— 3
toute apparence, un même personnage figuré d’abord près de sa
femme, puis dans une de ces scènes d’adieux suprêmes souvent signa-
lées sur les tombeaux (i).
Un trait particulier du bas-relief sollicite mon attention.
Sur notre sarcophage, je le répète, et par un fait exceptionnel, un
seul des Dioscures porte la barbe, et si le sculpteur l’a placé auprès
du personnage barbu, tandis que le héros et le jeune homme imberbes
se voient l’un près de l’autre, la cause de cette disposition me paraît
devoir être cherchée dans une coutume familière aux anciens, celle de
diviniser les morts. Je n’ai pas à rappeler ici les apothéoses offi-
cielles dont-on honorait les souverains défunts; c’est devant un monu-
ment privé que nous place le sarcophage d’Arles, et c’est seulement
des divinisations privées, comme celle de Tullia, fille de Cicéron (2),
que je dois m’occuper dès lors.
La représentation du mort sous les traits d’une divinité accompa-
gnait souvent cette marque de pieux regrets, et l’on me permettra de
le montrer par quelques exemples.
Dans le temple de la Vénus Capitoline, se trouvait, au rapport de
Suétone, l’image sculptée d’un enfant de Livie qui l’avait fait repré-
senter en Cupidon (3), et Apulée parle d’une veuve consacrant à son
mari, pour lui rendre les honneurs divins, une statue qui le figu-
rait sous les traits de Bacchus (4). Quelques stèles athéniennes nous
montrent des femmes défuntes avec le costume d’Aphrodite ou de
Itéra, et M. Heuzey a dessiné, en Macédoine, un marbre funéraire
où se détachent les images de deux enfants représentés en Apol-
lon et en Diane (5).
(I) Voir pour les scènes de l’espèce, Clarac,
Musée du Louvre, bas-reliefs, pi. 132, n° 263 ;
Labus, Museo Mantovano, t. I, p. 299, etc. Une
interprétation nouvelle, très-ingénieusement déve-
loppée par M. Ravaisson au t. I01' de ce recueil,
montre dans ces représentations les images des
morts se retrouvant dans le monde élyséen. La
compétence me manque pour me prononcer entre
ce système séduisant et celui qu’on a suivi jusqu’il
ce jour.
(2) Cic., Ad Atticum, XII, 36.
(3) «Cujus effîgiem in aede Capitolinae Veneris
Livia dedicavit » (Suet., in Calig., VII)..
(4) « Imaginem defuncti, quam ad habitum Li-
beri formarat, adfixa servitio, divinis percolens
honoribus » (Metain., lib. VIII, éd. Oudendorp,
t. II, p. Ü27).
(6) Heuzey, Mission de Macédoine, p. 236. Cf.
Cli. Lenormant et J. de Witte, Élite des monu-
ments eéiuimographiqites, t. I, p. 223, 226.
toute apparence, un même personnage figuré d’abord près de sa
femme, puis dans une de ces scènes d’adieux suprêmes souvent signa-
lées sur les tombeaux (i).
Un trait particulier du bas-relief sollicite mon attention.
Sur notre sarcophage, je le répète, et par un fait exceptionnel, un
seul des Dioscures porte la barbe, et si le sculpteur l’a placé auprès
du personnage barbu, tandis que le héros et le jeune homme imberbes
se voient l’un près de l’autre, la cause de cette disposition me paraît
devoir être cherchée dans une coutume familière aux anciens, celle de
diviniser les morts. Je n’ai pas à rappeler ici les apothéoses offi-
cielles dont-on honorait les souverains défunts; c’est devant un monu-
ment privé que nous place le sarcophage d’Arles, et c’est seulement
des divinisations privées, comme celle de Tullia, fille de Cicéron (2),
que je dois m’occuper dès lors.
La représentation du mort sous les traits d’une divinité accompa-
gnait souvent cette marque de pieux regrets, et l’on me permettra de
le montrer par quelques exemples.
Dans le temple de la Vénus Capitoline, se trouvait, au rapport de
Suétone, l’image sculptée d’un enfant de Livie qui l’avait fait repré-
senter en Cupidon (3), et Apulée parle d’une veuve consacrant à son
mari, pour lui rendre les honneurs divins, une statue qui le figu-
rait sous les traits de Bacchus (4). Quelques stèles athéniennes nous
montrent des femmes défuntes avec le costume d’Aphrodite ou de
Itéra, et M. Heuzey a dessiné, en Macédoine, un marbre funéraire
où se détachent les images de deux enfants représentés en Apol-
lon et en Diane (5).
(I) Voir pour les scènes de l’espèce, Clarac,
Musée du Louvre, bas-reliefs, pi. 132, n° 263 ;
Labus, Museo Mantovano, t. I, p. 299, etc. Une
interprétation nouvelle, très-ingénieusement déve-
loppée par M. Ravaisson au t. I01' de ce recueil,
montre dans ces représentations les images des
morts se retrouvant dans le monde élyséen. La
compétence me manque pour me prononcer entre
ce système séduisant et celui qu’on a suivi jusqu’il
ce jour.
(2) Cic., Ad Atticum, XII, 36.
(3) «Cujus effîgiem in aede Capitolinae Veneris
Livia dedicavit » (Suet., in Calig., VII)..
(4) « Imaginem defuncti, quam ad habitum Li-
beri formarat, adfixa servitio, divinis percolens
honoribus » (Metain., lib. VIII, éd. Oudendorp,
t. II, p. Ü27).
(6) Heuzey, Mission de Macédoine, p. 236. Cf.
Cli. Lenormant et J. de Witte, Élite des monu-
ments eéiuimographiqites, t. I, p. 223, 226.