DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Montaiglon, Anatole de: M. Jules Renouvier
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.17224#0110
M. .11 LES RENOl \ I ER. [05
des comparaisons. C'est même peut-être de tous ses premiers ouvrages le
plus intéressant et le plus heureux. La justesse naturelle et sévèrement
ingénieuse du coup d'œil, la réunion des détails en groupes et la con-
clusion du fait à l'idée se remarquent dans cet opuscule, dont la brièveté
relative, dégageant ses observations et ses conclusions de tout ce qui
leur est en réalité étranger, est encore aiguisée par une forme courte,
claire, pleine de traits : sans courir après un éclat factice, elle donne à
l'idée et à la succession des faits exposés une concision nette, pleine de
force et de sûreté.
Aussi est-ce le livre qu'il faut citer, à cause de son intérêt plus général,
comme le plus heureux des travaux de M. Renouvier pendant cette pre-
mière période, qui se caractérise bien nettement par cette préoccupation
plus grande de l'architecture. Outre le mouvement d'idées qui se faisait
alors dans ce sens, et auxquelles il apportait autre chose que des pierres,
son esprit était naturellement porté à s'attacher d'abord à cette forme
de Fart, qui, par ses conditions de besoin public, de dépenses générales,
de longueur de temps comme construction, de réunion d'hommes comme *
ouvriers, paraissait à son esprit synthétique la plus sociale des manifes-
tations intellectuelles et la plus riche en enseignements sur le génie et les
transformations d'un peuple. Cette étude le mena insensiblement à des-
cendre de l'idée aux ouvriers et de l'édifice aux artistes, et le fruit de
cette nouvelle période se caractérise par le livre des Maîtres de pierre et
des autres artistes gothiques de Montpellier, qu'il publia, en 18/j/j, avec
son ami M. Ricard, clans les Mémoires de la Société archéologique de
cette ville \
La recherche, la découverte et la publication des documents, dont
le texte forme la moitié de ce volume, sont, je crois, dues surtout à
M. Ricard, en même temps que la préface est plus particulièrement
l'œuvre de M. Renouvier. Depuis cette époque où les efforts des tra-
vailleurs dévoués n'ont pas cessé d'exhumer et de mettre au jour des
pièces de ce genre, comme presque tous ont surtout publié des documents
épars et sans rapport entre eux, aucun de leurs livres n'a peut-être l'im-
portance et la solidité de celui-ci, qui présente un ensemble d'une liaison
et d'une suite presque impossibles, mais toujours désirables dans des
ouvrages de cette nature.
\ la suite de ce grand travail, où, tout en voulant n'être qu'un analy-
I. .M. Renouvier était, depuis le 19 juin 1838, membre correspondanl delà Société
des Antiquaires de France; il a été aussi correspondanl du premier Comité des Arts ci
Mes Monuments, établi au ministère de l'Instruction publique.
des comparaisons. C'est même peut-être de tous ses premiers ouvrages le
plus intéressant et le plus heureux. La justesse naturelle et sévèrement
ingénieuse du coup d'œil, la réunion des détails en groupes et la con-
clusion du fait à l'idée se remarquent dans cet opuscule, dont la brièveté
relative, dégageant ses observations et ses conclusions de tout ce qui
leur est en réalité étranger, est encore aiguisée par une forme courte,
claire, pleine de traits : sans courir après un éclat factice, elle donne à
l'idée et à la succession des faits exposés une concision nette, pleine de
force et de sûreté.
Aussi est-ce le livre qu'il faut citer, à cause de son intérêt plus général,
comme le plus heureux des travaux de M. Renouvier pendant cette pre-
mière période, qui se caractérise bien nettement par cette préoccupation
plus grande de l'architecture. Outre le mouvement d'idées qui se faisait
alors dans ce sens, et auxquelles il apportait autre chose que des pierres,
son esprit était naturellement porté à s'attacher d'abord à cette forme
de Fart, qui, par ses conditions de besoin public, de dépenses générales,
de longueur de temps comme construction, de réunion d'hommes comme *
ouvriers, paraissait à son esprit synthétique la plus sociale des manifes-
tations intellectuelles et la plus riche en enseignements sur le génie et les
transformations d'un peuple. Cette étude le mena insensiblement à des-
cendre de l'idée aux ouvriers et de l'édifice aux artistes, et le fruit de
cette nouvelle période se caractérise par le livre des Maîtres de pierre et
des autres artistes gothiques de Montpellier, qu'il publia, en 18/j/j, avec
son ami M. Ricard, clans les Mémoires de la Société archéologique de
cette ville \
La recherche, la découverte et la publication des documents, dont
le texte forme la moitié de ce volume, sont, je crois, dues surtout à
M. Ricard, en même temps que la préface est plus particulièrement
l'œuvre de M. Renouvier. Depuis cette époque où les efforts des tra-
vailleurs dévoués n'ont pas cessé d'exhumer et de mettre au jour des
pièces de ce genre, comme presque tous ont surtout publié des documents
épars et sans rapport entre eux, aucun de leurs livres n'a peut-être l'im-
portance et la solidité de celui-ci, qui présente un ensemble d'une liaison
et d'une suite presque impossibles, mais toujours désirables dans des
ouvrages de cette nature.
\ la suite de ce grand travail, où, tout en voulant n'être qu'un analy-
I. .M. Renouvier était, depuis le 19 juin 1838, membre correspondanl delà Société
des Antiquaires de France; il a été aussi correspondanl du premier Comité des Arts ci
Mes Monuments, établi au ministère de l'Instruction publique.