94 —
tion apportée, que d’un appel fait aux lumières des latinistes; et si je
me suis imprudemment égaré dans ma conjecture, le fait d’avoir
signalé et publié un monument qui n’est pas sans valeur me servira
d’excuse.
Rien n’indique où se trouve le commencement de l’inscription que
je transcrirai ainsi :
SI- PL VS- MISERIS- MINVS- BEBIS- SI MINVS MISERES PLNS- (I) BEBIS (2).
La première pensée de ceux qui ont vu, fort en passant, cette légende
s’est portée vers une invitation à la charité ; dederis leur a paru
pouvoir être suppléé par deux fois dans le texte qui serait, dit-on, in-
terprété comme il suit :
Si plus miseris (dederis) minus bibes ; si minus (dederis) miseris plus
bibes. « Plus tu donneras aux pauvres, moins tu boiras; moins tu
donneras aux pauvres, plus tu boiras ».
Cette explication, je l’avoue, 11e m’a point entièrement satisfait; la
nécessité de suppléer un verbe ne me paraît pas démontrée, et d’ail-
leurs une autre raison tirée de l’étude même des monuments de l’espèce
me fait hésiter à admettre ici l’existence d’une maxime morale.
Quelque part, en effet, que je jette mes regards dans les collections
et dans les livres, je ne trouve sur les vases à boire que des formules
bachiques, des excitations adressées aux buveurs : REPLE, VINVM,
MERVM, BIBE, BIBAMVS, et le mot grec ni€(3), telles sont les paroles
que j’y vois inscrites, et ce serait, pour moi, chose nouvelle et assez
inattendue qu’une inscription de coupe antique invitant à la tempé-
rance. C’est donc dans un antre ordre d’idées que je crois devoir, sauf
erreur, et si notre monument 11e présente pas une légende exception-
nelle, en chercher l’interprétation.
On sait que l’action de jouer aux dés était exprimée, chez les anciens,
par deux mots principaux : « jacere, mittere; de cette dernière façon
(1) PLNS, faute du graveur pour PLVS.
(2) La même lettre servirait de la sorte à la
fin de bebis [bibes) et au début de si.
(3) Voir une longue série de ces légendes dans
une note d'Otto Jabn - Jdhvbüchei des 1 ei eins von
Alterthumsfreunden im Rheinlctnde, t. XIII, p.
106-1 lo, etc.
tion apportée, que d’un appel fait aux lumières des latinistes; et si je
me suis imprudemment égaré dans ma conjecture, le fait d’avoir
signalé et publié un monument qui n’est pas sans valeur me servira
d’excuse.
Rien n’indique où se trouve le commencement de l’inscription que
je transcrirai ainsi :
SI- PL VS- MISERIS- MINVS- BEBIS- SI MINVS MISERES PLNS- (I) BEBIS (2).
La première pensée de ceux qui ont vu, fort en passant, cette légende
s’est portée vers une invitation à la charité ; dederis leur a paru
pouvoir être suppléé par deux fois dans le texte qui serait, dit-on, in-
terprété comme il suit :
Si plus miseris (dederis) minus bibes ; si minus (dederis) miseris plus
bibes. « Plus tu donneras aux pauvres, moins tu boiras; moins tu
donneras aux pauvres, plus tu boiras ».
Cette explication, je l’avoue, 11e m’a point entièrement satisfait; la
nécessité de suppléer un verbe ne me paraît pas démontrée, et d’ail-
leurs une autre raison tirée de l’étude même des monuments de l’espèce
me fait hésiter à admettre ici l’existence d’une maxime morale.
Quelque part, en effet, que je jette mes regards dans les collections
et dans les livres, je ne trouve sur les vases à boire que des formules
bachiques, des excitations adressées aux buveurs : REPLE, VINVM,
MERVM, BIBE, BIBAMVS, et le mot grec ni€(3), telles sont les paroles
que j’y vois inscrites, et ce serait, pour moi, chose nouvelle et assez
inattendue qu’une inscription de coupe antique invitant à la tempé-
rance. C’est donc dans un antre ordre d’idées que je crois devoir, sauf
erreur, et si notre monument 11e présente pas une légende exception-
nelle, en chercher l’interprétation.
On sait que l’action de jouer aux dés était exprimée, chez les anciens,
par deux mots principaux : « jacere, mittere; de cette dernière façon
(1) PLNS, faute du graveur pour PLVS.
(2) La même lettre servirait de la sorte à la
fin de bebis [bibes) et au début de si.
(3) Voir une longue série de ces légendes dans
une note d'Otto Jabn - Jdhvbüchei des 1 ei eins von
Alterthumsfreunden im Rheinlctnde, t. XIII, p.
106-1 lo, etc.