sont les maladies de la volonté. Et, à voir
l'embarras où l'organisation d'un musée et
d'un jardin jette une municipalité, on dirait
qu'elle se trouve en présence do quelque chose
qui lui est tout ;i fait étranger. Faut-il donc
des mois de méditation pour décider do met-
tre des poissons dans un bassin, do faire des
collections de plantes aquatiques et d'orga-
niser une ou plusieurs expositions de ta-
bleaux ? L'affaire de Bagatelle, venant après
celle de l'hôtel Lauzun, donne à penser que
notre municipalité oublie un peu, parmi les
affaires, qu'elle a la charge d'une ville dont
un long passé a fait l'asile traditionnel du
goût.
NOUVELLES
Par arrêté du ministre de l'Instruction
pu blique et des Beaux-Arts en date du 11 jan-
vier, M. Cormon, membre de l'Institut, pro-
fesseur chef d'atelier de peinture à l'Ecole
des Beaux-Arts, a été désigné pour faire
partie, à ce dernier titre, du Conseil supérieur
de l'Enseignement des Beaux-Arls, en rem-
placement de M. Bonnat.
*** Par décret du Président de la Républi-
que en date du 12 janvier 1906, rendu sur le
rapport du ministre de l'Instruction publique
des Beaux-Arts, M. Jean-Baptiste-Antoine
Guillemet, artiste peintre, membre du Conseil
supérieur des Beaux-Arts, est nommé mem-
bre du Conseil dos Musées nationaux.
*** Par arrêté du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du 17 jan-
vier, M. Emile Friant, artiste peintre, a été
nommé professeur de dessin à l'Ecole natio-