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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Deux terres-cuites grecques
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0159

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— 153 —

à remarquer que c’est dans la région voisine de cette ville que la déesse se montre
principalement comme présidant au mariage. Là, nous rencontrons, auprès de
Trézène, le culte d’Aphrodite-Nymphé ou Epousée (1), et à Hermione celui de cette
Aphrodite à laquelle les jeunes filles de la ville offraient un sacrifice avant leurs
noces (2), comme les mères des mariées de Sparte à Aphrodite-Héra (3). Mais ce
qui est des plus singuliers et, à ma connaissance, du moins, tout à fait nouveau,
c’est de voir le même geste à une ligure d’éphèbe , comme dans la seconde terre-
cuite que nous empruntons à la collection Lécuyer. Celle-ci provient de Tanagra
et est remarquable par la conservation d’une grande partie de ses couleurs
antiques, ainsi que par la finesse avec laquelle en est modelée toute la partie
supérieure, tandis que les jambes sont d’une exécution tout à fait sommaire.

Le sujet de cette élégante statuette est sans analogue et présente un problème
des plus difficiles. Au premier aboi'd on serait peut-être tenté d’y voir un Bacchus,
car à ce dieu conviendraient les formes singulièrement amollies et efféminées du
corps, qui se découvre à nu par devant dans sa grâce d’éphèbe, le caractère du visage
et la coiffure, qui sont d’une jeune fille, virgineum capat. Mais nulle part nous ne
voyons à Dionysos, même dans ses représentations du type le plus ambigu, cette
couronne de fleurs, pareille à celles que les terres-cuites placent si souvent sur la
tête des femmes ; nulle part nous ne lui voyons cette disposition particulière du
manteau, ce geste spécialement féminin, dont notre planche, parle parallèle qu’elle
établit, fait ressortir l’identité avec celui de l’Aphrodite, identité qui est aussi
grande avec celui des figures d’Europe et de Léda (4). Ce geste d’épouse ou
d’amoureuse au moment de l’union divine est encore ici précisé dans sa significa-
tion par le petit Éros ailé, qui se tient accroupi sur l’épaule du bras dont la main
élevée écarte l’himation en découvrant le corps; et cet Eros , qui nous reporte au
cycle de Yénus, semble encore de nature à écarter l’idée d’un Bacchus. Il cadrerait
beaucoup mieux avec l’interprétation qui verrait un Adonis dans la statuette de la
collection Lécuyer; et le caractère presque androgyne des formes du personnage
représenté dans cette statuette n’est pas moins empreint dans le beau bronze de
Paphos gravé à la planche 16 de la Gazette Archéologique de 1876, lequel représente
sûrement un Adonis couronné de roses. Il appartient très-légitimement à l’amant

(1) Pausan., II, 32, 7.

(2) Pausan., II, 34, 11.

(3) Pausan., III, 13, 6.

(4) Il n’y a pas d’importance à attacher à ce que
le geste symbolique est fait par le bras droit, et
non par le gauche comme celui de la \énus. Dans
les représentations de déesses ou d’héroïnes où il
n’y a pas à hésiter sur son sens d’hiérogamie, il

est fait indifféremment tantôt par l’une, tantôt par
l’autre main.

Quant à la nature de ce geste, l’examen de
1 original ne permet pas de l’interpréter autrement
que je ne fais ; car cet examen prouve que la main
élevée n’a jamais pu reposer sur le sommet d’un
thyrse, d’un sceptre ou d’un autre accessoire du
même genre.
 
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