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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0117

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L'ORFEVRERIE FRANÇAISE. 111

donna un jour lecture à l'Académie royale d'une dissertation sur « la
légèreté de l'outil. » Certes, ce mot heureux n'est pas assez vaste pour
embrasser l'art du xvine siècle tout entier, mais il caractérise à merveille
les mérites singuliers des maîtres qui travaillèrent à cette époque l'or,
l'argent et le cuivre. Les formes que les orfèvres d'alors donnèrent à leurs
pensées furent-elles toujours intelligentes? c'est un point que la suite de
cette étude aura à éclaircir, ou du moins à discuter ; mais nous ne crai-
gnons pas d'affirmer d'avance que, grâce au parti pris de l'exécution, à
la prestesse de la main, à cette légèreté d'outil dont Gochin parlait tout
à l'heure, leurs œuvres ont fait paraître un esprit, une élégance, une
richesse qui permettent de les placer à côté de ce que l'orfèvrerie fran-
çaise, en ses meilleurs jours, a déjà pu nous montrer.

Mais, avant d'en venir à ces choses exquises, il y avait un travail
préalable à accomplir, il fallait se débarrasser peu à peu des lourdeurs
solennelles que Louis Xl\ avait tant aimées. Cette évolution s'accom-
plissait lentement. Pendant la vieillesse du roi, des maîtres hardis avaient
protesté, au nom d'un art plus libre, contre le faste de l'école acadé-
mique. Déjà Watteau commençait sa chanson amoureuse; déjà les deux
Coustou se rajeunissaient en assouplissant la forme, en cherchant la
grâce. Quant à l'orfèvrerie, elle suivit, timidement d'abord, la voie qui
lui était montrée. Cette situation intermédiaire est assez exactement
marquée par les recueils de modèles dont nous avons déjà parlé, et
que Pierre Bourdon et Briceau publièrent de 1703 à 1709. Un nom doit
s'ajouter à ceux que nous venons de citer : celui de J. Bourguet, artiste
ignoré dont les planches sont rares, mais dont nous avons pu voir quel-
ques pages dans l'inépuisable collection de M. Bérard. D'après Ma-
riette, qui parle de lui dans ses notes manuscrites sur les graveurs,
Bourguet aurait publié deux recueils; l'un est le Livre de desseins d'or-
nemens pour la taille d'épargne dans le goût ancien et moderne (1702) ;
l'autre contient des modèles d'incrustations et de bas-reliefs « pour taba-
tières et ouvrages d'horlogerie. » (1723.) Bien que le titre de ces deux
suites nous apprenne qu'il était maître orfèvre à Paris, Bourguet n'a
pas gravé des pièces d'orfèvrerie, mais seulement des ornements ana-
logues à celui qui sert de tête de lettre à cet article, inspirations modé-
rées et d'une sage fantaisie, que les ciseleurs, les émailleurs et les
bijoutiers imitèrent quelque temps. Quant à l'orfèvrerie proprement
dite, les artistes le plus en lumière à l'avènement de Louis XV étaient
Nicolas Delaunay, Claude Ballin le neveu et Thomas Germain, c'est-
à-dire des maîtres déjà éprouvés, qui tous avaient fait leurs pre-
mières armes sous le feu roi, et qui — à cette date du moins —

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