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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 4
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Galichon, Émile: École allemande: Albert Dürer sa vie et ses oeuvres
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ALBERT DURER.

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quelles villes visita-t-il pendant ce voyage qui ne dura pas moins de
quatre ans? Nous ne le savons point d'une manière positive, mais San-
drart nous dit qu'il vit les Pays-Bas et Venise. Il paraît probable, en effet,
qu'abandonnant Nuremberg, il se rendit tout d'abord dans quelques-unes
de ces villes opulentes du Nord, où son père avait connu plusieurs des
grands maîtres de l'art. En 1492 il traversa Golmar, où il fut très-bien
reçu, nous dit Scheurl, qui le tenait d'Albert Durer lui-même, par Gas-
pard et Paul, orfèvres, ainsi que par Louis, peintre, tous trois frères du
beau Martin1 qu'il eut le regret de ne point voir. Peut-être est-ce en se
rendant des Pays-Bas à Venise, où tant de peintres allemands étaient
alors établis 2, qu'Albert Durer traversa Golmar. Bartscb, tout préoccupé
de la réfutation du conte propagé par Vasari, relativement au procès d'Al-
bert Durer avec Marc Antoine^ nie, contrairement au récit de Sandrart et
à la tradition, que notre peintre ait visité deux fois l'Adriatique et la mer
clu Nord, qu'il n'aurait vues, suivant lui, qu'en 1506 et en 1520. Cepen-
dant, s'il paraît peu vraisemblable qu'Albert Durer, devenu célèbre, soit
retourné à Venise après l'an 1506, sans que l'histoire en ait conservé le
souvenir, nous croyons qu'il vit les contrées dont nous parlons dans le
voyage qui précéda son mariage. En effet, en parcourant son œuvre, on
remarque que, dans les pièces antérieures à l'année 1506, il aime à retra-
cer les bords de la mer, à représenter des navires, dessinés avec trop
d'exactitude pour qu'il ne les ait point étudiés d'après nature; et dans
plusieurs de ces gravures, notamment dans le Saint Georges à pied, on.
retrouve ces petits îlots qui parsèment les lagunes de Venise.

Dans la Vierge au papillon, une des premières estampes qu'ait gravées
Albert Durer, on peut observer aussi un homme qui conduit une barque,

\. Martin Schœngauer, dit le beau Martin, était mort depuis 1488, comme nous
l'avons établi dans la biographie de cet artiste. (Gazette des Beaux-Arts, t. III.)

2. Un artiste allemand fut le collaborateur d'Antonio da Mu.rano, et plus tard de
Bartholommeo Yivarini. Sur un curieux tableau de l'Académie de Venise, qui repré-
sente une Vierge entre plusieurs saints, on lit : « Jhannes de Alemana et Antonius
de Murano, pinxerunt. » Ces artistes allemands ne demeurèrent pas seulement à
Venise, mais se répandirent dans les villes circonvoisines; plusieurs même habitèrent
longtemps Padoue, comme le prouve leur admission dans la Fraglia de Pittori
Padovani, dont les registres se conservent aux archives de cette ville. On y voit men-
tionnés, en 1442 et 4445 : Maestro Rigo Tedesco, Giovanni Tedesco, Giovanni Evan-
gelista, fils de maestro Rigo Tedesco. Plusieurs des imprimeurs des villes italiennes
étaient aussi Allemands; nous trouvons en effet Raldott, d'Augsbourg, qui travaillait à
Venise en 1485, et Uldéric Scinzenzeber, qui imprimait à Milan au commencement du
xvie siècle. Un grand nombre des tailleurs en bois de Venise venaient aussi de l'Alle-
magne.
 
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