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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: [Istar-Sémiramis [vignettes)]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0082

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76 —

qu’une forme de l’Istar assyrienne , à la fois guerrière et lascive (1) ; enfin
que cette forme est spécialement celle que caractérise l’attribut de la colombe (2).
En effet, la légende racontait que Sémiramis , exposée après sa naissance ,
avait été réchauffée et nourrie par les colombes (3), puis qu’elle avait fini sa
vie en se changeant en colombe (4), ajoutant que c’était pour cela que les
Assyriens tenaient cet animal comme sacré. Lucien (5) nous apprend que la
colombe placée sur la tête de la statue mystérieuse du temple d’IIiérapolis ou
Bambyoe, suffisait pour beaucoup à la faire nommer Sémiramis.

Le nom de cette héroïne ou de cette divinité venait , suivant Diodore,
qui lui-même ne fait probablement que se conformer aux dires de Ctésias, du
mot qui dans la langue des Syriens désignait la colombe : ôvop.a 2sp.ï(oap.tv, ônép
È<7zi xaxà Tf}V tâv lûpav chàXsxxov T:upavo[iaGp.éJov àrco tov itepioz.epâv. Ce rensei-
gnement a fort embarrassé les commentateurs, car il ne cadrait naturellement
avec aucun des noms connus de la colombe en hébreu, en syriaque ou en
arabe. Les étymologies proposées par Bocbart (6) et par Dalberg (7) étaient
tout à fait inadmissibles. Aussi, comme Movers (8), me suis-je laissé entraî-
ner (9) à m’écarter complètement des indications de Diodore et à comparer
2£fjuoa1uiç au nom propre biblique moi’m, ce qu’avait déjà proposé Jacques Capelle
au xvie siècle et ce qu’a fait aussi Gesenius. Sémiramis aurait été dans ce cas une
personnification du dût, du nom divin, envisagé par les Sémites comme une hypos-
tase distincte (10). Mais c’était là une abstraction bien raffinée, qui se trouve

(1) Il y a des rapprochements fort imporlants
que je ne pouvais pas faire il y a six ans, et qui
maintenant viennent encore confirmer cette donnée
d’une manière très-frappante. Sémiramis, dit la
légende, mettait à mort ses nombreux amants
après avoir assouvi sa passion (Diod. Sic., Il, I l ;
Otés. ap. Johan. Antioch., dans Cramer, Anecd.
Paris., t. II, p. 386; Syncell., p. 6i, c), et dans le
nombre on comptait un cheval (Jub. ap. Plin.,
Hist. nat., VII, 42,61). Dans la sixième tablette de
l’épopée orchoéaienne d'Izdhubar (Cuneif. inscr.
of West. As., t. IV, pl. 48, col. 2 ; G. Smith,
Chaldean account of Genesis, p. 220 ; Sayce, Baby-
lonien literature, p. 29), le héros reproche à Istar
ses amours funestes et énumère les amants dont
elle a causé la perte : après le jeune et beau
Doumouzi ou Tammouz, nous y voyons figurer
l’aigle Allalla, le lion puissant auquel elle a fait
arracher les griffes et les dents, le cheval de guerre,
fils de Silele, le roi qu’elle a changé en léopard et
qui a été dévoré par ses propres chiens, enfin le
jardinier Isoullanou dont elle a fait un tumulus

abandonné dans le désert. Ce dernier trait rappelle
le récit de Ctésias, conservé par Jean d’Antioche,
sur les tertres que Sémiramis laissait partout
comme traces de son passage et qui étaient les
tombeaux de ses amants , d’autres disaient des
généraux de ses armées (Diod. Sic., II, 14).

(2) La légende de Sémiramis, premier mémoire
de mythologie comparative, dans le tome XL des
Mémoires de l'Académie royale de Belgigue.

(3) Diod. Sic., II, 4; cf. Lucian., De deaSyr.,
14; Erathost.. Catasterism., 38; Athenagor.,
Légat, pro Christian., 26; Anonym., De mulier.,
dans Heeren, Bibliothek d. ait. Liter. u. Iïunst,
part. VI, p. 9.

(4) Diod. Sic., II, 20.

(5) De dea Syr., 33.

(6) Canaan, 1. II, c. 12.

(7) Fundgrüben des Orients, t. I, p. 205.

(8) Die Phœnizier, t. 1, p. 652.

(9) A la p. 66 du tirage à part de mon mémoire
sur la Légende de Sémiramis.

(10) V. Vogüé, Mèlang. d’arch. orient., p. 33 et s.
 
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