LES MARBRES D'ELEUSIS.
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autre héros qui a quitté, comme lui, la vie terrestre avant l'âge, qui a
été enlevé des bras de Vénus-Uranie pour passer à ceux de Vénus-Proser-
piue. Mais le plus curieux des monuments qui s'y rattachent est un vase
découvert à Ruvo, dans la grande Grèce, et publié par un savant archéo-
logue napolitain, M. Jules Minervini1. Au lieu de divinités et de héros,
tels que Vénus et Adonis, nous y voyons une série de personnages allégo-
riques accompagnés de leurs noms, lesquels jettent une précieuse lumière
sur le sens des sujets analogues.
Au centre de la peinture de ce vase on voit une femme assise, dans
un lieu planté de myrtes. Elle se retourne vers un jeune homme qui
s'avance de son côté. Une tunique talaire, d'une étoffe fine, transparente
et plissée, semblable à celle de la tunique de la Proserpine de notre
bas-relief, laisse deviner les formes de son corps; un manteau étoilé enve-
loppe ses genoux; des bijoux parent ses bras et son cou.
Le jeune homme, vers lequel se dirige son attention, a pour unique
vêtement des brodequins et une longue chlamyde, attachée à son cou par
une large fibule et qui tombe perpendiculairement derrière ses épaules
jusqu'au bas des jambes; une couronne de myrte, ou plutôt de laurier, et
deux javelots garnis de Yamenlum (courroie qui servait à les lancer), sur
lesquels il s'appuie, complètent ses attributs. Des formes assez marquées
et une barbe naissante indiquent en lui le plein développement de la
jeunesse.
Un génie ailé, qui s'avance en voltigeant vers la femme assise, semble,
par son geste, inviter le jeune homme à s'en approcher.
Les trois autres figures ne sont évidemment que les témoins et les
accessoires de la scène principale. Ce sont trois femmes : l'une d'elles,
debout près de la reine de ces bosquets enchantés, porte de la main
gauche un plat chargé de fruits; de la droite elle tient une branche de
myrte. Au delà, et du même côté, est encore une figure debout, dont le
costume reproduit tous les détails de celui de la femme assise; les yeux
baissés vers la terre, elle s'enveloppe dans son manteau étoilé.
Derrière le jeune homme est une quatrième femme, qui se distingue
des trois autres par un costume plus sévère. Elle n'a de commun avec elles
que les pieds et les bras nus, le collier et les bracelets. Son vêtement est
une vaste tunique talaire, d'une étoffe plus épaisse, et qui, relevée par
une ceinture, retombe par devant en plis larges et abondants. Sa tête,
nue, montre des cheveux rassemblés en un seul nœud derrière la tête.
I. lllustrazione <li un aniico vaso di Ruvo, Memoria presentata alV Accademia Pontmiana*
Naplcs, m:;, in-i".
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autre héros qui a quitté, comme lui, la vie terrestre avant l'âge, qui a
été enlevé des bras de Vénus-Uranie pour passer à ceux de Vénus-Proser-
piue. Mais le plus curieux des monuments qui s'y rattachent est un vase
découvert à Ruvo, dans la grande Grèce, et publié par un savant archéo-
logue napolitain, M. Jules Minervini1. Au lieu de divinités et de héros,
tels que Vénus et Adonis, nous y voyons une série de personnages allégo-
riques accompagnés de leurs noms, lesquels jettent une précieuse lumière
sur le sens des sujets analogues.
Au centre de la peinture de ce vase on voit une femme assise, dans
un lieu planté de myrtes. Elle se retourne vers un jeune homme qui
s'avance de son côté. Une tunique talaire, d'une étoffe fine, transparente
et plissée, semblable à celle de la tunique de la Proserpine de notre
bas-relief, laisse deviner les formes de son corps; un manteau étoilé enve-
loppe ses genoux; des bijoux parent ses bras et son cou.
Le jeune homme, vers lequel se dirige son attention, a pour unique
vêtement des brodequins et une longue chlamyde, attachée à son cou par
une large fibule et qui tombe perpendiculairement derrière ses épaules
jusqu'au bas des jambes; une couronne de myrte, ou plutôt de laurier, et
deux javelots garnis de Yamenlum (courroie qui servait à les lancer), sur
lesquels il s'appuie, complètent ses attributs. Des formes assez marquées
et une barbe naissante indiquent en lui le plein développement de la
jeunesse.
Un génie ailé, qui s'avance en voltigeant vers la femme assise, semble,
par son geste, inviter le jeune homme à s'en approcher.
Les trois autres figures ne sont évidemment que les témoins et les
accessoires de la scène principale. Ce sont trois femmes : l'une d'elles,
debout près de la reine de ces bosquets enchantés, porte de la main
gauche un plat chargé de fruits; de la droite elle tient une branche de
myrte. Au delà, et du même côté, est encore une figure debout, dont le
costume reproduit tous les détails de celui de la femme assise; les yeux
baissés vers la terre, elle s'enveloppe dans son manteau étoilé.
Derrière le jeune homme est une quatrième femme, qui se distingue
des trois autres par un costume plus sévère. Elle n'a de commun avec elles
que les pieds et les bras nus, le collier et les bracelets. Son vêtement est
une vaste tunique talaire, d'une étoffe plus épaisse, et qui, relevée par
une ceinture, retombe par devant en plis larges et abondants. Sa tête,
nue, montre des cheveux rassemblés en un seul nœud derrière la tête.
I. lllustrazione <li un aniico vaso di Ruvo, Memoria presentata alV Accademia Pontmiana*
Naplcs, m:;, in-i".