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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 4.1878

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Lenormant, François: Deux terres-cuites grecques
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https://doi.org/10.11588/diglit.24674#0160

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154 —

d’Aphrodite-Astarté , car Ptolémée Héphestion (1) qualifiait formellement Adonis
comme hermaphrodite , et les Orphiques (2) l’appelaient xoôpv] '/.ai xopoç (3).

Pourtant je dois ajouter que cette interprétation de notre terre-cuite de Tanagra
comme offrant une image d’Adonis, bien que préférable à la première, ne me
satisfait pas absolument. Elle ne me paraît pas rendre compte d'une manière tout
à fait complète de tous les traits de la statuette énigmatique, qui nous montre un
éphèbe aux formes presque féminines , aux traits et à la coiffure d’uue femme ,
couronné de fleurs, accompagné d’Éros et faisant un geste symbolique qui, dans
les habitudes de l’art grec, n’appartient qu’à Aphrodite ou aux déesses épouses.
Dans cette singulière réunion de caractères , que l’on ne voit nulle part ainsi
rassemblés dans un même type plastique, il y a de quoi faire songer à cette Vénus
mâle qu’Aristophane (4), dans une de ses pièces aujourd’hui perdues , mentionnait
sous le nom d’’Aspodttoç. Malheureusement de cette divinité, qui s’était introduite
à Athènes à l’époque du grand comique, comme tant d’autres dieux étrangers
empruntés à l’Asie , nous ne connaissons que le nom. Macrobe et Servius disent
bien que c’était une des formes de la Vénus androgyne orientale, mieux connue
sous l’aspect de la Venus barbata de Cypre dont la statue était signum hai'batum,
cor pore et veste muliebri, cum sceptro et natura virili (5), et dont le culte passa
ensuite en Pamphylie (6) et à Rome (7) ; mais ils n’ajoutent pas et ne paraissent
même pas avoir bien su comment Aphroditos était représenté en Grèce à la fin du ve
siècle av. J.-C. La conception d’un être androgyne s’est souvent exprimée chez les
anciens sous les traits d’un éphèbe à l’aspect efféminé et indécis, comme Dionysos,
Attis, Adonis, Atlantios ; le goût délicat des Grecs a eu plus d’une fois recours à
ce moyen d’expression plastique de la vieille notion de réunion des deux sexes
dans la même divinité, que lui avaient léguée les religions orientales, en même
temps que pour rendre d’autres aspects de la même donnée il créait le type si
merveilleusement combiné d’Hermaphrodite. C’est là ce que, dans un travail spécial

(f ) P. 33, 6d. Roulez ; AJWif avePpo^vvof ^6vo^(.6vo5

ra f/.t'i avefptia apof AippoJYTHv irpâtraiiv , Ta

6nÀvxa cTé ’jpos AToÀÀMva.

(2) Orph., Hymn., LVI, 4.

(3) Yoy. ce que j’en ai dit dans la Gazette
archéologique, 1376, p. 128.

fi) Ap. Macrob., Saturn., III, 8; cf. Serv. ad
Virg., Æneid., II, 632; Hesych., v. AçpoS'itos.

(5) M. le général de Cesnola (Cyprus, p. 132)
dit avoir trouvé dans les tombeaux d’Amathonte
deux idoles de terre-cuite représentant une
divinité féminine avec la barbe au menton.

Malheureusement il n’en a pas donné le dessin.

(6) Johan.Lvd., De mens., p. 24 et 29.

(7) Suid., v. AçpoJYTn ; Codin., De ong. Cons-
tantinop., p. 14, éd. de Paris ; Schol. Venet. B.
Villoison. ad Iliad-, B, 820; Schol. Lips. ad
Homer., ap. Ileyne, t. IV, p. 693 de son édition ;
cf. J. Lyd., De mens., p. 24 et 29.

Je crois reconnaître la Venus barbata dans une
belle figurine de terre-cuite du Musée de Berlin
(Panofka, Terracotten des Kœnigl. Muséums zu
Berlin, pl. xxxvi), qui représente un personnage
barbu avec les habits, la coiffure et les bijoux
d’une femme. Cq n’est pas un homme déguisé, car
cette figure a les seins gonflés et les formes
arrondies qui appartiennent en propre au sexe
féminin.

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