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https://doi.org/10.11588/diglit.6028#0194
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E» SICILE. l85
ïa vue que celle du midi. Nous vîmes ces riches campa-
gnes arrosées par le fleuve Helorum , aujourd'hui Abisso,
dont les débordements , dit Virgile , ainsi que ceux du
Nil, fertilisent ses bords. Nous appercûmes de loin Avola,
dont le territoire produit le sucre le premier connu de nous
et des anciens.
SYRACUSE.
Dès que nous eûmes doublé le cap Longo, nous décou-
vrîmes Syracuse à six milles de là , qui, bien qu'elle soit
la ville la plus dégénérée en comparaison de son ancienne
splendeur, conserve encore , par la beauté de sa situation,
un caractère imposant; le mouvement de son territoire
est aussi grandiose que la célébrité des événements qui
s'y sont passés. Je me rappellai, en entrant dans son grand
port , les flottes innombrables qu'elle y avoit reçues et
contenues; les batailles des Athéniens données dans son
enceinte;ce peuple d'Africains triomphants qui y avoient
trouvé leur tombeau ; à gauche , la plaine où ils avoient
campé ; à droite , l'isle d'Ortygie, qui est la ville moderne ,
et qui n'étoit autrefois que la forteresse et le château de
Denvs ; au fond , ces riches quartiers de Neapolis , de
Tycha et de l'Achradine, enrichis de temples bâtis par
Hiéron dans le plus beau temps des arts , et par ceux qui
les avoient exercés avec le plus de succès. Toutes ces belles
et grandes idées déchurent bien lorsqu'il fallut aborder à
une chélive baraque appellée le bureau de santé , où une
sotte députation mal peignée et en collet monté vint gra-
vement nous proposer pour lazaret un tertre de dix pas
quarrés sans abri ; terrain qu'il falloit solliciter pour l'obte-
nir , et défendre pour le conserver : mais comme tout paroît
bon pour qui vient d'échapper au naufrage , nous nous
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E» SICILE. l85
ïa vue que celle du midi. Nous vîmes ces riches campa-
gnes arrosées par le fleuve Helorum , aujourd'hui Abisso,
dont les débordements , dit Virgile , ainsi que ceux du
Nil, fertilisent ses bords. Nous appercûmes de loin Avola,
dont le territoire produit le sucre le premier connu de nous
et des anciens.
SYRACUSE.
Dès que nous eûmes doublé le cap Longo, nous décou-
vrîmes Syracuse à six milles de là , qui, bien qu'elle soit
la ville la plus dégénérée en comparaison de son ancienne
splendeur, conserve encore , par la beauté de sa situation,
un caractère imposant; le mouvement de son territoire
est aussi grandiose que la célébrité des événements qui
s'y sont passés. Je me rappellai, en entrant dans son grand
port , les flottes innombrables qu'elle y avoit reçues et
contenues; les batailles des Athéniens données dans son
enceinte;ce peuple d'Africains triomphants qui y avoient
trouvé leur tombeau ; à gauche , la plaine où ils avoient
campé ; à droite , l'isle d'Ortygie, qui est la ville moderne ,
et qui n'étoit autrefois que la forteresse et le château de
Denvs ; au fond , ces riches quartiers de Neapolis , de
Tycha et de l'Achradine, enrichis de temples bâtis par
Hiéron dans le plus beau temps des arts , et par ceux qui
les avoient exercés avec le plus de succès. Toutes ces belles
et grandes idées déchurent bien lorsqu'il fallut aborder à
une chélive baraque appellée le bureau de santé , où une
sotte députation mal peignée et en collet monté vint gra-
vement nous proposer pour lazaret un tertre de dix pas
quarrés sans abri ; terrain qu'il falloit solliciter pour l'obte-
nir , et défendre pour le conserver : mais comme tout paroît
bon pour qui vient d'échapper au naufrage , nous nous
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