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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Mansell, C. –W.: Les premiers êtres vivants: d'après la tradition chaldéo-babylonienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0138

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— 132 —

les êtres qui étaient en elle disparurent. Ceci est une manière figurée d’exprimer la

production de l’univers et des êtres animés, de la matière humide.Bélos, que les

Grecs expliquent par Zeus(l), ayant divisé les ténèbres, sépara le ciel et la terre, et
ordonna le monde ; et tous les êtres animés qui ne pouvaient pas supporter l’action
delà lumière périrent. Bélos, voyant que la terre était déserte quoique fertile, com-
manda à l’un des dieux de lui couper la tête (2), et pétrissant le sang qui coulait avec
la terre, il façonna les hommes, ainsi que les animaux qui peuvent vivre au contact
de l’air. Ensuite Bélos forma aussi les étoiles, le soleil, la lune et les cinq planètes. »

Tel est le récit cosmogonique recueilli dans les enseignements de l’école sacerdo-
tale de Babylone et de Borsippa par le prêtre chaldéen, qui sous les premiers Séleu-
cides, écrivit en grec les traditions religieuses et l’histoire de son pays. Cette cosmo-
gonie formait, nous dit le fragment lui-même, le sujet des peintures du temple de
Bélos à Babylone , c’est-à-dire d’une des chambres ménagées dans la masse du
E-saggal, de la fameuse pyramide sacrée de la cité royale. Et en effet M. Fr. Lenor-
mant (3) a montré que les types étranges et monstrueux, décrits par l’écrivain comme
ceux des êtres nés dans le sein du chaos, se retrouvaient dès à présent presque tous
dans les représentations des cylindres babyloniens ou assyriens.

Mais chacune des écoles sacerdotales des Chaldéens possédait son récit particulier
des premiers jours de l’univers, et si tous ces récits reposaient sur les mêmes
données fondamentales de doctrine, la forme en était assez différente. Celui de la
Chaldée proprement dite, de .l’école des Orchoéniens, copié par les scribes d’Assour-
banipal (au vne siècle avant notre ère) sur les antiques tablettes cl’Orchoé, et dont les
fragments ont été si heureusement retrouvés par George Smith dans les débris,
transportés à Londres, de la bibliothèque palatine de Ninive (4), s’éloigne considéra-
blement de celui de Babylone pour se rapprocher d’une façon singulière de la narra-
tion biblique. Et cette circonstance est extrêmement remarquable., si l’on songe que
le point de départ de la migration des Térachites fut Our, dans la Chaldée propre-
ment dite, tout auprès d’Ourouk ou Orchoé.

Dans ce récit d’Orchoé, la création du monde est, comme dans la Genèse hébraï-
que, l’œuvre des sept jours; mais au lieu d’être celle d’Elohim, seul dieu, seul maî-
tre, chacun des dieux issus de la mer primordiale, Tiamat, y a successivement sa
part. C’est Sar qui sépare le ciel et la terre et crée le firmament ; la formation et
rétablissement des grands luminaires célestes, au quatrième jour, est l’œuvre de
Bel l’Ancien et de Èa. En qualité de second démiurge, Maroudouk , agent de son
père Ea et obéissant à ses ordres, est l’ordonnateur de la création terrestre, produi-
sant les êtres vivants et en particulier les hommes.

Ceux-ci sont considérés comme, sortis des mains de leur créateur dans un état
d’innocence et de pureté absolue. Ea, le maître de la sagesse, leur porte un intérêt
tout particulier. De même que c’est lui qui veille au bon ordre de la nature entière et

(1) Maroudouk est, en effet, le dieu de la planète
Jupiter. De même que les Grecs l’ont assimilé à
Zeus, ils ont fait un Cronos de sou père Êa.

(2) C’est ainsi que Bel-Maroudouk était un dieu
qui avait passé par la mort et dont on montrait le
tombeau dans la pyramide sacrée de Babylone :
Ctes., Persic., 24 , ed. Bæhr ; Ælian., Var. hist.,
XIV, 3; Oppert, Études assyriennes, p. 63-66. Sur
cette conception, voy. F. Lenormant, Les dieux
de Babylone et de l'Assyrie, p. 23.

(3) Essai de commentaire des fragments cosmo-
goniques de Bérose (Paris, 1871), notes du 1er frag-
ment.

(i) G. Smith, The Chaldean account of Genesis,
Londres, 4876. — Les textes originaux de ces pré-
cieux fragments ont été publiés dans le tome IV
des Transactions of the Society of Biblical archœo-
logy, et dans les Assyrische Lesestiicke de M. Frie-
drich Delitzsch.
 
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