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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Deux terres-cuites grecques
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0158

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— 152 —

sur quelques monnaies de Locres (1) et dans la représentation hiératique du couple
de divinités infernales (2) qu’offrent les précieux bas-reliefs de Sparte, de si ancien
style, récemment publiés par MM. H. Dressel et A. Milchhœfer (3). Dans les types
des monnaies d’argent de Gortyne de Crète (4), le même geste caractérise souvent
Europe, accompagnée de l’aigle de Zeus et assise au milieu des rameaux du platane,
où la tradition locale plaçait ses noces sacrées annuelles, iepàç *ya/xoç, avec le dieu
du ciel (5). Nous le voyons aussi fréquemment attribué à Léda, quand elle reçoit
dans son sein le cygne dont Zeus a pris la forme (6). O. Jahn (7), et après lui
M. Overbeck (8), l’ont expliqué dans ce cas par la version du mythe que l’on
trouve chez Euripide (9) et chez Hygin (10); ils pensent que l’épouse de Tyndare
étend son manteau pour cacher le cygne poursuivi par un aigle , qui n’est autre
qu’Aphrodite déguisée pour aider dans son entreprise le monarque de l’Olympe.
Cependant l’aigle est toujours absent, même dans les bas-reliefs et les peintures
où il aurait trouvé naturellement sa place; et cette circonstance m’induit à croire
que dans les images de Léda le geste qui nous occupe ne doit pas avoir une
autre signification que dans celles d’Europe.

Il n’y a pas lieu d’être surpris de voir ce geste symbolique et essentiellement
nuptial donné à une figure d’Aphrodite, surtout provenant de Corinthe. Car il est

(1) Carelli, Num. Ital. vet., pl. cxc, n°38.

(2) Les deux savants éditeurs voient dans ce

couple celui d’un Zeus-Chlhonios et de Déméter.
Mais ils ne semblent pas s’ètre préoccupés de
rechercher comment il se fait que le roi des enfers,
sauf dans un exemple, y est représenté imberbe

et presque à l’âge éphébique, exception aux
habitudes de l’art grec primitif qui ne peut avoir

eu lieu qu’en vertu d’une intention de symbolisme
formelle. J’y vois, pour ma part, l’indice certain
de ce que le sculpteur a puisé ses inspirations
dans une forme particulière de culte, où le
monarque chthonien se présentait comme un dieu
fils et juvénile, xe'pos; et cette dernière expression
avait un sens spécialement précis à Sparte, où les
inscriptions nous montrent que la désignation
officielle des éphèbes était oî xopoi. Les noms
à appliquer aux deux divinités infernales des
bas-reliefs archaïques de Sparte me paraissent
donc être ceux de Coros et Cora, quelquefois
donnés à Dionysos-Hadès et à Perséphoné, quand ils
forment un couple à la fois fraternel et conjugal,
prototype du couple italiote de Liber et Libéra et
objet d une profonde étude de la part de Creuzer
(Religions de ïantiquité, trad. Guigniaut, t. III,

p. 260 ; voy. aussi ce que j’en ai dit dans l’article
Bacchus du Dictionnaire des antiquités de
MM. Daremberg et Saglio, p. 634). Et ceci me
paraît confirmé par l’attribut dionysiaque du
canthare , que les bas-reliefs de Sparte mettent
presque constamment à la main du dieu chthonien
représenté sous les traits d’un éplièbe, x°'p°'-

(3) Mittheilungen des deutschen Archâologischen
Institutes in Athen, 1877, pl. xx-xxiv.

(4) Ch. Lenormant, Nouv. gai. mythol., pl. ix,
n° 4 5 ; Overbeck, Griechische Kunstinythologie,
t. I, Münztafel vi, n°1 2 * * 5 6 et 7. — M. Overbeck a
consacré un excellent commentaire au type de ces
monnaies : ouvr. cit. t. I, p. 445 et suiv.

(5) Theophrast., Hist. plant., I, 4b; Plin., Hist.
nat., XII, 11 ; cf. Varr., De re rust., I, 7, 6.

(6) Le Catalogue des représentations de toute
nature, statues, bas-reliefs et peintures murales,
qui offrent cette particularité, dans Overbeck,
ouvr. cit., t. I, p. 491-500.

(7) Archâologische Beitràge, p. 2 et suiv.

(8) Ouvr. cit., t. I, p. 490 et 499.

(9) Helen., 17-21.

(40) Poet. Astron., II, 8.
 
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