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Mais le prétendu p, mal gravé et qui a même remplacé une autre lettre à peine
effacée , si nous le retournons comme le xj, nous pouvons y voir un t. Quant à la
troisième lettre, lue on sait le peu de différence qu’il y a entre le 3 et le “ des
inscriptions. Pour peu que l’on admette l’inhabileté ou l’étourderie du graveur, le
signe pris par M. de Yogüé pour un 3 devient encore un “ ; alors nous avons un
mot faisant corps avec la représentation figurée et même l’expliquant. Le verbe
rrur schadad, en effet, signifie ravager, vaincre, l’emporter, et exprime fort bien
l’acte d’IIorus triomphant, grâce à cet amulette, des bêtes malfaisantes et de leur
poison.
II.
Il y a un certain nombre d’intailles juives extrêmement curieuses, et qui sont
comme des protestations contre la Loi mosaïque. Isoler le peuple Juif des autres
nations, telle était la grande préoccupation de la Thora. Mais, poussé par sa
nature expansive et par les souvenirs inconscients de ses premières adorations
polythéistes, sans cesse Israël est en lutte avec son code religieux. La Loi a beau
lui interdire la représentation plastique de Dieu, il figurera Jahveh sous les traits
du veau ou du bœuf d’or. Allant plus loin encore, il remplira son Temple des
Kéroubim assyriens et mettra, sur des pierres gravées, les images des dieux
étrangers.
La plus curieuse pièce de ce genre est peut-être celle qu’ont publiée M. Blau (1),
puis M. de Vogüé (2). Ces deux savants se sont surtout occupés d’en expliquer la
légende :
W "riy i>3nS
qui me semble devoir se traduire : « Pour son père a fait Ouziou [cet objet], »
Quant à la représentation, négligée par MM. Blau et de Yogüé, elle est cepen-
dant fort intéressante pour l’histoire des influences religieuses extérieures s’exer-
çant sur Israël. C’est un enfant, un genou en terre dans une pose gracieuse, et la
tête coiffée des deux cornes entre lesquelles est placé le disque solaire. Cette coiffure
est bien celle d’Hathor, la Vénus de Dendérah aux puissantes mamelles, et en
rappelle le souvenir. Mais l’enfant qui la porte, c’est le jeune Horus, fils dTsis-
Hathor et d’Osiris. Il est posé sur des lotus. Souvent on aperçoit, sur les monu-
ments égyptiens, Ilorus sortant de cette fleur. Elle est toute naturelle, l’union
intime conçue par l’Égypte entre Horus et le lotus. Cette fleur est celle du printemps,
celle qui parle le mieux de renouveau. Horus n’éveille-t-il pas aussi, comme le lotus,
(2) Revue archéologique, 2e sér., t. XVII (1868),
p. 449, pl. xvi, n° 39.
(1) Zeitschr. d. deutsch. Morgenl. Gesellsch.,
t. XIX (1865), p. 535.
Mais le prétendu p, mal gravé et qui a même remplacé une autre lettre à peine
effacée , si nous le retournons comme le xj, nous pouvons y voir un t. Quant à la
troisième lettre, lue on sait le peu de différence qu’il y a entre le 3 et le “ des
inscriptions. Pour peu que l’on admette l’inhabileté ou l’étourderie du graveur, le
signe pris par M. de Yogüé pour un 3 devient encore un “ ; alors nous avons un
mot faisant corps avec la représentation figurée et même l’expliquant. Le verbe
rrur schadad, en effet, signifie ravager, vaincre, l’emporter, et exprime fort bien
l’acte d’IIorus triomphant, grâce à cet amulette, des bêtes malfaisantes et de leur
poison.
II.
Il y a un certain nombre d’intailles juives extrêmement curieuses, et qui sont
comme des protestations contre la Loi mosaïque. Isoler le peuple Juif des autres
nations, telle était la grande préoccupation de la Thora. Mais, poussé par sa
nature expansive et par les souvenirs inconscients de ses premières adorations
polythéistes, sans cesse Israël est en lutte avec son code religieux. La Loi a beau
lui interdire la représentation plastique de Dieu, il figurera Jahveh sous les traits
du veau ou du bœuf d’or. Allant plus loin encore, il remplira son Temple des
Kéroubim assyriens et mettra, sur des pierres gravées, les images des dieux
étrangers.
La plus curieuse pièce de ce genre est peut-être celle qu’ont publiée M. Blau (1),
puis M. de Vogüé (2). Ces deux savants se sont surtout occupés d’en expliquer la
légende :
W "riy i>3nS
qui me semble devoir se traduire : « Pour son père a fait Ouziou [cet objet], »
Quant à la représentation, négligée par MM. Blau et de Yogüé, elle est cepen-
dant fort intéressante pour l’histoire des influences religieuses extérieures s’exer-
çant sur Israël. C’est un enfant, un genou en terre dans une pose gracieuse, et la
tête coiffée des deux cornes entre lesquelles est placé le disque solaire. Cette coiffure
est bien celle d’Hathor, la Vénus de Dendérah aux puissantes mamelles, et en
rappelle le souvenir. Mais l’enfant qui la porte, c’est le jeune Horus, fils dTsis-
Hathor et d’Osiris. Il est posé sur des lotus. Souvent on aperçoit, sur les monu-
ments égyptiens, Ilorus sortant de cette fleur. Elle est toute naturelle, l’union
intime conçue par l’Égypte entre Horus et le lotus. Cette fleur est celle du printemps,
celle qui parle le mieux de renouveau. Horus n’éveille-t-il pas aussi, comme le lotus,
(2) Revue archéologique, 2e sér., t. XVII (1868),
p. 449, pl. xvi, n° 39.
(1) Zeitschr. d. deutsch. Morgenl. Gesellsch.,
t. XIX (1865), p. 535.