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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
On trouvera dans la planche H quelques riches détails tirés des verrières romanes des cathé-
drales d'Angers et de Chartres. J'ai ajouté aux larges bordures la décoration des angles résultant
de la juxtaposition des médaillons circulaires.
Les planches III, IV et V rapprochent des bordures et des mosaïques appartenant aux ver-
rières de Chartres. Le propre des mosaïques est de contraster par un ton local plus sombre
avec les bordures qui les entourent et les médaillons dont elles font ressortir la forme, la dis-
position et les scènes.
.1 ai semé dans la planche Vi des bordures isolées, recueillies à Chartres et principalement
dans la claire-voie.
Enhn, lesdeux dernières planches, VII et VIII, présentent deux roses de même style, l'une
du transept nord delà cathédrale de Laon, l'autre de la haute nef de la cathédrale de Chartres.
Pour rendre ces études plus utiles, j'ai rapproché de ces roses un choix de fleurons ornant les
lobes des roses voisines. En effet, si la symétrie exigeait de Part ogival que les fenêtrages fussent
delà même forme dans les travées d'une même nef, une autre loi, moins respectée dans les siè
clés stériles où l'art vit d'imitation, mais de première exigence quand c'est l'heure pour une
race où la poésie surabonde,la loi delà variété exigeait que les décorations intérieures fussent
toutes différentes.
Les roses de ces deux planches sont à mes yeux l'idéal du genre. L'art auquel elles appar-
tiennent a quelquefois été appelé un art de transition. Je ne saurais pour mon compte admet-
tre une expression qui semblerait supposer un développement incomplet, tandis que ce déve-
loppement me paraît plutôt parvenu à ce point précis dans l'histoire d'un art où la force et
la raison s'allient, dans une juste mesure, avec l'élégance et la richesse. Précédemment les
roses architecturales présentaient peu de découpures et tenaient de la pesanteur inhérente
peut-être à la majesté hiératique du style roman. Plus tard, c'est-à-dire sous saint Louis,
les vides se remplissent de meneaux ployés avec la flexibilité du jonc, pour former de capri-
cieuses dentelles et, en même temps que la pierre perd son caractère propre, les profils
des meneaux amincis perdent à distance leur netteté. Ici, au contraire, la pierre accuse sa
nature. Moins épaisse dans l'intérieur de l'encadrement circulaire, parce que la force y
serait inutile, elle s'ouvre en roses assez séparées les unes des autres pour que la conver-
gence des rayons ne puisse pas de loin affaiblir la précision des contours, et ces riantes
fleurs semées dans les massifs sombres se couvrent elles-mêmes, grâce à la peinture sur
verre, de fleurs nouvelles étincelantes d'un inaltérable éclat.
J'omets ici de parler des sujets représentés dans lesdeux roses, parce quils méritent d'être
étudiés à part et confrontés avec d'autres monuments.
Aux ornements empruntés à la peinture sur verre, j'en joins quelques autres pris comme
au hasard dans la sculpture architecturale du moyen âge. Ces ornements, qu'il m'a paru in-
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
On trouvera dans la planche H quelques riches détails tirés des verrières romanes des cathé-
drales d'Angers et de Chartres. J'ai ajouté aux larges bordures la décoration des angles résultant
de la juxtaposition des médaillons circulaires.
Les planches III, IV et V rapprochent des bordures et des mosaïques appartenant aux ver-
rières de Chartres. Le propre des mosaïques est de contraster par un ton local plus sombre
avec les bordures qui les entourent et les médaillons dont elles font ressortir la forme, la dis-
position et les scènes.
.1 ai semé dans la planche Vi des bordures isolées, recueillies à Chartres et principalement
dans la claire-voie.
Enhn, lesdeux dernières planches, VII et VIII, présentent deux roses de même style, l'une
du transept nord delà cathédrale de Laon, l'autre de la haute nef de la cathédrale de Chartres.
Pour rendre ces études plus utiles, j'ai rapproché de ces roses un choix de fleurons ornant les
lobes des roses voisines. En effet, si la symétrie exigeait de Part ogival que les fenêtrages fussent
delà même forme dans les travées d'une même nef, une autre loi, moins respectée dans les siè
clés stériles où l'art vit d'imitation, mais de première exigence quand c'est l'heure pour une
race où la poésie surabonde,la loi delà variété exigeait que les décorations intérieures fussent
toutes différentes.
Les roses de ces deux planches sont à mes yeux l'idéal du genre. L'art auquel elles appar-
tiennent a quelquefois été appelé un art de transition. Je ne saurais pour mon compte admet-
tre une expression qui semblerait supposer un développement incomplet, tandis que ce déve-
loppement me paraît plutôt parvenu à ce point précis dans l'histoire d'un art où la force et
la raison s'allient, dans une juste mesure, avec l'élégance et la richesse. Précédemment les
roses architecturales présentaient peu de découpures et tenaient de la pesanteur inhérente
peut-être à la majesté hiératique du style roman. Plus tard, c'est-à-dire sous saint Louis,
les vides se remplissent de meneaux ployés avec la flexibilité du jonc, pour former de capri-
cieuses dentelles et, en même temps que la pierre perd son caractère propre, les profils
des meneaux amincis perdent à distance leur netteté. Ici, au contraire, la pierre accuse sa
nature. Moins épaisse dans l'intérieur de l'encadrement circulaire, parce que la force y
serait inutile, elle s'ouvre en roses assez séparées les unes des autres pour que la conver-
gence des rayons ne puisse pas de loin affaiblir la précision des contours, et ces riantes
fleurs semées dans les massifs sombres se couvrent elles-mêmes, grâce à la peinture sur
verre, de fleurs nouvelles étincelantes d'un inaltérable éclat.
J'omets ici de parler des sujets représentés dans lesdeux roses, parce quils méritent d'être
étudiés à part et confrontés avec d'autres monuments.
Aux ornements empruntés à la peinture sur verre, j'en joins quelques autres pris comme
au hasard dans la sculpture architecturale du moyen âge. Ces ornements, qu'il m'a paru in-