Denon, Dominique Vivant: Voyage en Sicile (Paris, 1788)

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nous étions adressés, ajouta à nos deux campieri un guide,
qui devoit en prendre un autre , que nous trouvâmes en
effet dans notre route , et qui nous conduisit à six milles
encore, au milieu d'un vaste désert, pierreux et inculte ,
où on ne voit que quelques caroubiers épars.

I S P I C A.

C'est au milieu de ce vaste espace, qui paroît une
plaine unie, que, le terrain manquant tout-à-coup , on dé-
couvre une vallée creuse, tortueuse , aussi riche , aussi
abondante en productions, que le reste est aride. Nous des-
cendîmes un sentier périlleux le long delà roche à pic qui
borde cette vallée, dont le fond est à cent pieds du niveau
que l'on vient de quitter. Au bas, une fontaine abon-
dante arrose de grands arbres, et coule dans des canaux
taillés dans le roc ; ce qui donne à ce lieu , situé dans la
partie la plus âpre et la plus brûlée du midi de la Sicile ,
coûte la verdure et la fraîcheur des vues des Alpes en été.
Je jouissois de l'agrément de cette vallée , que je cherchois
encore ce qu'elle avoit d'extraordinaire , lorsqu'exami-
nant de plus près , je vis dans la partie latérale exposée au
midi , partie plus dégradée par les impressions de l'air,
l'intérieur d'une multitude infinie de petites chambres
•r. taillées dans la roche par étages de dix à douze pieds ,
l'une sur l'autre. Je doutai un moment si ce n'étoit pas
an effet de la nature du rocher, qui, par couches plus
ou moins tendres , avoit éprouvé cet ordre de dégra-
iation ; mais je fus bien vite dissuadé , lorsqu'examinant

plus près, je retrouvai l'impression de l'outil clans une
pierre égale de dureté, que je trouvai autant de portes que
ne chambres, et qu'elles étaient toutes de même grandeur,
presque toutes sans communication, avec la même forme,