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Lenormant, François: Terres-cuites de Tégée
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47 —
ter du même style. Je ne connais pas d’exemple qui nous offre jus-
qu’ici , parmi les terres-cuites de Tégée, la transformation subie par
ce type de représentation, d’un caractère tout primitif, quand l’art
atteignit à sa perfection.
Il ne faudrait pas, du reste, attacher trop de foi à l’impression de
haute antiquité qu’éveille l’apparence des figurines grossières, et qui
tient à la fois à ce qu’elles conservent fidèlement à la vieille image
sacrée ses formes rudimentaires , sa raideur archaïque, et aussi à ce
qu’elles ont été exécutées par les procédés les plus primitifs, au moyen
d’un modelage sommaire à la main, rehaussé de quelques pastillages
non moins sommaires pour exprimer les bijoux et autres orne-
ments (1). Les terres-cuites les plus rudes et les plus imparfaites des
trouvailles de Tégée, celles qu’à leur aspect on serait d’abord tenté
de reporter aux âges les plus antiques, doivent être contemporaines
de celles qui présentent, au contraire, l’empreinte de l’art arrivé à sa
perfection. Car on rencontre les fragments des deux styles confondus
pêle-mêle dans les mêmes couches de débris. 11 n’y a d’art vraiment
ancien dans ces ex-voto d’Haghios-Sostis que certains fragments de bas-
reliefs dont M. Pervanoglou a donné un spécimen (2), et qui se ren-
contrent seulement à la partie inférieure de l’amoncellement (3). Nous
avons donc, dans les idoles de Déméter, les produits d’une double
fabrication contemporaine : d’un côté ceux d’une imagerie populaire
qui fournissait, pour quelques lepta, aux dévots venus de la cam-
pagne au temple, de petites idoles d’un type traditionnellement immo-
bilisé, pour les déposer comme offrandes votives; de l’autre les œuvres
d’une imagerie perfectionnée, qui avait marché avec le développement
(4) On trouve aussi , parmi les terres-cuites
d’Haghios Sostis, quelques fragments de statuettes
d’Apollon Ivricine au moins aussi.barbares et aussi
rudimentaires que les images les plus grossières
de Déméter ou de Coré. Un échantillon de ce genre
au Musée Britannique, et un autre décrit dans le
Catal. Raifè, n* 992. — A Tégée, tout auprès du
temple de Déméter et de Coré, en était un autre,
où l’on voyait un xoanon doré d’Apollon, œuvre
du Crétois Chirisophos : Pau^an., VIII, 53, 3.
(2) Ouvr. cit. pl. vi, n* 2. — Ce bas-relief, qui
fait partie des collections de la Société Archéolo-
gique d’Athènes, représente sûrement la lutte de
Pelée et d’Atalante, et non, comme l’a cru à tort
M. Pervanoglou, Persée et la Gorgone.
(3) La tète de statuette publiée sous le n° 5
dans la planche du Mémoire de M. Pervanoglou
est aussi d’un style vraiment ancien, mais déjà
plein de science.
ter du même style. Je ne connais pas d’exemple qui nous offre jus-
qu’ici , parmi les terres-cuites de Tégée, la transformation subie par
ce type de représentation, d’un caractère tout primitif, quand l’art
atteignit à sa perfection.
Il ne faudrait pas, du reste, attacher trop de foi à l’impression de
haute antiquité qu’éveille l’apparence des figurines grossières, et qui
tient à la fois à ce qu’elles conservent fidèlement à la vieille image
sacrée ses formes rudimentaires , sa raideur archaïque, et aussi à ce
qu’elles ont été exécutées par les procédés les plus primitifs, au moyen
d’un modelage sommaire à la main, rehaussé de quelques pastillages
non moins sommaires pour exprimer les bijoux et autres orne-
ments (1). Les terres-cuites les plus rudes et les plus imparfaites des
trouvailles de Tégée, celles qu’à leur aspect on serait d’abord tenté
de reporter aux âges les plus antiques, doivent être contemporaines
de celles qui présentent, au contraire, l’empreinte de l’art arrivé à sa
perfection. Car on rencontre les fragments des deux styles confondus
pêle-mêle dans les mêmes couches de débris. 11 n’y a d’art vraiment
ancien dans ces ex-voto d’Haghios-Sostis que certains fragments de bas-
reliefs dont M. Pervanoglou a donné un spécimen (2), et qui se ren-
contrent seulement à la partie inférieure de l’amoncellement (3). Nous
avons donc, dans les idoles de Déméter, les produits d’une double
fabrication contemporaine : d’un côté ceux d’une imagerie populaire
qui fournissait, pour quelques lepta, aux dévots venus de la cam-
pagne au temple, de petites idoles d’un type traditionnellement immo-
bilisé, pour les déposer comme offrandes votives; de l’autre les œuvres
d’une imagerie perfectionnée, qui avait marché avec le développement
(4) On trouve aussi , parmi les terres-cuites
d’Haghios Sostis, quelques fragments de statuettes
d’Apollon Ivricine au moins aussi.barbares et aussi
rudimentaires que les images les plus grossières
de Déméter ou de Coré. Un échantillon de ce genre
au Musée Britannique, et un autre décrit dans le
Catal. Raifè, n* 992. — A Tégée, tout auprès du
temple de Déméter et de Coré, en était un autre,
où l’on voyait un xoanon doré d’Apollon, œuvre
du Crétois Chirisophos : Pau^an., VIII, 53, 3.
(2) Ouvr. cit. pl. vi, n* 2. — Ce bas-relief, qui
fait partie des collections de la Société Archéolo-
gique d’Athènes, représente sûrement la lutte de
Pelée et d’Atalante, et non, comme l’a cru à tort
M. Pervanoglou, Persée et la Gorgone.
(3) La tète de statuette publiée sous le n° 5
dans la planche du Mémoire de M. Pervanoglou
est aussi d’un style vraiment ancien, mais déjà
plein de science.