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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
On rencontre peut-être plus souvent encore le mot générique de Aucu/us, auquel se joint
fréquemment la qualification de pustoru/ü's ou epheopu/h. Il en est de même du mot cù'qu,
emprunté sans doute au style scriptural. Au mot de Aacu/u correspond, chez les Grecs,
celui de jSaxT-zptoy, employé par Pachymère (1. lî, eh. j5).
Enfin le nom de crocm, qui a donné naissance à celui de crosse, remonte au moins au
RF siècle, puisque, dans une charte de 1086, dans les archives de Saint-Florent, il est
question du Aucuns uAAuû's qui crocû? dici/ur. On trouve dans les anciens auteurs tantôt
croc/ûa, croqua, crocu/a, tantôt crocea, cro&sea, croca, cro^a.
L'étymologie est controversée et peut-être est-elle complexe. T,es premières expressions
c?-oc/na et croqua pourraient, comme on fa pensé, appartenir à la même racine septentrionale
que croc et crocAet, tandis que les dernières nous sembleraient, conformément à l'opinion du
.grammairien Papias, provenir de cruar, en italien crocc. Aujourd'hui encore lesbéquiües
portent, dans le midi de la France, le nom de croce, expression populaire, dit le vieil auteur
de la 7?cfadon des unrac/es de -S. /h'cAarius. Aussi, bien qu'aujourd'hui la crosse indique le bâton
à volute, autrefois il désignait plutôt le bâton en tau, la béquille des malades, dont la forme
est une des formes connues de la croix.
De ce coup d'œil générai jeté sur fhistoirc des crosses, nous tirerons, en finissant, une con-
clusion tout opposée à l'opinion soutenue par Thomassin, Grancolas, Claude de Vert et d'autres
iiturgistes modernes touchant leur origine. D'après eux, cette origine ne serait pas autre que
1 usage des hâtons d'appui (^u.)tentacu/um, rec/matorinm), d'abord simplement permis aux in-
firmes et aux vieillards, et peu à peu devenu général. Lorsque les stalles furent introduites
dans les chœurs, les reedaatonam durent disparaître, et les prélats les auraient seuls con-
servés à titre d'insignes honorifiques. Ce raisonnement pèche par sa hase, s'il est vrai, comme
nous l'avons vu, que le êuctdus était un insigne de l'autorité pastorale dès le VP siècle, et
même dès le V" siècle, tandis que l'usage des rec/mutommi a surtout fleuri durant les siècles
suivants. Sans doute que la crosse pastorale, les tua surtout, ont dû souvent servir d'appui
aux prélats des hautes époques, mais cela sans perdre leur principal caractère. Une critique
plus large cherchera de préférence leur origine dans l'instinct qui a de tout temps porté
les hommes à donner à l'autorité des symboles analogues. Celui-ci, en se modelant sur la
houlette pastorale n'a fait que recevoir l'empreinte d'humilité et de douceur particulière au
christianisme.
L'abbé BARRAUD, CAaaoiae de ReaM^aû.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
On rencontre peut-être plus souvent encore le mot générique de Aucu/us, auquel se joint
fréquemment la qualification de pustoru/ü's ou epheopu/h. Il en est de même du mot cù'qu,
emprunté sans doute au style scriptural. Au mot de Aacu/u correspond, chez les Grecs,
celui de jSaxT-zptoy, employé par Pachymère (1. lî, eh. j5).
Enfin le nom de crocm, qui a donné naissance à celui de crosse, remonte au moins au
RF siècle, puisque, dans une charte de 1086, dans les archives de Saint-Florent, il est
question du Aucuns uAAuû's qui crocû? dici/ur. On trouve dans les anciens auteurs tantôt
croc/ûa, croqua, crocu/a, tantôt crocea, cro&sea, croca, cro^a.
L'étymologie est controversée et peut-être est-elle complexe. T,es premières expressions
c?-oc/na et croqua pourraient, comme on fa pensé, appartenir à la même racine septentrionale
que croc et crocAet, tandis que les dernières nous sembleraient, conformément à l'opinion du
.grammairien Papias, provenir de cruar, en italien crocc. Aujourd'hui encore lesbéquiües
portent, dans le midi de la France, le nom de croce, expression populaire, dit le vieil auteur
de la 7?cfadon des unrac/es de -S. /h'cAarius. Aussi, bien qu'aujourd'hui la crosse indique le bâton
à volute, autrefois il désignait plutôt le bâton en tau, la béquille des malades, dont la forme
est une des formes connues de la croix.
De ce coup d'œil générai jeté sur fhistoirc des crosses, nous tirerons, en finissant, une con-
clusion tout opposée à l'opinion soutenue par Thomassin, Grancolas, Claude de Vert et d'autres
iiturgistes modernes touchant leur origine. D'après eux, cette origine ne serait pas autre que
1 usage des hâtons d'appui (^u.)tentacu/um, rec/matorinm), d'abord simplement permis aux in-
firmes et aux vieillards, et peu à peu devenu général. Lorsque les stalles furent introduites
dans les chœurs, les reedaatonam durent disparaître, et les prélats les auraient seuls con-
servés à titre d'insignes honorifiques. Ce raisonnement pèche par sa hase, s'il est vrai, comme
nous l'avons vu, que le êuctdus était un insigne de l'autorité pastorale dès le VP siècle, et
même dès le V" siècle, tandis que l'usage des rec/mutommi a surtout fleuri durant les siècles
suivants. Sans doute que la crosse pastorale, les tua surtout, ont dû souvent servir d'appui
aux prélats des hautes époques, mais cela sans perdre leur principal caractère. Une critique
plus large cherchera de préférence leur origine dans l'instinct qui a de tout temps porté
les hommes à donner à l'autorité des symboles analogues. Celui-ci, en se modelant sur la
houlette pastorale n'a fait que recevoir l'empreinte d'humilité et de douceur particulière au
christianisme.
L'abbé BARRAUD, CAaaoiae de ReaM^aû.