DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Jacquemart, Albert: Les dessins d'ornement de Polydore de Caravage
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LES DESSINS D'ORNEMENT
1) E
POLYDORE DE GARAVAGE
Nous l'avons dit déjà, nous ne sommes pas de ceux qui admettent
qu'un artiste de génie se retranche obstinément dans un genre spécial, et
refuse d'assouplir son crayon à la composition d'un vase, d'une armure
ou d'un meuble, sous le prétexte vain qu'un peintre ou un statuaire a
pour mission de décorer les édifices publics, tandis qu'il appartient aux
dessinateurs d'ornements de travailler pour l'industrie.
Est-ce à dite qu'on puisse trouver un désaccord entre nos doctrines et
celles qu'a exposées l'auteur de la Grammaire des Arts du dessin qui se
déroule si brillamment dans ces pages? — Non.— Placés à des points de
vue différents, nous jugeons des choses distinctes : l'un monte sur les
hauteurs pour saisir les sommités de l'art. Obligé de résumer, par une
synthèse hardie, les principes vivificateurs qui mènent l'artiste à l'immor-
talité, il ne peut tenir compte des distances, du temps, ni de ces mille
détails réservés à l'analyse. L'autre, pénétré des mêmes principes, mais
s'arrêtant dans un milieu plus modeste, cherche, à travers les monuments
et les âges, les preuves de la marche ascendante de l'art vers les hau-
teurs du sublime.
On ne doit pas l'oublier, en effet : nulle langue n'est absolue dans ses
expressions; la valeur des mots suit la progression des choses, et lorsque
M. Charles Blanc écrit : « il ne faut donc pas confondre le beau avec
(( l'agréable ; encore moins faut-il le confondre avec l'utile, qui est sou-
ci vent son plus grand ennemi »; nous devons voir dans cette phrase un
principe actuel, et non point le résumé des enseignements de l'histoire.
En disant ailleurs : « L'utile est le domaine de l'industriel; le beau
u est l'apanage de l'artiste; on admire les créations de l'art, on consomme
« les produits de l'industrie », l'écrivain est encore dominé par une noble
1) E
POLYDORE DE GARAVAGE
Nous l'avons dit déjà, nous ne sommes pas de ceux qui admettent
qu'un artiste de génie se retranche obstinément dans un genre spécial, et
refuse d'assouplir son crayon à la composition d'un vase, d'une armure
ou d'un meuble, sous le prétexte vain qu'un peintre ou un statuaire a
pour mission de décorer les édifices publics, tandis qu'il appartient aux
dessinateurs d'ornements de travailler pour l'industrie.
Est-ce à dite qu'on puisse trouver un désaccord entre nos doctrines et
celles qu'a exposées l'auteur de la Grammaire des Arts du dessin qui se
déroule si brillamment dans ces pages? — Non.— Placés à des points de
vue différents, nous jugeons des choses distinctes : l'un monte sur les
hauteurs pour saisir les sommités de l'art. Obligé de résumer, par une
synthèse hardie, les principes vivificateurs qui mènent l'artiste à l'immor-
talité, il ne peut tenir compte des distances, du temps, ni de ces mille
détails réservés à l'analyse. L'autre, pénétré des mêmes principes, mais
s'arrêtant dans un milieu plus modeste, cherche, à travers les monuments
et les âges, les preuves de la marche ascendante de l'art vers les hau-
teurs du sublime.
On ne doit pas l'oublier, en effet : nulle langue n'est absolue dans ses
expressions; la valeur des mots suit la progression des choses, et lorsque
M. Charles Blanc écrit : « il ne faut donc pas confondre le beau avec
(( l'agréable ; encore moins faut-il le confondre avec l'utile, qui est sou-
ci vent son plus grand ennemi »; nous devons voir dans cette phrase un
principe actuel, et non point le résumé des enseignements de l'histoire.
En disant ailleurs : « L'utile est le domaine de l'industriel; le beau
u est l'apanage de l'artiste; on admire les créations de l'art, on consomme
« les produits de l'industrie », l'écrivain est encore dominé par une noble