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LA CHRONIQUE DES ARTS
Berlioz, à qui son âme reconnaissante éleva
un monument magnifique, Rossini, Wagner,
lui ouvraient des palais de lumière peuplés
d'êtres chimériques et gracieux vêtus d'étoffes
impalpables et somptueuses.
Tel apparaît, dans cette manifestation
unique, le noble et délicat esprit que fut
Fantin-Latour. L'exemple de son labeur et
de sa gloire est fertile en leçons fécondes.
Parfait modèle do conscience artistique, il
n'a rien sacrifié de son idéal pour plaire à la
foule ; il n'a pas, non plus, — et ce mérite est
plus rare — forcé le tonpour créer le scandale.
Sa parole mesurée s'est imposée parce qu'il
l'a répétée avec une énergie inlassable et,
comme il n'a pas usé d'artifice pour vaincre,
il triomphe, aujourd'hui, tout entier.
Léon Rosenthal.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 13 mai
Concours de Rome. — Après lecture du procès-
verbal de la précédente séance, sont proclamés
admis au concours définitif pour le grand prix de
composition musicale : 1. M. Marsick, élève de
M. Lenepveu ; 2. M. Gaillard, élève de M. Lenep-
veu; 3. M. Le Boucher, élève do M. Widor, et
d'abord de M. Gabriel Fauré; 4. M. Mazellier,
élève de MM. Lenepveu et Fauré ; 5. M. Dumas,
élève do M. Lenepveu.
Concours. — Il est ensuite donné lecture d'un
télégramme faisant connaître que dans le concours
international institué par M. Carnegie pour l'édifi-
cation à La Haye du palais des Conférences de la
paix, lo 1" prix a été attribué à M. Cordonnier (de
Lille) et lo 2e à M. Marcel (de Paris), tous deux
anciens élève de l'École des Beaux-Arts do Paris.
Six prix ont été décornés. Les concurrents étaient
au nombre de deux cents.
Académie des Inscriptions
Séance du J mai
Les villes romaines de la Gaule. — M. Adrien
Blancbet, bibliothécaire honoraire do la Bibliothè-
que Nationale, fait une communication sur les
villes romaines de la Gaule, aux i" et iv* siècles
de notre ère. M. Blanchet a relevé le périmètre
des murailles de quarante villes, qui peuvent être
classées ainsi par ordre d'importance. On voit
qu'au iv siècle Paris était moins important que
Nantes, Bourges et Bordeaux. Poitiers et Sens
étaient peut être les cités les plus étendues de la
Gaule à cettj époque. Le tableau dresse par
M. Blanchet fournira aux historiens des rensei-
gnements qu'on chercherait vainement dans les
rares auteurs du temps de Constantin.
Communications diverses. — M. Fécamp, biblio-
thécaire de l'Université do Montpellier, signale à
l'Académie un exemplaire d'une ancienne édition
gothique, sans date, des Chroniques de Gar-
gantua.
M. Omont, dans la notice qu'il consacre à ce
document, pense que c'est probablement l'unique
exemplaire actuellement connu de lo première
édition parisienne de ces chroniques, imprimée en
lOOO.
M. F. do Mély présente à l'Académie une tête de
marbre de Paros, qui a été trouvée à Borne au
cours de fouilles faites on 1870, et qui est de l'exé-
cution la plus précieuse. C'est une des répliques
les plus belles du Cupidon de Lysippe. Elle appar-
tient aujourd'hui au comte de Bioncourt, gendre
de la comtesse d'Harcourt.
Séance du 11 mai
L'Influence du théâtre sur la céramique grecque.
— M. Edmond Pottier lit un fragment do son cata-
logue des vases du Louvre, on préparation, où il
étudie l'influence du théâtre sur la céramique
grecque au v* siècle.
11 montre que cette influence clans les vases an-
térieurs aux guerres médiques se manifeste déjà
par une composition plus serrée qui devient une
véritable trilogie et par des attitudes plus pathé-
tiques. Elle so précise surtout dans l'époque qui
suit les guerres médiques et introduit des change-
ments importants dans la disposition des person-
nages et dans leurs costumes. On peut même,
d'après certains vases, so figurer assez exactement
le costume tragique du v* siècle, et voir combien
il est différent de l'ajustement scénique que nous
connaissons surtout par l'art hellénistique.
Un musicographe byzantin du huitième siècle.
— Le P. L. Gheïkho a publié récemment clans Al
Machriq, revue orientale bimensuelle qui parait à
Beyrouth, « le texte arabe de trois traités grecs
perdus sur les orgues ».
Ces trois opuscules qui, paraît-il, offrent un réel
intérêt pour les facteurs d'orgues, portent les titres
suivants, traduits do l'arabe :
« 1" Construction de l'instrument qu'a choisi
Mauristos, instrument dont le son se propage à
soixante milles : 2" confection de l'orgue qui réunit
tous les sons; 3° description dudjonljoul (carillon),
qui, mis en mouvement, produit des sons divers,
tour à tour émouvants et allègres ».
Bans quel pays et vers quelle époque a vécu ce
Mauristos, qui est appelé aussi, suivant d'autres
sources, Myrtos ? M. Ilartwig Doronbourg répond
à ces questions dans une monographie très com-
plète et très détaillée qu'il offre à l'Académie. Dans
le Firhist-al-Ouloum, page 814, Myrtos est appelé
Ar Bouini, « lo Grec », ou plutôt « le Byzantin ».
C'était un médecin grec, mathématicien et artiste.
Or, dans le premier opuscule, l'auteur parle
d'un orgue en cuivre destiné au roi des Francs, et
le P. Chcïkho annote : « Nous ne savons rien du
roi des Francs mentionné ici. » M. Doronbourg
croit pouvoir affirmer qu'il s'agit de Pépin le Bref,
auquel l'empereur Constantin V Copronymo fit pré-
sent, en 757, d'un orgue construit probablement
dans la région de Byzanco, sa capitale. Cet orgue,
le premier qu'on ait vu on France, fut apporté à
Oompiègne, d'après les Annales Einhardi : « Cons-
tanlimis imperator misit Pippino régi multa mu-
nera, inter qux et organum, qux ad eum in
Compendio villa pervenerun', etc. »
L'historien allemand L. Œlsncr a publié d'autres
documents encore sur cette ambassade orientale et
sur les présents qu'elle remit.
Communication. — M. Eugène Lefèvre-Ponlalis
LA CHRONIQUE DES ARTS
Berlioz, à qui son âme reconnaissante éleva
un monument magnifique, Rossini, Wagner,
lui ouvraient des palais de lumière peuplés
d'êtres chimériques et gracieux vêtus d'étoffes
impalpables et somptueuses.
Tel apparaît, dans cette manifestation
unique, le noble et délicat esprit que fut
Fantin-Latour. L'exemple de son labeur et
de sa gloire est fertile en leçons fécondes.
Parfait modèle do conscience artistique, il
n'a rien sacrifié de son idéal pour plaire à la
foule ; il n'a pas, non plus, — et ce mérite est
plus rare — forcé le tonpour créer le scandale.
Sa parole mesurée s'est imposée parce qu'il
l'a répétée avec une énergie inlassable et,
comme il n'a pas usé d'artifice pour vaincre,
il triomphe, aujourd'hui, tout entier.
Léon Rosenthal.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 13 mai
Concours de Rome. — Après lecture du procès-
verbal de la précédente séance, sont proclamés
admis au concours définitif pour le grand prix de
composition musicale : 1. M. Marsick, élève de
M. Lenepveu ; 2. M. Gaillard, élève de M. Lenep-
veu; 3. M. Le Boucher, élève do M. Widor, et
d'abord de M. Gabriel Fauré; 4. M. Mazellier,
élève de MM. Lenepveu et Fauré ; 5. M. Dumas,
élève do M. Lenepveu.
Concours. — Il est ensuite donné lecture d'un
télégramme faisant connaître que dans le concours
international institué par M. Carnegie pour l'édifi-
cation à La Haye du palais des Conférences de la
paix, lo 1" prix a été attribué à M. Cordonnier (de
Lille) et lo 2e à M. Marcel (de Paris), tous deux
anciens élève de l'École des Beaux-Arts do Paris.
Six prix ont été décornés. Les concurrents étaient
au nombre de deux cents.
Académie des Inscriptions
Séance du J mai
Les villes romaines de la Gaule. — M. Adrien
Blancbet, bibliothécaire honoraire do la Bibliothè-
que Nationale, fait une communication sur les
villes romaines de la Gaule, aux i" et iv* siècles
de notre ère. M. Blanchet a relevé le périmètre
des murailles de quarante villes, qui peuvent être
classées ainsi par ordre d'importance. On voit
qu'au iv siècle Paris était moins important que
Nantes, Bourges et Bordeaux. Poitiers et Sens
étaient peut être les cités les plus étendues de la
Gaule à cettj époque. Le tableau dresse par
M. Blanchet fournira aux historiens des rensei-
gnements qu'on chercherait vainement dans les
rares auteurs du temps de Constantin.
Communications diverses. — M. Fécamp, biblio-
thécaire de l'Université do Montpellier, signale à
l'Académie un exemplaire d'une ancienne édition
gothique, sans date, des Chroniques de Gar-
gantua.
M. Omont, dans la notice qu'il consacre à ce
document, pense que c'est probablement l'unique
exemplaire actuellement connu de lo première
édition parisienne de ces chroniques, imprimée en
lOOO.
M. F. do Mély présente à l'Académie une tête de
marbre de Paros, qui a été trouvée à Borne au
cours de fouilles faites on 1870, et qui est de l'exé-
cution la plus précieuse. C'est une des répliques
les plus belles du Cupidon de Lysippe. Elle appar-
tient aujourd'hui au comte de Bioncourt, gendre
de la comtesse d'Harcourt.
Séance du 11 mai
L'Influence du théâtre sur la céramique grecque.
— M. Edmond Pottier lit un fragment do son cata-
logue des vases du Louvre, on préparation, où il
étudie l'influence du théâtre sur la céramique
grecque au v* siècle.
11 montre que cette influence clans les vases an-
térieurs aux guerres médiques se manifeste déjà
par une composition plus serrée qui devient une
véritable trilogie et par des attitudes plus pathé-
tiques. Elle so précise surtout dans l'époque qui
suit les guerres médiques et introduit des change-
ments importants dans la disposition des person-
nages et dans leurs costumes. On peut même,
d'après certains vases, so figurer assez exactement
le costume tragique du v* siècle, et voir combien
il est différent de l'ajustement scénique que nous
connaissons surtout par l'art hellénistique.
Un musicographe byzantin du huitième siècle.
— Le P. L. Gheïkho a publié récemment clans Al
Machriq, revue orientale bimensuelle qui parait à
Beyrouth, « le texte arabe de trois traités grecs
perdus sur les orgues ».
Ces trois opuscules qui, paraît-il, offrent un réel
intérêt pour les facteurs d'orgues, portent les titres
suivants, traduits do l'arabe :
« 1" Construction de l'instrument qu'a choisi
Mauristos, instrument dont le son se propage à
soixante milles : 2" confection de l'orgue qui réunit
tous les sons; 3° description dudjonljoul (carillon),
qui, mis en mouvement, produit des sons divers,
tour à tour émouvants et allègres ».
Bans quel pays et vers quelle époque a vécu ce
Mauristos, qui est appelé aussi, suivant d'autres
sources, Myrtos ? M. Ilartwig Doronbourg répond
à ces questions dans une monographie très com-
plète et très détaillée qu'il offre à l'Académie. Dans
le Firhist-al-Ouloum, page 814, Myrtos est appelé
Ar Bouini, « lo Grec », ou plutôt « le Byzantin ».
C'était un médecin grec, mathématicien et artiste.
Or, dans le premier opuscule, l'auteur parle
d'un orgue en cuivre destiné au roi des Francs, et
le P. Chcïkho annote : « Nous ne savons rien du
roi des Francs mentionné ici. » M. Doronbourg
croit pouvoir affirmer qu'il s'agit de Pépin le Bref,
auquel l'empereur Constantin V Copronymo fit pré-
sent, en 757, d'un orgue construit probablement
dans la région de Byzanco, sa capitale. Cet orgue,
le premier qu'on ait vu on France, fut apporté à
Oompiègne, d'après les Annales Einhardi : « Cons-
tanlimis imperator misit Pippino régi multa mu-
nera, inter qux et organum, qux ad eum in
Compendio villa pervenerun', etc. »
L'historien allemand L. Œlsncr a publié d'autres
documents encore sur cette ambassade orientale et
sur les présents qu'elle remit.
Communication. — M. Eugène Lefèvre-Ponlalis