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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0118

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112 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

suivaient encore à peu près les errements de l'école de Versailles.

Rien ne parut donc changé au début du nouveau règne. Le duc d*An-
tin était resté surintendant des bâtiments, et le premier peintre du roi,
Antoine Goypel, appartenait corps et âme aux théories de l'école de
la veille. La transition fut d'autant moins sensible qu'on vit Louis XV,
ou pour mieux dire le régent,— car le roi n'était qu'un enfant,— adopter
résolument la marche suivie par Louis X1Y, et signer, contre toutes les
industries du luxe et de la parure, des ordonnances qui sans doute étaient
dans l'esprit du temps, mais dont la critique moderne a peine à s'expli-
quer les dures rigueurs. Les joailliers furent les premiers menacés, sinon
atteints, par une déclaration royale du h février 1720, qui défendait de
porter des diamants, des perles et des pierres précieuses. Cette prohibi-
tion arrivait juste au moment où la société élégante, heureuse d'échap-
per aux longues austérités que lui avait imposées le règne de madame
de Maintenon, recommençait à vivre et préludait aux enivrements de
cette comédie qui n'eût été qu'un long éclat de rire si, contrairement
aux lois de l'art poétique, la Révolution ne fût venue l'achever par un
dénoûment douloureux. Quant au régent, il ne passait pas pour un prince
de mœurs très-sévères. L'étonnement fut donc universel, et la déclara-
tion royale obtint si peu de succès, auprès des dames surtout, qu'on ne
songea pas à l'exécuter sérieusement. Elle fut même, quelques mois
après, officiellement rapportée par un arrêt du conseil du lh novembre1.
Et les diamants, qui ne se montraient que clans les réunions intimes et
comme en cachette, recommencèrent à briller au front et aux épaules des
coquettes rassurées.

L'orfèvrerie fut traitée plus sévèrement : par la déclaration du 18 fé-
vrier 1720, le roi, ou celui qui parlait en son nom, faisait connaître
que sa volonté était de réprimer les excès du luxe dans le royaume. Cet
acte n'apportait point d'ailleurs de prohibitions nouvelles; il reproduisait
seulement la déclaration mémorable du ih décembre 4 789 et l'édit de
mars 1700, c'est-à-dire qu'il limitait à une once, au maximum, le poids
des ouvrages d'or dont la fabrication était permise. Cette législation,
nous avons déjà eu occasion de le remarquer bien des fois, dépassait le
but et était frappée d'impuissance par son exagération même. Il faut
croire qu'on ne tint pas grand compte de la déclaration du régent, puis-
que les défenses qu'il avait formulées durent être répétées le (3 juillet,
sous une autre forme, par un arrêt du conseil d'État. Nous ne voulons
pas faire ici de politique rétrospective, nous ne voulons pas rechercher si

1. Voir la suite de la Clef du cabinet des princes (mars et décembre I720).
 
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