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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [7]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0371

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300 GAZETTE DES BEAUX-A HT S.

française d'un mot nouveau. Sa boutique, établie à la descente du Pont-
Neuf, était étincelante comme le palais des féeries. Le philosophe Mercier
ne peut s'empêcher d'admirer « les grâces » que Granchez avait su donner
à des riens, et ces étagères où « le crystal, l'émail, l'acier, brillaient
comme des miroirs taillés à facettes. » Voltaire, aux derniers temps de sa
vie, vint plus d'une fois s'asseoir au Petit Dunker que ^ et, au moment des
étrennes, les abords du magasin étaient tellement envahis, qu'il y fallait
mettre des gardes. Granchez avait d'ailleurs une passion folle pour la ré-
clame, et à ce titre il est véritablement un moderne. Il a rempli les jour-
naux du bruit de ses inventions : en avril 1775, il vendait des a boutons en
pùisberk, acier et autres, ainsi que des épées d'acier à pointes de dia-
mant et de pinsbeek^ faisant un grand effet aux lumières. » Le 2Zr juin
de la même année, un arrêt lui accordait la protection du roi pour l'art
de polir l'acier. Ce ne fut cependant qu'en 1779 qu'il établit sa manufac-
ture à Glignancourt : le succès dépassa son attente, et il eut l'honneur de
présenter au roi une épée à perles d'acier, qui obtint l'applaudissement uni-
versel (1785)1. Grâce à l'activité de Granchez et au bas prix de ses bijoux,
l'industrie progressa et devint féconde. Aux derniers jours du règne qui
allait finir, il existait aux Quinze-Vingts une manufacture royale de bijou-
terie en acier; elle avait pour entrepreneurDauffe,qui se fit surtout connaître
par la fabrication de boutons d'habits repercés à jour, ornés cle perles enfi-
lées et de diamants à vis, le tout en acier 2. Qui cle nous, en fouillant
avec une curiosité d'enfant la garde-robe d'un grand-père ou d'un vieil
oncle de l'ancien régime, n'a retrouvé un de ces vêtements de soie vio-
lette encore garni de ces boutons énormes qui, en sortant de chez Granchez
ou de la manufacture des Quinze-Vingts, devaient briller au soleil comme
d'éblouissantes cristallisations ?

Mais le marchand du Petit Dankerque a touché cle plus près à l'art.
C'était un homme entreprenant; il devançait la mode et son changeant
caprice, et, quoiqu'il ne fût pas orfèvre lui-même, il exerça sur l'art une
influence décisive. « Il faut rendre justice au goût du maître, dit Mercier. Il
anime, il dirige les artistes, il imagine ce qui doit plaire... La bijouterie a
fait plus cle progrès depuis qu'il a mis sous les yeux du public des modèles
élégants et variés, qu'elle n'en avait fait depuis longtemps. » Et, en effet,
dès 1775, Granchez avait conseillé aux ouvriers qui travaillaient pour ses
magasins de s'inspirer des peintures ou des modèles étrusques récem-
ment publiés par le chevalier Hamilton. Grâce à lui. grâce à ses collabo-

\. Voir, sur les bijoux deGranchez, le Mercure, avril et août 1775, et octobre 178T>.
1. Journal de Paris, 4 8 juillet 1787.
 
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