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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0306

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EXPOSITION DE BORDEAUX. 297

M. Léon Cogniet, a exposé une Tête de Lion, étude consciencieuse, pein-
ture attentive et infiniment respectable; mais l'exécution de M. Cogniet
manque de force et d'aplomb. Je ne sais si son lion a été amoureux, mais
il a perdu ses griffes, il a oublié le rugissement. On jouerait aux dominos
avec cette bête apprivoisée comme avec le plus débonnaire des petits-fils
de Munito.

Les tableaux de M. Gérôme sont toujours intéressants. Voilà bien long-
temps déjà que nous avons quelque peine à nous entendre ; nous savons
toutefois ce que vaut son talent, peu robuste mais zélé, et nous tenons en
grande estime son constant effort, sa patience acharnée. La petite toile
exposée à Bordeaux, Louis XI visitant le cardinal La Balue dans la pri-
son de Plessis-lcz-Tours, ne date pas d'hier; elle a été exécutée en 1853,
et elle appartient à M. Gain. Le sujet, ingénieusement choisi, prêtait à la
fantaisie d'un pinceau curieux. Le pauvre La Balue est dans sa cage, et
le roi, accompagné d'un acolyte à mine patibulaire, vient voir son prison-
nier, moins pour s'informer de ce qui lui manque que pour s'assurer que
la cage est solide, et s'en aller ensuite prier tranquillement « dans le
retrait où il dit ses heures. » M. Gérôme a peint finement les têtes de
ses personnages, et, sans arriver à la solidité et à la largeur, son pin-
ceau a montré, dans cet agréable tableau, moins de sécheresse qu'à l'or-
dinaire.

Les sujets empruntés à la vie familière ou rustique abondaient à
l'Exposition de Bordeaux. Un artiste habile en ce genre, M. Brion, y avait
envoyé une petite peinture d'une coloration énergique, les Sonneurs
d'abeilles. Debout devant une ruche trop peuplée, une paysanne d'Alsace
et son mari agitent à grand bruit des instruments empruntés à leur bat-
terie de cuisine, et favorisent, par cet étrange concert, l'émigration des
jeunes abeilles, dont l'essaim bourdonnant va bientôt prendre possession
d'une ruche nouvelle. Le tableau de M. Brion exhale une saine saveur de
réalité, l'exécution révèle une main ferme et sûre; vigoureusement poussés
dans une gamme élevée, les tons s'enchaînent avec une harmonie bien
soutenue. M. Brion a décidément trouvé le bon chemin.

La petite Ménagère est, nous le croyons, le début d'un peintre qui
doit être fort jeune, M. Edouard Frère, le fils de l'artiste qui, sous un
nom pareil, a signé tant de toiles intimes. Dans ce tableau, l'exécution
est molle et indécise ; mais il est curieux d'y étudier l'influence de
l'exemple, et la loi, involontairement obéie, de l'hérédité. Le système de
coloration, le choix du type, la modération du sentiment, les défauts
même, tout, dans l'œuvre du fils, rappelle, à s'y tromper, le système un
peu pauvre et l'inspiration un peu mesquine de M. Edouard Frère. Nous ne

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