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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
crura/es jusqu'au haut des cuisses; il semble que ce soit là un équivalent du pantalon que
porte notre petit bronze. fl faut donc que les vêtements adoptés pour les divers jeux aient
varié avec le lieu et le temps. C'est aussi ce qu'indiqueraient les singularités qu'on rencontre
dans ce genre de monuments, comme le montrent les yru^iti de Pompéi. Ainsi je puis, malgré
le défaut d'analogues, classer cette petite figure parmi les monuments des jeux; la palme que
porte sa main gauche, et son vêtement, qui n a rien de civil, en sont une preuve irrécusable;
mais je n oserais pas assurer absolument que ce fut un cocher du cirque, bien que cela me
paraisse très-probable. fl ne me semble pas quon en puisse trouver une raison suffisante dans
cette défense du torse, qui se compose de bandes métalliques au-dessus du AuAAeus.
Notre personnage est barbu. Que les gladiateurs portassent la barbe, Properce le dit,
bien qu'on y ait fait peu d'attention : cela ressort de ses vers(L. IV, 8, 28) :
Qui tlabit immundæ veualia fata saginæ
Vincet ubi erasas barba putlenda gênas.
D'ailleurs, dans les figures de gladiateurs que j ai publiées il y a quelques années (i?ud.
AopoA L. f, p. Vif, 5 , ii), un rétiaire et deux venutores sont barbus; et l'on en trouve un
troisième encore à Pompéi, dans la peinture d'une maison particulière. C'est aussi la descrip-
tion que nous donne Pétrone (S'otyr. c. /jo) d un personnage où les commentateurs croient
reconnaître un veuuior de l'arène : ^urAutus ùiyens, /uscüs cruruAAus a/Aqoius, et uù'cu/a suAoruutus
potymùa, strictoque oenatorio cudro. fi y aurait peut-être d'autres exemples à citer, mais c en
est assez pour mon but.
Ce que j'ai dit jusqu'à présent ne suffirait pas à faire de ce petit bronze un objet fort inté-
ressant; je trouve un sujet d'attention beaucoup plus sérieux dans la coiffure qui garnit sa
tête. A la vérité, les cochers du cirque se voient souvent la tête couverte dans les monuments,
mais non pas comme ici. La coiffure ordinaire est évidemment en bronze (garnie de feutre
à l'intérieur), destinée à protéger le crâne en cas de chute; et est assujettie par des men-
tonnières. ?^otre personnage, au contraire, porte un simple pdeus; et il s'agit de savoir ce
qu'indique une pareille coiffure pour un homme appartenant par profession aux jeux publics.
J'y vois un signe de liberté obtenue par la victoire. Cela rappelle lèdperpdeutus de Pétrone
(c. Q) qui, la veille ayant eu l'avantage sur tous les autres mets du repas, avait été, pour
ainsi dire, congédié et reparaissait sur la table avec le pi/eus : Ffic ^dper cum Aeri summum
comam oindicassetet a coum'cL dimissns, Aocu'e tanqaam A'Aertus m coummum reaertdur. Cornélius
Fronto parle de cet affanchissement accordé en outre de la palme et du prix en argçnt; il
écrit à Marc-Aurèle (Liv. H, ep. I) : S'imdejfacere te repufaîo atque dt'at /aedis uAi cos qui Aesdas
stceuue mtcr/ccccnu, popa/opostuAmte o?mads etmauumdtdis. j'en ai parlé plus au long dans les
qrajfpd de Pompéi ^ et je conclus que ce bronze représente un affranchi des jeux.
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
crura/es jusqu'au haut des cuisses; il semble que ce soit là un équivalent du pantalon que
porte notre petit bronze. fl faut donc que les vêtements adoptés pour les divers jeux aient
varié avec le lieu et le temps. C'est aussi ce qu'indiqueraient les singularités qu'on rencontre
dans ce genre de monuments, comme le montrent les yru^iti de Pompéi. Ainsi je puis, malgré
le défaut d'analogues, classer cette petite figure parmi les monuments des jeux; la palme que
porte sa main gauche, et son vêtement, qui n a rien de civil, en sont une preuve irrécusable;
mais je n oserais pas assurer absolument que ce fut un cocher du cirque, bien que cela me
paraisse très-probable. fl ne me semble pas quon en puisse trouver une raison suffisante dans
cette défense du torse, qui se compose de bandes métalliques au-dessus du AuAAeus.
Notre personnage est barbu. Que les gladiateurs portassent la barbe, Properce le dit,
bien qu'on y ait fait peu d'attention : cela ressort de ses vers(L. IV, 8, 28) :
Qui tlabit immundæ veualia fata saginæ
Vincet ubi erasas barba putlenda gênas.
D'ailleurs, dans les figures de gladiateurs que j ai publiées il y a quelques années (i?ud.
AopoA L. f, p. Vif, 5 , ii), un rétiaire et deux venutores sont barbus; et l'on en trouve un
troisième encore à Pompéi, dans la peinture d'une maison particulière. C'est aussi la descrip-
tion que nous donne Pétrone (S'otyr. c. /jo) d un personnage où les commentateurs croient
reconnaître un veuuior de l'arène : ^urAutus ùiyens, /uscüs cruruAAus a/Aqoius, et uù'cu/a suAoruutus
potymùa, strictoque oenatorio cudro. fi y aurait peut-être d'autres exemples à citer, mais c en
est assez pour mon but.
Ce que j'ai dit jusqu'à présent ne suffirait pas à faire de ce petit bronze un objet fort inté-
ressant; je trouve un sujet d'attention beaucoup plus sérieux dans la coiffure qui garnit sa
tête. A la vérité, les cochers du cirque se voient souvent la tête couverte dans les monuments,
mais non pas comme ici. La coiffure ordinaire est évidemment en bronze (garnie de feutre
à l'intérieur), destinée à protéger le crâne en cas de chute; et est assujettie par des men-
tonnières. ?^otre personnage, au contraire, porte un simple pdeus; et il s'agit de savoir ce
qu'indique une pareille coiffure pour un homme appartenant par profession aux jeux publics.
J'y vois un signe de liberté obtenue par la victoire. Cela rappelle lèdperpdeutus de Pétrone
(c. Q) qui, la veille ayant eu l'avantage sur tous les autres mets du repas, avait été, pour
ainsi dire, congédié et reparaissait sur la table avec le pi/eus : Ffic ^dper cum Aeri summum
comam oindicassetet a coum'cL dimissns, Aocu'e tanqaam A'Aertus m coummum reaertdur. Cornélius
Fronto parle de cet affanchissement accordé en outre de la palme et du prix en argçnt; il
écrit à Marc-Aurèle (Liv. H, ep. I) : S'imdejfacere te repufaîo atque dt'at /aedis uAi cos qui Aesdas
stceuue mtcr/ccccnu, popa/opostuAmte o?mads etmauumdtdis. j'en ai parlé plus au long dans les
qrajfpd de Pompéi ^ et je conclus que ce bronze représente un affranchi des jeux.