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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
au sien, lorsqu'après un mur examen, les premiers pasteurs autorisent un culte? Tout homme
de bonne loi et au courant des choses reconnaîtra quel'Ëglise apporte dans ces questions le
soin le plus scrupuleux, et que dans la recherche des corps saints, Rome suit des règles
traditionnelles où des esprits difficiles ont pu trouver matière à discussion, sans avoir pu en
démontrer l'inexactitude. Que les fidèles attendent donc en paix que l'avenir décide si
les chrétiens sont venus ici les premiers ou les seconds. L'essentiel est que l'on ne regarde
pas comme un signe un certain d'une sépulture chrétienne, une forme de tombeau qui n'a pas
été exclusivement à l'usage des fidèles. Cette erreur de quelques esprits n'a pu provenir que
du manque d'études sérieuses sur ce point, et il importait de la dissiper une bonne fois au
profit de la science des antiquités chrétiennes. Nul n ignore que les juifs de Rome, déjà nom-
breux du temps de Jules César, avaient une catacombe à leur usage au Co//e Rosato, hors de
la porte .Portnensù. On sait aussi la coutume parmi les Hébreux, d'inhumer les cadavres dans
des cavernes (Afùc/ma Rauu Ratra, c. vi. f. 8). Pour ce qui touche la synagogue de Rome,
Benjamin de Tudèle décrit ces souterrains tortueux qui plongent dans le sol à la profondeur
de deux milles (Aringhi Ro?aa saèt. p. 4oi ). Aussi n'est-il pas douteux que les catacombes
chétiennes ne doivent leur origine au juifs convertis à la foi par saint Paul. Si les juifs
ont eu à Rome des catacombes afin de conserver, relativement aux sépultures, leurs usages
orientaux, il est tout simple que d'autres corporations, venues de l'Orient comme les juifs,
aient également disposé leurs tombeaux conformément aux usages de leur patrie; j'ajoute
seulement, et ceci est le point capital, que jamais les chrétiens n'eussent consenti à se servir
d'une catacombe païenne, ni souffert que les restes sacrés des enfants de la foi fussent mêlés
avec ceux des païens ou des juifs. En douter, serait montrer une complète ignorance des
mœurs de l'Eglise primitive. Les souterrains pouvaient se rencontrer; de pareilles rencontres
ont eu lieu plusieurs fois, au témoignage du P. Marchi (Æon. de: cArùf. prûn. p. 5., sqq.);
mais ils ne pouvaient pas se confondre. Loin de contredire ce principe, les lieux dont nous
parlons le confirment. La petite catacombe Sabazienne et Mitlniaque est en effet un endroit à
part, dont le soi est inferieur à celui du cimetière voisin, et dont l'accès avait été interdit
aux fidèles, ainsi que des indices sûrs le font connaître. On remarque, lorsqu'on descend
vers les trois nrcoso/ùnn païens, des trous creusés dans les murs et en face l'un de l'autre,
soit en deçà du tombeau de Yincentius, soit au delà de celui d Aurélius. C'était évidemment
pour recevoir les solives d'une cloison ; au-dessous de ces enfoncements se trouvaient de
gros moellons transportés d'ailleurs. On ne peut douter que ce ne fût pour fermer, même
aux regards, le lieu profané où dormaient les adorateurs des idoles.
RAPHAËL GARRUCCI, S. J.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
au sien, lorsqu'après un mur examen, les premiers pasteurs autorisent un culte? Tout homme
de bonne loi et au courant des choses reconnaîtra quel'Ëglise apporte dans ces questions le
soin le plus scrupuleux, et que dans la recherche des corps saints, Rome suit des règles
traditionnelles où des esprits difficiles ont pu trouver matière à discussion, sans avoir pu en
démontrer l'inexactitude. Que les fidèles attendent donc en paix que l'avenir décide si
les chrétiens sont venus ici les premiers ou les seconds. L'essentiel est que l'on ne regarde
pas comme un signe un certain d'une sépulture chrétienne, une forme de tombeau qui n'a pas
été exclusivement à l'usage des fidèles. Cette erreur de quelques esprits n'a pu provenir que
du manque d'études sérieuses sur ce point, et il importait de la dissiper une bonne fois au
profit de la science des antiquités chrétiennes. Nul n ignore que les juifs de Rome, déjà nom-
breux du temps de Jules César, avaient une catacombe à leur usage au Co//e Rosato, hors de
la porte .Portnensù. On sait aussi la coutume parmi les Hébreux, d'inhumer les cadavres dans
des cavernes (Afùc/ma Rauu Ratra, c. vi. f. 8). Pour ce qui touche la synagogue de Rome,
Benjamin de Tudèle décrit ces souterrains tortueux qui plongent dans le sol à la profondeur
de deux milles (Aringhi Ro?aa saèt. p. 4oi ). Aussi n'est-il pas douteux que les catacombes
chétiennes ne doivent leur origine au juifs convertis à la foi par saint Paul. Si les juifs
ont eu à Rome des catacombes afin de conserver, relativement aux sépultures, leurs usages
orientaux, il est tout simple que d'autres corporations, venues de l'Orient comme les juifs,
aient également disposé leurs tombeaux conformément aux usages de leur patrie; j'ajoute
seulement, et ceci est le point capital, que jamais les chrétiens n'eussent consenti à se servir
d'une catacombe païenne, ni souffert que les restes sacrés des enfants de la foi fussent mêlés
avec ceux des païens ou des juifs. En douter, serait montrer une complète ignorance des
mœurs de l'Eglise primitive. Les souterrains pouvaient se rencontrer; de pareilles rencontres
ont eu lieu plusieurs fois, au témoignage du P. Marchi (Æon. de: cArùf. prûn. p. 5., sqq.);
mais ils ne pouvaient pas se confondre. Loin de contredire ce principe, les lieux dont nous
parlons le confirment. La petite catacombe Sabazienne et Mitlniaque est en effet un endroit à
part, dont le soi est inferieur à celui du cimetière voisin, et dont l'accès avait été interdit
aux fidèles, ainsi que des indices sûrs le font connaître. On remarque, lorsqu'on descend
vers les trois nrcoso/ùnn païens, des trous creusés dans les murs et en face l'un de l'autre,
soit en deçà du tombeau de Yincentius, soit au delà de celui d Aurélius. C'était évidemment
pour recevoir les solives d'une cloison ; au-dessous de ces enfoncements se trouvaient de
gros moellons transportés d'ailleurs. On ne peut douter que ce ne fût pour fermer, même
aux regards, le lieu profané où dormaient les adorateurs des idoles.
RAPHAËL GARRUCCI, S. J.