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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Mansell, C. –W.: Les premiers êtres vivants: d'après la tradition chaldéo-babylonienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0140

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Istar décrit ainsi dans l’épopée la sombre région o-u elle va descendre (1) :
J’ouvre mes ailes comme un oiseau;

je descends, je descends vers la demeure de la corruption, le siège du dieu Irkalla (2),
la demeure où l’on entre sans pouvoir sortir,
par le chemin où l’on va sans pouvoir revenir,
dans la demeure dont l’entrée est cachée au jour ,

le lieu où l’on n’a que de la poussière pour apaiser sa faim, de la boue pour nourriture,
où l’on est vêtu, comme les oiseaux, d’un vêtement d’ailes (3),
où l’on ne voit pas la lumière et l’on réside dans les ténèbres.

Dans cette demeure de mon ami, où je vais entrer,
on me garde une couronne

avec ceux qui, portant des couronnes, ont gouverné la terre dans les jours du com-

[mencement,

avec ceux à qui Anou et Bel ont donné un renom terrible,

dont la nourriture était le limon putride, la boisson les eaux troubles (4).

Dans cette demeure de mon ami, où je vais entrer,
habitent les guerriers invaincus,
les bardes et les hommes fameux ;

là habitent aussi les monstres de l’abîme d'où sont sortis les grands dieux;
là est la demeure d’Etana (S), la demeure de Ner.

Un fragment de tablette du Musée Britannique, dont la connaissance est encore
due au toujours regretté George Smith (6), nous fournit quelques versets d’un
troisième récit cosmogonique, qui se rapprochait davantage de celui de Bérose et
entrait dans des détails développés sur les premiers habitants titaniqucs de la terre
non encore sortie de l’état chaotique, ainsi que sur leur destruction par le premier
rayonnement de la lumière du soleil. II nous fait comprendre ce que le passage
qui vient d’être cité entend par les « porteurs de couronnes des jours du commen-
cement, qui n’avaient que des eaux troubles pour boisson ». Le document, dans
son contexte même , est présenté comme ayant été dressé par un roi des âges
mythiques pour être déposé dans le temple de Nergal à Cutha, dans la Babylonie.

cosmique, que nous avons ici, explique comment,
dans une tablette lexicograpbique, t’accadien gis
« arbre » est rangé parmi les expressions méta-
phoriques qui désignent le Ciel : Cuneif. inscr. of
West. As., t. II, pi 50, I. 22, c-d.

(1) G. Smith, Chalcl. account of Genesis, p. 227.

(2) D’après d’autres textes ce dieu Irkalla est un
justicier infernal, qui brûle les méchants de sa
flamme.

(3) On remarquera l’analogie de cette donnée
avec la représentation égyptienne de l'âme par un
oiseau à tète humaine.

(4) Ces eaux troubles sont celles du chaos,
comme l’établit d'une façon positive le morceau
que nous rapportons immédiatement après celui-ci.

(5) Etana est un des premiers monarques post-
diluviens, qui, comme Khasisatra ou Xisuthrus,
régnait à Sourippak; les sept grands Esprits

mauvais appelés Maskin (en assyrien Rabiçi)
étaient soumis à ses ordres, de môme que les Djinns
à ceux de Salomon dans les légendes musulmanes :
vov. Sayce, Babylonian literature, p. 32. C’est lui
que les fragments de Bérose appellent Titan et re-
présentent comme faisant, avec son frère Prométhée
(nous ne connaissons pas encore le vrai nom du
personnage ainsi hellénisé), à Cronos (dans
l’arménien de Moïse de Chorène, Zerovan), c’est-à-
dire à Êi, une gueire (Syncell., p. 44;Euseb.,
Armen. chron., p. 17, ed. Mai; Mos. Cboren., I, 5)
dont le récit se développe ensuite, avec une
quantité d’additions parasites, dans les Oracles
Sibyllins (III, § 2 ; cf. Tertullian., Ad nation.,
II, 12).

(6) Chaldean account of Genesis, p. 102 et suiv. ;
voy. F. Lenormant, Les dieux de Babylone, p. 14 ;
Sayce, Babylonian literature, p. 33.
 
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