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LA CHRONIQUE DES ARTS
Eejot, Bcurdeley, Laboureur, Mac Laughlan,
Michl, Villon y font œuvre valable d'aquafortistes ;
la renaissance du bois de trait s'affirme avec MM.
Jacques Beltrand, Paul Colin, Amédée Joyau, Cor-
gialegno ; quatre estampes montrent la lithographie
en couleurs s'égalant, parla perfection des moyens
d'expression, à la peinture dans la prochaine série
de M. Henri Rivière : Au vent de noroît. Les gyp-
sographios de M. Pierre Roche {La Solitude sur-
tout) témoignent des recherches d'un goût exquis,
toujours avide d'affinemont. A uae époque où les
livres de haut luxe n'offrent trop souvent avec l'art
que des rapports lointains, la bibliophilie a droit
de tirer quelque vanité do l'illustration de Domi-
nique par M. Leheutreet de celle des Tableaux de
la vie arabe, polychromie avec une discrétion
exemplaire par M. E. A. Dinet.
Sculpture
Dans les Salons libres do printemps ou d'au-
tomne, la sculpture ne tient qu'un rôle effacé et des
refus mémorables ont appris à quel point la moin-
dre velléité d'originalité est pour déconcerter ou
irriter le jury de l'ancienne Société. La cadette,
dont M. Auguste Rodin est le meilleur soutien, est
donc devenue l'asile international de la sculpture
émancipée ; aussi bien l'art de Rodin, outre sa va-
leur propre, contient-il en soi les éléments dos
plus fortes leçons; do leurs enseignements est
issue mainte ligure significative : La Volonté dans
la science, de M. Bourdellc; la Vénus, de M. Lucien
Schnegg et à la mêmefilietion glorieuse, à la même
interprétation compréhensive du « plan » se ratta-
chent les bustes signés do MM. Halou, Aronson,
René Carrière. La prédominance d'une discipline
commune marque d'un premier trait distinctif
cette section ; elle doit encore son intérêt à la
présence du buste do M. Dampt, de la fontaine
de M. Pierre Roche, de la L.ouise Michel, de M.
Derré, do la Jeune fille qui se coiffe, de M. Bar-
tholomé, du groupe si traditionnellement français
de La Bacchante et le Satyre, par M. Injalbert,
ainsi qu'à l'importance dévolue à la petite sculpture.
Le regret vient seulement de devant les figurines de
M. Carabin et de M. Dejean, M. Fix Masseau et de
M11" Poupelet, de M. Voulût et de M. Ruth Milles,
devant les Chats et les Grenouilles de M. Steinlen
et de M"'" Marie Gautier, que l'on n'ait pas pris
soin de présenter comme il convenait des ouvra-
ges qui réclamaient des emplacements moins
vastes, plus intimes, mieux appropriés à l'échelle
et au format do leurs dimensions réduites.
Objets d'art
La Société Nationale fut la première, voici quel-
que quinze ans, à revendiquer en faveur du beau
utile et à lui faire place dans les expositions. Nulle
initiative ne fut de plus grande conséquence, et
pourtant il s'en faut que l'extension du départe-
ment nouveau soit venue répondre à l'espoir fondé
et même au développement général des arts d'ap-
plication. D'où vient, si ce n'est que certains pri-
rent ombrage du succès, si ce n'est aussi que la
disparition d'un maître tel qu'Emile Galle laisse
un vide que rien ne saurait combler ? A coup sûr
il est doux d'applaudir au désir do renouvellement
d'un Albert Dammouso, d'un Auguste Delaherche,
en constante recherche et en constants progrès; per-
sonne non plus no demeurera insensible au charme
d'un émail de M. Grandhomme ou do M. Hirtz,
d'une dinanderie de M. Bonvallet ou do M. Gallerey,
d'une tapisserie de M"" Fridâ llansen, d'une broderie
do M™0 Ory-Robin, d'une orfèvrerie de M. Bocquct
ou de M. Monod ; mais telle qu'elle se présente cette
fois, la section, prise dans son ensemble, n'offre
plus que des éléments d'information restreints, in-
complets; c'est à peine si les envois de MM. Sel-
mersheim, Gaillard, Dufrêne, Lucet, permettent de
s'initier au grand effort, en cet instant même réalisé,
pour la régénération du mobilier, - du mobilier à
bon marché surtout. C'est aux vitrines des collec-
tionneurs que sont destinés les grès de M. Bigot, les
poteries sablonneuses de M. Lenoble, la gourde et
les plateaux amoureusement ciselés dans la matière
ligneuseparM. Desbois, par M.Hestaux. Les cuivres
ajourés de M. Schcidecker trouveraient bien plus
à nous plaire si leur auteur se mettait en quête
de procédés de découpage mécanique propres à en
favoriser la diffusion. Tout compte fait, il n'est guère
ici que M. Etienne Moreau-Nélaton pour songer
à l'objet d'usage accessible à tous et pour se sou-
cier de parer de beauté l'entour do la vie domes-
tique. On aimera ses grès cérames, si francs, si
robustes, où les reliefs s'incorporent si rationnel-
lement au galbe même du vase, et par-dessus
tout nous louche la nouvelle série des images
d'école qui placera demain sous les yeux des tout
petits l'Histoire du pain, contée par un peintre-
poète ami de l'enfance.
Roger Maex.
Institut de France
Séance du 4 avril
Prix. — Les cinq classes de l'Institut réunies
attribuent sur les oO.OOO fr. du prix Debrousse :
5.000 francs à l'Académie des Inscriptions pour
la reproduction dos miniatures de Fouquot ;
5.000 francs à l'Académie des Beaux-Arls, répar-
tis comme suit : 1.000 francs pour la restauration
dos monuments antiques par les soins des pen-
sionnaires do Académie de Franco à Rome;
2.000 francs pour les fouilles du Circus maximus,
à Rome (M. Bigot, architecte); 2.000 francs pour
travaux do restauration de Sainte-Sophie de
CoEstantinople (M. Prost, architecte).
Legs. — L'assemblé a accepté le legs Pomme-
roux, destiné à l'enrichissement du Musée Condé.
Académie des Inscriptions
Séance du 7 avril
Bon au musée du Louvre. — Le P. Delattre,
correspondant de l'Académie, écrit que, sur le
désir qui lui en a été exprimé par MM. Héron de
Villefosse et Homollc, il consent à céder au musée
du Louvre deux des sarcophages anthiopoïdes qui
ont été exhumés par lui des nécropoles de Car-
tilage, et qui étaient conservés depuis au musée
Lavigerie de Saint-Louis-de-Carthage.
L'un do ces sarcophages représente un prêtre
carthaginois, un rab portant une longue barbe et
revêtu de ses habits sacerdotaux ; l'autre offre la
figure d'une jeune femme drapée, probablement
une prêtresse, qui soulève son voile avec grâce et
qui semble copiée sur une stèle grecque du
iv" siècle.
Ce don viendra compléter, d'une manière tout à
LA CHRONIQUE DES ARTS
Eejot, Bcurdeley, Laboureur, Mac Laughlan,
Michl, Villon y font œuvre valable d'aquafortistes ;
la renaissance du bois de trait s'affirme avec MM.
Jacques Beltrand, Paul Colin, Amédée Joyau, Cor-
gialegno ; quatre estampes montrent la lithographie
en couleurs s'égalant, parla perfection des moyens
d'expression, à la peinture dans la prochaine série
de M. Henri Rivière : Au vent de noroît. Les gyp-
sographios de M. Pierre Roche {La Solitude sur-
tout) témoignent des recherches d'un goût exquis,
toujours avide d'affinemont. A uae époque où les
livres de haut luxe n'offrent trop souvent avec l'art
que des rapports lointains, la bibliophilie a droit
de tirer quelque vanité do l'illustration de Domi-
nique par M. Leheutreet de celle des Tableaux de
la vie arabe, polychromie avec une discrétion
exemplaire par M. E. A. Dinet.
Sculpture
Dans les Salons libres do printemps ou d'au-
tomne, la sculpture ne tient qu'un rôle effacé et des
refus mémorables ont appris à quel point la moin-
dre velléité d'originalité est pour déconcerter ou
irriter le jury de l'ancienne Société. La cadette,
dont M. Auguste Rodin est le meilleur soutien, est
donc devenue l'asile international de la sculpture
émancipée ; aussi bien l'art de Rodin, outre sa va-
leur propre, contient-il en soi les éléments dos
plus fortes leçons; do leurs enseignements est
issue mainte ligure significative : La Volonté dans
la science, de M. Bourdellc; la Vénus, de M. Lucien
Schnegg et à la mêmefilietion glorieuse, à la même
interprétation compréhensive du « plan » se ratta-
chent les bustes signés do MM. Halou, Aronson,
René Carrière. La prédominance d'une discipline
commune marque d'un premier trait distinctif
cette section ; elle doit encore son intérêt à la
présence du buste do M. Dampt, de la fontaine
de M. Pierre Roche, de la L.ouise Michel, de M.
Derré, do la Jeune fille qui se coiffe, de M. Bar-
tholomé, du groupe si traditionnellement français
de La Bacchante et le Satyre, par M. Injalbert,
ainsi qu'à l'importance dévolue à la petite sculpture.
Le regret vient seulement de devant les figurines de
M. Carabin et de M. Dejean, M. Fix Masseau et de
M11" Poupelet, de M. Voulût et de M. Ruth Milles,
devant les Chats et les Grenouilles de M. Steinlen
et de M"'" Marie Gautier, que l'on n'ait pas pris
soin de présenter comme il convenait des ouvra-
ges qui réclamaient des emplacements moins
vastes, plus intimes, mieux appropriés à l'échelle
et au format do leurs dimensions réduites.
Objets d'art
La Société Nationale fut la première, voici quel-
que quinze ans, à revendiquer en faveur du beau
utile et à lui faire place dans les expositions. Nulle
initiative ne fut de plus grande conséquence, et
pourtant il s'en faut que l'extension du départe-
ment nouveau soit venue répondre à l'espoir fondé
et même au développement général des arts d'ap-
plication. D'où vient, si ce n'est que certains pri-
rent ombrage du succès, si ce n'est aussi que la
disparition d'un maître tel qu'Emile Galle laisse
un vide que rien ne saurait combler ? A coup sûr
il est doux d'applaudir au désir do renouvellement
d'un Albert Dammouso, d'un Auguste Delaherche,
en constante recherche et en constants progrès; per-
sonne non plus no demeurera insensible au charme
d'un émail de M. Grandhomme ou do M. Hirtz,
d'une dinanderie de M. Bonvallet ou do M. Gallerey,
d'une tapisserie de M"" Fridâ llansen, d'une broderie
do M™0 Ory-Robin, d'une orfèvrerie de M. Bocquct
ou de M. Monod ; mais telle qu'elle se présente cette
fois, la section, prise dans son ensemble, n'offre
plus que des éléments d'information restreints, in-
complets; c'est à peine si les envois de MM. Sel-
mersheim, Gaillard, Dufrêne, Lucet, permettent de
s'initier au grand effort, en cet instant même réalisé,
pour la régénération du mobilier, - du mobilier à
bon marché surtout. C'est aux vitrines des collec-
tionneurs que sont destinés les grès de M. Bigot, les
poteries sablonneuses de M. Lenoble, la gourde et
les plateaux amoureusement ciselés dans la matière
ligneuseparM. Desbois, par M.Hestaux. Les cuivres
ajourés de M. Schcidecker trouveraient bien plus
à nous plaire si leur auteur se mettait en quête
de procédés de découpage mécanique propres à en
favoriser la diffusion. Tout compte fait, il n'est guère
ici que M. Etienne Moreau-Nélaton pour songer
à l'objet d'usage accessible à tous et pour se sou-
cier de parer de beauté l'entour do la vie domes-
tique. On aimera ses grès cérames, si francs, si
robustes, où les reliefs s'incorporent si rationnel-
lement au galbe même du vase, et par-dessus
tout nous louche la nouvelle série des images
d'école qui placera demain sous les yeux des tout
petits l'Histoire du pain, contée par un peintre-
poète ami de l'enfance.
Roger Maex.
Institut de France
Séance du 4 avril
Prix. — Les cinq classes de l'Institut réunies
attribuent sur les oO.OOO fr. du prix Debrousse :
5.000 francs à l'Académie des Inscriptions pour
la reproduction dos miniatures de Fouquot ;
5.000 francs à l'Académie des Beaux-Arls, répar-
tis comme suit : 1.000 francs pour la restauration
dos monuments antiques par les soins des pen-
sionnaires do Académie de Franco à Rome;
2.000 francs pour les fouilles du Circus maximus,
à Rome (M. Bigot, architecte); 2.000 francs pour
travaux do restauration de Sainte-Sophie de
CoEstantinople (M. Prost, architecte).
Legs. — L'assemblé a accepté le legs Pomme-
roux, destiné à l'enrichissement du Musée Condé.
Académie des Inscriptions
Séance du 7 avril
Bon au musée du Louvre. — Le P. Delattre,
correspondant de l'Académie, écrit que, sur le
désir qui lui en a été exprimé par MM. Héron de
Villefosse et Homollc, il consent à céder au musée
du Louvre deux des sarcophages anthiopoïdes qui
ont été exhumés par lui des nécropoles de Car-
tilage, et qui étaient conservés depuis au musée
Lavigerie de Saint-Louis-de-Carthage.
L'un do ces sarcophages représente un prêtre
carthaginois, un rab portant une longue barbe et
revêtu de ses habits sacerdotaux ; l'autre offre la
figure d'une jeune femme drapée, probablement
une prêtresse, qui soulève son voile avec grâce et
qui semble copiée sur une stèle grecque du
iv" siècle.
Ce don viendra compléter, d'une manière tout à