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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Le Blant, Edmond: Lettre à M. Le Baron de Witte sur un sarcopharge chrétien portant l'image des Dioscures
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0011

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— 5 —

Telle est l’histoire du martyre de sainte Eugénie, récit chargé de
circonstances romanesques et bizarres, où je relève un trait sem-
blable à ceux que je viens de signaler.

Il s’agit là d’une jeune fille qui, voulant se consacrer à Dieu, s’en-
fuit de la maison de son père resté païen. Les aruspices, les devins
auxquels on recourt pour la retrouver, répondent par ces mots si
fréquents dans les textes antiques : « Les dieux l’ont enlevée (i) ». On
la croit morte, et le père au désespoir lui consacre une statue d’or
faite à son image et qu’il adore comme celle des immortels (2).

Une pensée semblable a fait représenter, selon moi, dans le bas-
relief d’Arles, le défunt sous les traits des Dioscures, comme on en
honorait d’autres ailleurs sous la figure de Diane, d’Apollon, de
Cupidon, de Bacchus, de Junon, de la Fortune, de Vénus et de l’Es-
pérance. L’anomalie qui nous montre ici d’un aspect et d’un âge dif-
férent les fils jumeaux de Léda, en donne la preuve, si l’on remarque
que le Dioscure et l’homme barbus se trouvent l’un près de l’autre,
tandis que le Dioscure imberbe est placé près du jeune homme sans
barbe. J’incline dès lors à penser que les têtes de ces héros, dieux
funéraires (3), et dont le mythe bien connu offre, comme notre bas-
relief, l’image de l’existence et de la mort, ont été taillées parle scul-
pteur à la ressemblance du défunt ; le Dioscure imberbe symboliserait
l’époux vivant, l’autre ce même personnage qui, descendu au tom-
beau, nous est montré, comme si souvent ailleurs, pressant la main
de sa compagne.

Bien que les personnages soient ici d’une taille un peu courte,
notre marbre n’est pas sans élégance, et je crois pouvoir l’attribuer à
une époque plus ancienne que la plupart des sarcophages des fidèles
d’Arles ; il remonterait ainsi aux premières années du quatrième
siècle.

(1) Burmann, Anthologia, t. II, p. 87, 221,222,
091 ; Marini, Arval'i, p. 822 A, 633 A; Orelli,
nos 4608, 4840, etc. Rapprocher de ces textes les
monuments représentant, par une allusion à la
disparition des défunts, l’enlèvement de Proserpine
et celui de Ganymède.

(2) Surius, 28 decemb. § 13; Rosweyde, Vitae
Patrum, p. 343, Vit a S. Eugeniae, c. 8.

(3) Sur une lampe publiée par S. Bartoli, les
Dioscures sont représentés aux pieds de Pluton
(Lucerne antiche, parte seconda, tav. vm).
 
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