ORNEMENTS PEINTS ET SCULPTÉS.
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des scènes et la forme des ouvertures où elles s encadrent. Quand la peinture monumentale
s'émancipe de la tutelle de 1 architecture, la nature des choses la porte à oublier son rôle se-
condaire d ornement accessoire destiné à faire ressortir la disposition générale de l'édifice non
moins qu'à vivifier ses surfaces et le désir d'appeler à soi toute l'attention du spectateur l'cmpê-
chc de tenir compte de l'ensemble. A Noti e-Dame-d Aau, par exemple, dont les verrières sont
connues par la gravure, rien de plus suave que les représentations des mystères de la Sainte-
Vierge; mais en suivant des yeux les détails de chaque scène développée dans les trois haies
dun même fenêtrage, le moyen de supporter sans quelque impatience la vue des meneaux tra-
versant deux fois le tableau dans sa largeur? Ces meneaux étaient dans l'intention de l'archi-
tecte un élément de beauté aussi bien que de force, et le peintre les a transformés en obstacle :
1 unité de 1 œuvre est brisée. Ce n'est pas tout : la hauteur des vides au-dessus des personnages
embarrassait le peintre. Qu'a-t-il imaginé?Une architecture peinte,formant un double emploi
avec les découpures de l'ogive supérieure , ou plutôt en contradiction complète avec l'archi-
tecture réelle, puisque les arcades en accolades, partant des deux extrémités pour se rejoindre
au centre , se trouvent deux fois rompues par les meneaux. Le peintre a beau chercher à sé-
duire mes regards par le jeu des formes et des couleurs, ma raison choquée ne lui pardonne
pas. Une des œuvres les plus importantes de la manufacture de Munich est sans contredit la
décoration du transept sud de l'église de Westminster, construite, on le sait , à la fin du xuU
siècle par Henri Ht. Au lieu d'entrer dans la pensée de l'architecte, le peintre n'a vu dans les
baies allongées que des cadres pour des tableaux de chevalet, et les personnages ont été massés
comme dans une scène vivante. Qu'en résulte-t-il? Que l'œil cherche, en quelque sorte au delà
des ouvertures, la suite des scènes interrompues par les pleins des murs, et que l'élancement
des haies ogivales, ménagé par l'architecte pour donner plus d'élégance à son œuvre, n'offre
plus qu une forme contrariante au spectateur des verrières. Un peintre , architecte et archéo-
logue, aurait compris que les lignes de sa composition devaient obéir à celles de 1 édifice et
mettre celles-ci en valeur. Il eût en conséquence encadré son tableau dans une bordure fleu-
rie modelée sur les profils de l'ouverture; il eût fait ressortir sur des fonds sombres des per-
sonnages composés exprès pour la place; il eût nettement accusé leurs contours pour les faire
mieux saisir à distance, et leur eût donné une attitude plutôt grave que mouvementée et noble
comme le but et le caractère de l'édifice.
L'école anglaise de peinture sur verre devait rester dans les œuvres de peinture savante à
une grande distance de celle de Munich, puisque l'esprit poétique, qui s est toujours si heu-
reusement formulé en Angleterre dans la littérature, la toujours fait avec infiniment moins
de succès depuis la réforme dans les arts du dessin ; mais, quant à la direction, celle que cette
école a reçue de notre regrettable ami Welby Pugin est bien préférable, selon nous, à celle
que l'on a suivie à Munich. L'homme qui a eu l'honneur de faire dans lart de son pays une
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des scènes et la forme des ouvertures où elles s encadrent. Quand la peinture monumentale
s'émancipe de la tutelle de 1 architecture, la nature des choses la porte à oublier son rôle se-
condaire d ornement accessoire destiné à faire ressortir la disposition générale de l'édifice non
moins qu'à vivifier ses surfaces et le désir d'appeler à soi toute l'attention du spectateur l'cmpê-
chc de tenir compte de l'ensemble. A Noti e-Dame-d Aau, par exemple, dont les verrières sont
connues par la gravure, rien de plus suave que les représentations des mystères de la Sainte-
Vierge; mais en suivant des yeux les détails de chaque scène développée dans les trois haies
dun même fenêtrage, le moyen de supporter sans quelque impatience la vue des meneaux tra-
versant deux fois le tableau dans sa largeur? Ces meneaux étaient dans l'intention de l'archi-
tecte un élément de beauté aussi bien que de force, et le peintre les a transformés en obstacle :
1 unité de 1 œuvre est brisée. Ce n'est pas tout : la hauteur des vides au-dessus des personnages
embarrassait le peintre. Qu'a-t-il imaginé?Une architecture peinte,formant un double emploi
avec les découpures de l'ogive supérieure , ou plutôt en contradiction complète avec l'archi-
tecture réelle, puisque les arcades en accolades, partant des deux extrémités pour se rejoindre
au centre , se trouvent deux fois rompues par les meneaux. Le peintre a beau chercher à sé-
duire mes regards par le jeu des formes et des couleurs, ma raison choquée ne lui pardonne
pas. Une des œuvres les plus importantes de la manufacture de Munich est sans contredit la
décoration du transept sud de l'église de Westminster, construite, on le sait , à la fin du xuU
siècle par Henri Ht. Au lieu d'entrer dans la pensée de l'architecte, le peintre n'a vu dans les
baies allongées que des cadres pour des tableaux de chevalet, et les personnages ont été massés
comme dans une scène vivante. Qu'en résulte-t-il? Que l'œil cherche, en quelque sorte au delà
des ouvertures, la suite des scènes interrompues par les pleins des murs, et que l'élancement
des haies ogivales, ménagé par l'architecte pour donner plus d'élégance à son œuvre, n'offre
plus qu une forme contrariante au spectateur des verrières. Un peintre , architecte et archéo-
logue, aurait compris que les lignes de sa composition devaient obéir à celles de 1 édifice et
mettre celles-ci en valeur. Il eût en conséquence encadré son tableau dans une bordure fleu-
rie modelée sur les profils de l'ouverture; il eût fait ressortir sur des fonds sombres des per-
sonnages composés exprès pour la place; il eût nettement accusé leurs contours pour les faire
mieux saisir à distance, et leur eût donné une attitude plutôt grave que mouvementée et noble
comme le but et le caractère de l'édifice.
L'école anglaise de peinture sur verre devait rester dans les œuvres de peinture savante à
une grande distance de celle de Munich, puisque l'esprit poétique, qui s est toujours si heu-
reusement formulé en Angleterre dans la littérature, la toujours fait avec infiniment moins
de succès depuis la réforme dans les arts du dessin ; mais, quant à la direction, celle que cette
école a reçue de notre regrettable ami Welby Pugin est bien préférable, selon nous, à celle
que l'on a suivie à Munich. L'homme qui a eu l'honneur de faire dans lart de son pays une