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https://doi.org/10.11588/diglit.6028#0124
HN SICIIL II5
mais faits de grandes pierres posant quarrément sur des pi-
liers. Nous trouvâmes, à la surface, de petites colonnes de
décoration intérieure, et au couchant des murailles presque
entières : nous passâmes deux jours encore à mesurer tout
cela. Enfin, nous épuisâmes toutes les ressources que pu-
rent nous fournir les belles ruines d'une des plus belles
villes de la Sicile, et où les arts avoient été portés à leur
perfection. Bâtie par les habitants de Mégare cent ans après
leur propre établissement, toujours rivale de Ségeste, elle
devint la première victime de la vengeance que les Cartha-
ginois tirèrent de la perte de la bataille d'Himere et de la
mort d'Amilcar. Annibal, petit-hls de cet Amilcar, vint,
soixante et dix ans après, mettre le siège devant Sélinonte ;
les habitants se défendirent avec un courage infini. Pen-
dant le siège, les Espagnols, à la solde des Carthaginois >
s'y introduisirent par une brèche. Quelques femmes s'en
étant apperçues, jetterent de grands cris. Les Sélinontins,
croyant la ville prise, abandonnèrent les murailles ; ils se
défendirent cependant jusqu'à la nuit dans les rues, où en-
fin il fallut céder au nombre. La ville fut pillée et brûlée
avec ce qui restoit de Sélinontins. Il seroit possible de ren-
dre dans la vérité le moment du carnage, couvrant d'om-
bres et de flammes tout ce qui n'existe plus, et laissant voir
seulement à la lueur de l'incendie ce qui reste , et les rui-
nes de ce qui est détruit, avec le massacre des Sélinontins,
leurs cadavres mutilés , leurs têtes apportées au général sur
des javelots, les femmes violées, les vieillards et les enfants
écrasés , enfin toutes les horreurs de la guerre faite par des
barbares.
S C IA C C A.
Après avoir épuisé tout le canton , nous partîmes de
Sélinonte au milieu de la nuit, mourant de faim. Nous
mais faits de grandes pierres posant quarrément sur des pi-
liers. Nous trouvâmes, à la surface, de petites colonnes de
décoration intérieure, et au couchant des murailles presque
entières : nous passâmes deux jours encore à mesurer tout
cela. Enfin, nous épuisâmes toutes les ressources que pu-
rent nous fournir les belles ruines d'une des plus belles
villes de la Sicile, et où les arts avoient été portés à leur
perfection. Bâtie par les habitants de Mégare cent ans après
leur propre établissement, toujours rivale de Ségeste, elle
devint la première victime de la vengeance que les Cartha-
ginois tirèrent de la perte de la bataille d'Himere et de la
mort d'Amilcar. Annibal, petit-hls de cet Amilcar, vint,
soixante et dix ans après, mettre le siège devant Sélinonte ;
les habitants se défendirent avec un courage infini. Pen-
dant le siège, les Espagnols, à la solde des Carthaginois >
s'y introduisirent par une brèche. Quelques femmes s'en
étant apperçues, jetterent de grands cris. Les Sélinontins,
croyant la ville prise, abandonnèrent les murailles ; ils se
défendirent cependant jusqu'à la nuit dans les rues, où en-
fin il fallut céder au nombre. La ville fut pillée et brûlée
avec ce qui restoit de Sélinontins. Il seroit possible de ren-
dre dans la vérité le moment du carnage, couvrant d'om-
bres et de flammes tout ce qui n'existe plus, et laissant voir
seulement à la lueur de l'incendie ce qui reste , et les rui-
nes de ce qui est détruit, avec le massacre des Sélinontins,
leurs cadavres mutilés , leurs têtes apportées au général sur
des javelots, les femmes violées, les vieillards et les enfants
écrasés , enfin toutes les horreurs de la guerre faite par des
barbares.
S C IA C C A.
Après avoir épuisé tout le canton , nous partîmes de
Sélinonte au milieu de la nuit, mourant de faim. Nous