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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0305

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206 (i A X ETT E DES BE \\ \- \ l! I S.

peinture par à peu près, le paysage de M. Corot a dû paraître le chef-
d'œuvre de la bizarrerie ou l'erreur d'un pinceau en démence. Il nous ;i
singulièrement touché. Et comment, tout en reconnaissant que la pensée
de l'auteur n'est exprimée qu'à demi, tout en avouant que la nature du
bon Dieu est mieux dessinée, comment ne pas se laisser prendre au
charme enivrant de cette harmonie, où les tons crayeux s'associent aux
pâleurs des bruns clairs, où les nuages blancs se mêlent aux feuillages
gris, où toutes les nuances analogues se sont donné rendez-vous pour se
fondre dans un ensemble plein de mystère et de finesse? Ktrange pein-
ture que celle de M. Corot ! et qui donc en pourra jamais dire la séduction
voilée, la fraîcheur calmante, le charme attendri?

Bordeaux a pu faire connaissance cette année avec un talent qui se
renouvelle et qui grandit, M. de Gurzon. Sa Chapelle du Cour eut de San-
Benedelto est un intérieur d'une limpidité parfaite ; la Vue prise dans la
vallée du Cardon est d'une unité de couleur, d'une simplicité et d'une
justesse d'effet qui réjouissent l'œil en le tranquillisant. M. Français n'est
qu'agréable dans ses Bords de l'Oise, une toile égayée et remuante, qui
lui fera pardonner le fameux portrait d'un hêtre de grandeur naturelle
qu'il avait exposé au dernier Salon.

Dans le Marzou à Narey, M. Dauzats a surtout cherché la vérité, et
il l'a écrite avec un soin délicat et patient. Mais, à ce paysage un peu
endormi, il manque un rayon de lumière, un contraste, un je ne sais
quoi qui donnerait du mouvement aux eaux de la rivière et ferait vivre
les terrains et les herbes qu'elle arrose de son flot paresseux. M. de Tour-
nemine a toujours de l'esprit; M. Lavieille a toujours du sentiment; son
petit tableau des Environs de Barbizon, qui est daté de 1857, est d'une
exactitude qui n'exclut pas le charme. Quant à M. Jacque, il a eu, comme
peintre et comme graveur, un succès très-décidé à l'Exposition de Bor-
deaux. Jamais son pinceau n'a poussé aussi loin que dans ses Environs
de Chalon-sur-Saône l'harmonie dans les tons clairs, la finesse dans les
nuances blondes.

Les galeries qui viennent de se fermer ne montraient, on le devine,
qu'un petit nombre de tableaux historiques. M. Bobert Fleury avait envoyé
une ancienne toile, peu digne de son pinceau, moins digne encore du
sujet qu'elle représente, car ces deux portefaix aux lourdes tètes, qui
semblent prêts à échanger des gourmades, ce sont, si vous me permettez
de le dire, 'Titien lui-même et Michel-Ange en personne. La vulgarité
triomphe avec éclat dans ce tableau, qui eût attristé Vasari, et qui calom-
nie, en les caricaturant, les deux nobles artistes dont nous avons tous le
noble portrait gravé dans le souvenir. — I n autre membre de l'Institut,
 
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