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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE,
pagne, en Allemagne, en Angleterre et ailleurs. Le juin de la même année, dans une
lettre au sujet du traité d'alliance offensive et défensive proposé par les ambassadeurs du
roi de France à ceux de Liège, Dinant demandait que cette alliance ne fût point hostile
aux Anglais, attendu que ses citoyens « depuis trois siéc/es et p/us jouissent en Angleterre des
« mêmes privilèges et franchises que les villes de la hanse d'Allemagne; qu'ils y exportent
« toutes sortes de marchandises, comme batterie, mercerie, etc., pour lesquelles ils payent
" gabelles moins fortes que les étrangers et les Anglais eux-mêmes. " Mais alors l'opu-
lence des Dinantais touchait à sa fin: fiers de leurs richesses et de leurs bonnes murailles,
un peu trop confiants aussi en la parole du politique Louis XI, ils s'attirèrent le courroux du
terrible Charles-le-Téméraire; et le pillage de leur ville, en ^66, fut une des exécutions les
plus cruelles qui signalèrent les vengeances de ce prince impitoyable. C'est assez dire que
les massacres et la dévastation y furent poussés aux derniers termes; aussi les commerçants
et les ouvriers en de cuivre qui purent échapper aux farouches soudoyers du duc
de Bourgogne, se réfugièrent au loin, et plusieurs transportèrent en Angleterre l'industrie
qui avait fait fleurir leur cité b Quoi qu'il en soit, nous avons dans la lettre de juin i/j.65
une sorte de testament des malheureux Dinantais qui établissent comme chose notoire que
la renommée de la dinanterie (ou dinanderie) remontait pour le moins au xif siècle; et
l'œuvre de Lambert Patras fait bien voir qu'à cette époque reculée la èaMene ou la fonderie
dinantaise nen était plus à son berceau. Les Italiens, qui n'ont pas toujours été très-mi-
nutieux en fait de géographie, peuvent donc fort bien avoir eu en vue les rives de la
Meuse lorsque vers le xF siècle un de leurs poètes disait, en vantant les beaux ouvrages de
cuivre jaune importés en Italie par les Alpes * :
O Germania gloriosa,
Tu vasa ex aurichaico
Ad nos subinde mittis. H
La vue de la gravure et les vers du Liégeois contemporain de Lambert subiraient absolu-
ment pour se rendre fort bien compte des fonts de Saint-Bartbélémi ; ajoutons que la cuve a
de diamètre total, à la moulure supérieure, m. i,o3
hauteur.m. 0,626.
Ainsi elle aurait pu servir aisément pour le baptême par immersion.
* E. C. de Geriachc, ê rà.
Les beaux chandeliers et ie iutrin de Tongres-Notre-
Dame (près de Chièvresen Hainaut), que signait Jehan
Jozes de Dinant, en 1372, montrent que l'art n'avait pas
cessé d'inspirer le êo/z we^tzerde /%&zMerz'e. Mais, à partir
du règne de Charles-le-Téméraire, des ouvrages assez
remarquables en cuivre jaune fondu ou battu que l'on
rencontre encore dans plusieurs églises de la Belgique (par
exemple, un lutrin à Chièvres), semblent avoir été exécutés
dans des ateliers de Bruges et d'autres cités enrichies peut-
être du désastre de Dinant. Un homme plus au fait que
moi des curiosités de Belgique, en citerait bien d'autres.
^ Cf. J. Chr. AV. Augusti, jBeûzYeye zzzr cArzlsd. Azzzz^t-
yesc/zic/zte, t. I, 55.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE,
pagne, en Allemagne, en Angleterre et ailleurs. Le juin de la même année, dans une
lettre au sujet du traité d'alliance offensive et défensive proposé par les ambassadeurs du
roi de France à ceux de Liège, Dinant demandait que cette alliance ne fût point hostile
aux Anglais, attendu que ses citoyens « depuis trois siéc/es et p/us jouissent en Angleterre des
« mêmes privilèges et franchises que les villes de la hanse d'Allemagne; qu'ils y exportent
« toutes sortes de marchandises, comme batterie, mercerie, etc., pour lesquelles ils payent
" gabelles moins fortes que les étrangers et les Anglais eux-mêmes. " Mais alors l'opu-
lence des Dinantais touchait à sa fin: fiers de leurs richesses et de leurs bonnes murailles,
un peu trop confiants aussi en la parole du politique Louis XI, ils s'attirèrent le courroux du
terrible Charles-le-Téméraire; et le pillage de leur ville, en ^66, fut une des exécutions les
plus cruelles qui signalèrent les vengeances de ce prince impitoyable. C'est assez dire que
les massacres et la dévastation y furent poussés aux derniers termes; aussi les commerçants
et les ouvriers en de cuivre qui purent échapper aux farouches soudoyers du duc
de Bourgogne, se réfugièrent au loin, et plusieurs transportèrent en Angleterre l'industrie
qui avait fait fleurir leur cité b Quoi qu'il en soit, nous avons dans la lettre de juin i/j.65
une sorte de testament des malheureux Dinantais qui établissent comme chose notoire que
la renommée de la dinanterie (ou dinanderie) remontait pour le moins au xif siècle; et
l'œuvre de Lambert Patras fait bien voir qu'à cette époque reculée la èaMene ou la fonderie
dinantaise nen était plus à son berceau. Les Italiens, qui n'ont pas toujours été très-mi-
nutieux en fait de géographie, peuvent donc fort bien avoir eu en vue les rives de la
Meuse lorsque vers le xF siècle un de leurs poètes disait, en vantant les beaux ouvrages de
cuivre jaune importés en Italie par les Alpes * :
O Germania gloriosa,
Tu vasa ex aurichaico
Ad nos subinde mittis. H
La vue de la gravure et les vers du Liégeois contemporain de Lambert subiraient absolu-
ment pour se rendre fort bien compte des fonts de Saint-Bartbélémi ; ajoutons que la cuve a
de diamètre total, à la moulure supérieure, m. i,o3
hauteur.m. 0,626.
Ainsi elle aurait pu servir aisément pour le baptême par immersion.
* E. C. de Geriachc, ê rà.
Les beaux chandeliers et ie iutrin de Tongres-Notre-
Dame (près de Chièvresen Hainaut), que signait Jehan
Jozes de Dinant, en 1372, montrent que l'art n'avait pas
cessé d'inspirer le êo/z we^tzerde /%&zMerz'e. Mais, à partir
du règne de Charles-le-Téméraire, des ouvrages assez
remarquables en cuivre jaune fondu ou battu que l'on
rencontre encore dans plusieurs églises de la Belgique (par
exemple, un lutrin à Chièvres), semblent avoir été exécutés
dans des ateliers de Bruges et d'autres cités enrichies peut-
être du désastre de Dinant. Un homme plus au fait que
moi des curiosités de Belgique, en citerait bien d'autres.
^ Cf. J. Chr. AV. Augusti, jBeûzYeye zzzr cArzlsd. Azzzz^t-
yesc/zic/zte, t. I, 55.