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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
c'est -à-dire de la couleur que nul autre homme que l'empereur ne pouvait porter, il est pro-
bable que nos deux tissus ont été destinés primitivement à quelqu'un des prédécesseurs de
Constantin;-car le choix des sujets ne permet guère de penser que ces tissus aient pu
servir aux dames.
La composition générale des planches XX, XXI, consiste en des médaillons circulaires joints
à leur rencontre par des enlacements de la bordure, enlacements rendus autant que le paral-
lélisme des vis-à-vis les laissait possibles. On sait que ces médaillons faisaient donner aux robes
le nom de
Gaudent et durntn scutuiis perfundere corpus,
disait des élégants du monde la voix austère de Prudence.
Au milieu du médaillon se voit un quadrige dont le cocher tient des deux mains les rênes
de ses chevaux prêts à s'élancer dans la carrière. Cette carrière est sans aucun doute celle du
cirque et ce sont des serviteurs du cirque qui accourent tenant leur fouet et une couronne.
Si 1 un d eux tient la couronne de la main gauche , il est clair qu'il ne faut 1 attribuer qu'aux
nécessités de la fabrication.
Au-devant du quadrige et sur le bord de l'arène deux personnages, vêtus de la même ma-
nière que les précédents, courbent! épaule sous une énorme corne d'abondance, auprès dun
autel. Les cornes se terminent par des têtes d'animaux d'où s'échappent de petits disques que
1 autel reçoit. Rien assurément de plus commun sur les monuments que la représentation des
courses du cirque; mais c'est pour la première fois peut-être que nous la voyons sur un tissu
existant. Celle-ci ne laisse pas d'ailleurs d'offrir son intérêt particulier.
Le dernier inonumentaliste qui ait, que je sache , traité des cochers du cirque , est Visconti
dans sa Description du musée Pio Cfemenù'no (Milan, ! 820, t. lïï, Pi. 3i, p. 1 5 1), à l'occasion
d un torse d nyùntor. 11 fait remarquer le grand intérêt que doit la statue romaine à la singularité
de son habillement, c'est-à-dire aux courroies rapprochées et enveloppant la tunique à l'endroit
du thorax de manière à former une sorte de cuirasse. Plusieurs antiquaires, ainsi quil le re-
marque, avaient déjà fait observer que cette armure était propre aux cochers du cirque, ce qui
la faisait appeler aur/i/atoria , xf'Mv (Fabretti de col. Traj., p. a5q. Winkelm., etc.). Ces
bandes avaient une double raison d'être : elles facilitaient la respiration de l'u^ùator dans la
rapidité de sa course et servaient à le prémunir tant soit peu en cas de chute. Sans les mo-
numents où nos yeux nous rendent compte de la forme de cette armure que nul ancien n'a
décrite, on aurait toutes les peines du monde à comprendre l'endroit d'une loi de Théodose
où il est dit que les cochers du cirque se reconnaissaient aux rudes plis de leur tunique ruyosù
(Lib. XI, Lex. IV, tit. XI, De s^ectacu/ù). Dans les monuments connus les cochers du
cirque tiennent d une main les rênes et de l'autre le fouet, la palme ou la couronne. Ici la né-
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
c'est -à-dire de la couleur que nul autre homme que l'empereur ne pouvait porter, il est pro-
bable que nos deux tissus ont été destinés primitivement à quelqu'un des prédécesseurs de
Constantin;-car le choix des sujets ne permet guère de penser que ces tissus aient pu
servir aux dames.
La composition générale des planches XX, XXI, consiste en des médaillons circulaires joints
à leur rencontre par des enlacements de la bordure, enlacements rendus autant que le paral-
lélisme des vis-à-vis les laissait possibles. On sait que ces médaillons faisaient donner aux robes
le nom de
Gaudent et durntn scutuiis perfundere corpus,
disait des élégants du monde la voix austère de Prudence.
Au milieu du médaillon se voit un quadrige dont le cocher tient des deux mains les rênes
de ses chevaux prêts à s'élancer dans la carrière. Cette carrière est sans aucun doute celle du
cirque et ce sont des serviteurs du cirque qui accourent tenant leur fouet et une couronne.
Si 1 un d eux tient la couronne de la main gauche , il est clair qu'il ne faut 1 attribuer qu'aux
nécessités de la fabrication.
Au-devant du quadrige et sur le bord de l'arène deux personnages, vêtus de la même ma-
nière que les précédents, courbent! épaule sous une énorme corne d'abondance, auprès dun
autel. Les cornes se terminent par des têtes d'animaux d'où s'échappent de petits disques que
1 autel reçoit. Rien assurément de plus commun sur les monuments que la représentation des
courses du cirque; mais c'est pour la première fois peut-être que nous la voyons sur un tissu
existant. Celle-ci ne laisse pas d'ailleurs d'offrir son intérêt particulier.
Le dernier inonumentaliste qui ait, que je sache , traité des cochers du cirque , est Visconti
dans sa Description du musée Pio Cfemenù'no (Milan, ! 820, t. lïï, Pi. 3i, p. 1 5 1), à l'occasion
d un torse d nyùntor. 11 fait remarquer le grand intérêt que doit la statue romaine à la singularité
de son habillement, c'est-à-dire aux courroies rapprochées et enveloppant la tunique à l'endroit
du thorax de manière à former une sorte de cuirasse. Plusieurs antiquaires, ainsi quil le re-
marque, avaient déjà fait observer que cette armure était propre aux cochers du cirque, ce qui
la faisait appeler aur/i/atoria , xf'Mv (Fabretti de col. Traj., p. a5q. Winkelm., etc.). Ces
bandes avaient une double raison d'être : elles facilitaient la respiration de l'u^ùator dans la
rapidité de sa course et servaient à le prémunir tant soit peu en cas de chute. Sans les mo-
numents où nos yeux nous rendent compte de la forme de cette armure que nul ancien n'a
décrite, on aurait toutes les peines du monde à comprendre l'endroit d'une loi de Théodose
où il est dit que les cochers du cirque se reconnaissaient aux rudes plis de leur tunique ruyosù
(Lib. XI, Lex. IV, tit. XI, De s^ectacu/ù). Dans les monuments connus les cochers du
cirque tiennent d une main les rênes et de l'autre le fouet, la palme ou la couronne. Ici la né-