TROISIÈME TOMBEAU.
53
de Mithras, ies Pères se plaignent que ceux-ci aient singé les chrétiens, et c'est de la sorte
qu'ils expliquent leurs austérités, leurs bains de régénération et leurs symboles de la résur-
rection des corps'.
Mais, tandis que la sainteté était l'essence même du christianisme, et que ses pratiques
comme son langage découlaient du fond des choses, le fond des choses était tel dans les sectes
secrètes venues d'Asie, que les vestiges des rites les plus saints ne pouvaient être que des
emprunts et des apparences. Nous n'avons aucun besoin de rappeler les infâmes mariages
institués par Zoroastre, et qu'Alexandre ne réussit pas à abolir, puisqu ils se célébraient encore
du temps d'Agathias" ; nous n'avons pas à rappeler l'importance donnée aux symboles obscènes
dans les orgies des mystères, nos deux inscriptions suffisent pour réfuter les Julien, les
Jamblique, les métaphysiciens de leur école, et convaincre les sectes orientales d'imposture.
En terminant ces recherches, où nous avons dû donner un si complet démenti au docte
Bottari, nous éprouvons une crainte, celle d'encourir les reproches de quelques catholiques ti-
mides qui se demanderont peut-être si notre thèse ne favorise pas les calomnies souvent répé-
tées au sujet des reliques tirées des catacombes, et s il n'eût pas été mieux d'attendre que ies
fouilles fussent plus avancées et permissent de juger si, dans le souterrain dont il s'agit, ce
sont des païens qui ont envahi une catacombe chrétienne, ou des fossoyeurs chrétiens qui
se sont rencontrés par hasard sur le terrain des idolâtres. Cette question, je l'avoue, ne m a
pas semblé de grande importance, et, engagé de plusieurs endroits à faire connaître ces
mystérieuses peintures, je n ai trouvé ni nécessaire ni même utile de remettre leur publi-
cation à l'époque inconnue et peut-être éloignée où les fouilles seront reprises et complétées.
Quoi qu il en soit de la priorité de la possession du sol, l'existence des tombeaux
païens est indubitable; mais à celui qui verrait ici une occasion de scandale, je dirais qu'on
confondrait à tort avec une question de fait le dogme catholique du culte des saints. Que
telles ou telles reliques exposées à la vénération des fidèles soient réellement les restes
d'hommes en possession du ciel, l'Eglise n'en a jamais fait un article de foi. Est-il un catho-
lique qui ne le sache et qui ne sache aussi en déférer à l'autorité d'un jugement supérieur
^V. Justin. , Dûù. caut TW/yA. , c. 70. — Tertull.,
Apo^oy., c. A7. Nam quia quædam de nostris habent,
eapropter nos comparant iHis... Dum ad nostra conantur
et homines gtoriæ et eioqucntiæ soiius iibidinosi si quid in
sanctis offenderant digestis, exinde regestum ad propria
verterunt, neque satis credentes divinaque quominus in-
terpoiarent. Inventum enim soîummodo Deum non ut
invenerant disputaverunt, etc. Ex eorum semine et nostram
banc novitioiam paraturam viri quidam piis opinionibus ad
phiiosophicas sententias adulteraverant. Uf. c. XVI, Apoê
e/mtê Id. De preMcrap. adv. Aapret. c. AO. Diaboîus ipsas
quoque res sacramentorum divinorum in idolorum mysteriis
æmuiatur. Fingit et ipsa quosdam utique credentes et tide-
îes suos, expiationem debetorum de iavacro repromittit et
sic adhuc initiât Mithræ. Signât iHic in frontibus miiites
suos, ceiebrat et panis obiationem, et imaginent resurrec-
tionis inducit et sub gladio redimit coronam. Quid quod
et summum pontibeem unis nuptiis statuit? Habet et
virgines, habet et continentes.
2 Agathias , L. II. Totç vuv ytyvoys'voiç 7repca:? Tôt?
vïiv. Cf. Brisson, & PeyaoPer-y. Eimenhorst, ùa Ocfa-
vaaam Jfaaaaacaa, ^ XXXI. Hyde,#ùt. reù'y. vef. Per.y.,
c. XXXIV.
53
de Mithras, ies Pères se plaignent que ceux-ci aient singé les chrétiens, et c'est de la sorte
qu'ils expliquent leurs austérités, leurs bains de régénération et leurs symboles de la résur-
rection des corps'.
Mais, tandis que la sainteté était l'essence même du christianisme, et que ses pratiques
comme son langage découlaient du fond des choses, le fond des choses était tel dans les sectes
secrètes venues d'Asie, que les vestiges des rites les plus saints ne pouvaient être que des
emprunts et des apparences. Nous n'avons aucun besoin de rappeler les infâmes mariages
institués par Zoroastre, et qu'Alexandre ne réussit pas à abolir, puisqu ils se célébraient encore
du temps d'Agathias" ; nous n'avons pas à rappeler l'importance donnée aux symboles obscènes
dans les orgies des mystères, nos deux inscriptions suffisent pour réfuter les Julien, les
Jamblique, les métaphysiciens de leur école, et convaincre les sectes orientales d'imposture.
En terminant ces recherches, où nous avons dû donner un si complet démenti au docte
Bottari, nous éprouvons une crainte, celle d'encourir les reproches de quelques catholiques ti-
mides qui se demanderont peut-être si notre thèse ne favorise pas les calomnies souvent répé-
tées au sujet des reliques tirées des catacombes, et s il n'eût pas été mieux d'attendre que ies
fouilles fussent plus avancées et permissent de juger si, dans le souterrain dont il s'agit, ce
sont des païens qui ont envahi une catacombe chrétienne, ou des fossoyeurs chrétiens qui
se sont rencontrés par hasard sur le terrain des idolâtres. Cette question, je l'avoue, ne m a
pas semblé de grande importance, et, engagé de plusieurs endroits à faire connaître ces
mystérieuses peintures, je n ai trouvé ni nécessaire ni même utile de remettre leur publi-
cation à l'époque inconnue et peut-être éloignée où les fouilles seront reprises et complétées.
Quoi qu il en soit de la priorité de la possession du sol, l'existence des tombeaux
païens est indubitable; mais à celui qui verrait ici une occasion de scandale, je dirais qu'on
confondrait à tort avec une question de fait le dogme catholique du culte des saints. Que
telles ou telles reliques exposées à la vénération des fidèles soient réellement les restes
d'hommes en possession du ciel, l'Eglise n'en a jamais fait un article de foi. Est-il un catho-
lique qui ne le sache et qui ne sache aussi en déférer à l'autorité d'un jugement supérieur
^V. Justin. , Dûù. caut TW/yA. , c. 70. — Tertull.,
Apo^oy., c. A7. Nam quia quædam de nostris habent,
eapropter nos comparant iHis... Dum ad nostra conantur
et homines gtoriæ et eioqucntiæ soiius iibidinosi si quid in
sanctis offenderant digestis, exinde regestum ad propria
verterunt, neque satis credentes divinaque quominus in-
terpoiarent. Inventum enim soîummodo Deum non ut
invenerant disputaverunt, etc. Ex eorum semine et nostram
banc novitioiam paraturam viri quidam piis opinionibus ad
phiiosophicas sententias adulteraverant. Uf. c. XVI, Apoê
e/mtê Id. De preMcrap. adv. Aapret. c. AO. Diaboîus ipsas
quoque res sacramentorum divinorum in idolorum mysteriis
æmuiatur. Fingit et ipsa quosdam utique credentes et tide-
îes suos, expiationem debetorum de iavacro repromittit et
sic adhuc initiât Mithræ. Signât iHic in frontibus miiites
suos, ceiebrat et panis obiationem, et imaginent resurrec-
tionis inducit et sub gladio redimit coronam. Quid quod
et summum pontibeem unis nuptiis statuit? Habet et
virgines, habet et continentes.
2 Agathias , L. II. Totç vuv ytyvoys'voiç 7repca:? Tôt?
vïiv. Cf. Brisson, & PeyaoPer-y. Eimenhorst, ùa Ocfa-
vaaam Jfaaaaacaa, ^ XXXI. Hyde,#ùt. reù'y. vef. Per.y.,
c. XXXIV.