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des plus habiles falsificateurs modernes, et l’on ne rencontre pas non plus dans
ses vitrines de ces pièces outrageusement restaurées, rhabillées, comme on n’en
voit que trop'aujourd’hui dans le commerce des antiquités, pièces où souvent il
devient presque impossible de reconnaître avec certitude ce qui est antique et ce
qui ne l’est pas.
Avec une libéralité scientifique dont nous sommes heureux de pouvoir ici lui
exprimer publiquement notre reconnaissance , M. Lécuyer a permis à la direction
de la Gazette archéologique de puiser aussi largement qu’elle voudrait dans
sa collection pour les planches du recueil. Nous userons de cette généreuse per-
mission , et je dirai presque nous en abuserons. Nous ferons passer successive-
ment sous les yeux de nos souscripteurs les pièces les plus remarquables de ce riche
cabinet, auquel nous avons déjà fait plus d’un emprunt, et qui serait digne de
servir de thème à une publication séparée. Aussi la planche que nous donnons
aujourd’hui peut-elle être regardée comme la première de toute une suite à laquelle
notre Gazette devra un intérêt particulier.
L’une des deux statuettes que nous avons réunies dans cette planche est avant
tout remarquable par ses dimensions , qui excèdent les données les plus habituelles
et atteignent environ 40 centimètres de hauteur. Elle l’est également en ce qu’elle
offre un type parfaitement caractérisé d’une fabrique particulière et qui n’est
jusqu’ici représentée que par un très-petit nombre de spécimens , celle des terres-
cuites de Corinthe, localité où elle a été découverte. Cette fabrique, comme on pourra
facilement s’en rendre compte d’après notre photographie, diffère absolument de
la fabrique des terres-cuites de Tanagra, de celles de Thespies ou de Thisbé et de
celles d’Athènes; mais au double point de vue du style d’art et du mode d’exécution
matérielle, les terres-cuites de Corinthe ont une parenté assez étroite avec celles de
Mégare, dont des échantillons ont été donnés dans la Gazette archéologique de 1876,
pl. 15 et vignette de lap. 48.
La représentation n’en est pas douteuse. Personne ne saurait méconnaître une
Aphrodite dans cette déesse aux cheveux noués en crobyle sur le sommet de la tète
et retombant en longues boucles sur les épaules, vêtue d’un chilon double sans
manches et d’un ample himation. Le geste qu’elle fait, en ouvrant et en écartant cet
himation de sa main gauche élevée, a dans les habitudes de Part antique un
caractère éminemment significatif et symbolique. Il importe de ne pas le confondre
avec le geste analogue, mais sensiblement différent, par lequel, dans plusieurs des
célèbres statues de la Galerie de Florence, certains des fils et des filles de Niobé
cherchent à se couvrir d’uu pan de leur manteau contre les flèches divines dont ils
sont poursuivis. Celui de notre Aphrodite corinthienne est incontestablement,
toutes les fois qu'il a été employé dans des images divines ou mythologiques , en
rapport avec une idée d’hiérogamie. C’est ainsi que nous le voyons donné à Coré
des plus habiles falsificateurs modernes, et l’on ne rencontre pas non plus dans
ses vitrines de ces pièces outrageusement restaurées, rhabillées, comme on n’en
voit que trop'aujourd’hui dans le commerce des antiquités, pièces où souvent il
devient presque impossible de reconnaître avec certitude ce qui est antique et ce
qui ne l’est pas.
Avec une libéralité scientifique dont nous sommes heureux de pouvoir ici lui
exprimer publiquement notre reconnaissance , M. Lécuyer a permis à la direction
de la Gazette archéologique de puiser aussi largement qu’elle voudrait dans
sa collection pour les planches du recueil. Nous userons de cette généreuse per-
mission , et je dirai presque nous en abuserons. Nous ferons passer successive-
ment sous les yeux de nos souscripteurs les pièces les plus remarquables de ce riche
cabinet, auquel nous avons déjà fait plus d’un emprunt, et qui serait digne de
servir de thème à une publication séparée. Aussi la planche que nous donnons
aujourd’hui peut-elle être regardée comme la première de toute une suite à laquelle
notre Gazette devra un intérêt particulier.
L’une des deux statuettes que nous avons réunies dans cette planche est avant
tout remarquable par ses dimensions , qui excèdent les données les plus habituelles
et atteignent environ 40 centimètres de hauteur. Elle l’est également en ce qu’elle
offre un type parfaitement caractérisé d’une fabrique particulière et qui n’est
jusqu’ici représentée que par un très-petit nombre de spécimens , celle des terres-
cuites de Corinthe, localité où elle a été découverte. Cette fabrique, comme on pourra
facilement s’en rendre compte d’après notre photographie, diffère absolument de
la fabrique des terres-cuites de Tanagra, de celles de Thespies ou de Thisbé et de
celles d’Athènes; mais au double point de vue du style d’art et du mode d’exécution
matérielle, les terres-cuites de Corinthe ont une parenté assez étroite avec celles de
Mégare, dont des échantillons ont été donnés dans la Gazette archéologique de 1876,
pl. 15 et vignette de lap. 48.
La représentation n’en est pas douteuse. Personne ne saurait méconnaître une
Aphrodite dans cette déesse aux cheveux noués en crobyle sur le sommet de la tète
et retombant en longues boucles sur les épaules, vêtue d’un chilon double sans
manches et d’un ample himation. Le geste qu’elle fait, en ouvrant et en écartant cet
himation de sa main gauche élevée, a dans les habitudes de Part antique un
caractère éminemment significatif et symbolique. Il importe de ne pas le confondre
avec le geste analogue, mais sensiblement différent, par lequel, dans plusieurs des
célèbres statues de la Galerie de Florence, certains des fils et des filles de Niobé
cherchent à se couvrir d’uu pan de leur manteau contre les flèches divines dont ils
sont poursuivis. Celui de notre Aphrodite corinthienne est incontestablement,
toutes les fois qu'il a été employé dans des images divines ou mythologiques , en
rapport avec une idée d’hiérogamie. C’est ainsi que nous le voyons donné à Coré