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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0304

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EXPOSITION DE BORDEAl \. 295

mulées, et qui, imprimées Tan passé dans la Gazette des Beaux-Arts, ne
méritent point l'honneur d'une seconde édition.

\ côté de ces œuvres connues se pressaient des toiles nouvelles ou du
moins ignorées. Nous avons remarqué d'abord, — car il faut toujours
commencer par les maîtres, — Ja Vue prise aux environs de Pau, de
M. Théodore Rousseau. Ce paysage appartient à la plus récente manière
de Fauteur; c'est dire que l'exécution n'en est pas parfaite, peut-être
parce qu'elle est poussée à outrance et démesurément attentive. De loin,
l'ensemble garde son harmonie ; la campagne est vaste et profonde: un
gazon, plein de verdures lumineuses, un saule au feuillage grêle se déta-
chant sur un ciel limpide : c'est là tout le tableau, et il est charmant:
mais l'aspect général manque un peu de ressort, et, pour peu qu'on s'ap-
proche, on voit trop l'artifice de cette touche, partout pareille à elle-même,
qui semble se complaire à compter des feuilles, à additionner des brins
d'herbe. M. Rousseau est visiblement atteint de cette maladie qu'Edgar Poë
appelle le cherche trop loin, et dont les intelligents sont d'ailleurs les seuls
qui peuvent souffrir. Mais c'est notre espérance que M. Rousseau, un instant
troublé, retrouvera sa certitude et sa vaillance. Et il doit être bien entendu
que, lorsque nous parlons des imperfections de détail que présente la
Vue prise aux environs de Pau, c'est que nous comparons M. Rousseau à
lui-même, et que nous nous souvenons à la fois et des paysages qui
étaient exposés hier au boulevard des Italiens, et de ce pur chef-d'œuvre
que l'honorable président de la Société des Amis des Arts de Bordeaux,
M. Scott, nous a montré dans le cabinet où il a réuni tant de charmantes
productions de l'Ecole moderne. Quand on a peint ces toiles d'une vérité
si intime et si pénétrante, d'une coloration si harmonieuse clans sa vivacité
ou dans sa tendresse, d'une lumière si transparente et si chaude, on est
un maître, et l'on ne saurait, même par quelques tableaux moins bien
venus, perdre le rang qu'on a conquis.

Indépendamment de Y Idylle, poétique page déjà familière à la cri-
tique parisienne, M. Corot avait envoyé à Bordeaux deux tableaux plus
récemment achevés, le Coup de vent et le Retour du marché (C A crus. Ces
tableaux ou ces études, pour mieux dire, sont des œuvres assez difficiles
à comprendre, et je crains bien que ceux à qui a manqué le bénéfice
d'une initiation antérieure aient eu quelque peine à en goûter la saveur
étrange et la poésie doucement barbare. Le Retour du marche d'Arras
montre.un lourd charriot traîné par quatre petits chevaux, d'un dessin
fantasque. Sur les bancs du rustique véhicule s'entasse toute une famille
de paysans ; au fond, un clocher et quelques petits arbres détachent, sur
un ciel clair, leur frêle silhouette. A ceux qui n'ont pas le secret de colle
 
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