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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 5
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Baschet, Armand: Négociation d'œuvres de tapisseries de Flandre et de France: par le nonce Guido Bentivogli pour le Cardinal Borghèse
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0427

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de Noël. Mais le 12, étant encore à Bruxelles, dans une lettre où il rap-
pelle la question toujours embarrassée de ses affaires, je vois réappa-
raître le rôle des tapisseries :

« Et puis enfin, dit-il, mon successeur est arrivé, et il eut hier sa première audience
avec les sérénissimes princes! Aussi partirai-je sans retard, dans trois ou quatre jours,
par la voie d'Allemagne. Dans ce peu de temps qui me reste, je verrai à bien finir de
satisfaire à mes créances. Il m'a fallu laisser aux mains de Gridolfi toutes mes tapisse-
ries neuves, de quoi tendre cinq chambres, ayant le plus grand déplaisir de n'avoir pu
les envoyer déjà ou les conduire avec moi, surtout à cause de toute une tenture repré-
sentant des jardins que j'avais projeté d'offrir au cardinal patron dès mon arrivée à
Rome. Que Votre Seigneurie sache que c'est un ouvrage d'un si joli aspect que peut-
être on n'en a point vu de semblable; mais il convient de prendre patience. J'ai vendu
tous mes meubles, ceux de soie comme les autres... Que Votre Seigneurie ne manque
point d'envoyer à Gridolfi. les deux mille écus...1 »

Si Sa Seigneurie se trouvait obligée de laisser provisoirement en gage
ses brillantes tapisseries, elle n'en était cependant pas si réduite qu'elle
n'eût un fort beau train et un très-grand équipage pour se rendre de
Bruxelles à Rome par Spire et le Tyrol. « Je voyage avec onze chevaux,
écrit-elle, tous à moi ; six à mon carrosse, deux en main, trois montés :
j'ai treize serviteurs. »

Je vois, d'après mes notes prises dans sa correspondance, le nonce Ben-
tivoglio arrivant à Rome le 23 mars et se préparant déjà à faire fort bien
sa cour au cardinal patron. Sa Sainteté lui fit fort bonne figure : l'accueil
qu'il reçut lui assurait ou de rester à Rome en grande faveur dans de
hautes charges, ou d'en partir pour une de ces nonciatures plus élevées
en considération personnelle et en importance politique. Je trouve ces
mots caractéristiques dans une de ses plus charmantes lettres inédites :
(( Fin qui mi pare esser mi insinuato assai bene. Jusqu'à présent il me
semble que je me suis fort bien insinué..., » et cela après une conversation
des plus intimes et des plus variées avec le cardinal Borghèse, qui l'avait
rencontré sous le portique de Sainte-Marie-des-Anges et l'avait entraîné
u in quel bel claustro, dans ce beau cloître, » pour deviser plus à l'aise. Et
note est à prendre que le profane plus que le sacré était entré clans leurs
discours : « ...Parlammo cli varie cose con molta domestichezza. Il cardi-
nale miparlb in parûcolare di quella relatione di Conde12...,» mais il

1. 22 déc. 1615, Brusselles. — 1615, Lucemburgo.

2. « Le cardinal me parla en particulier de ma relation de Gondé... » Bentivoglio parle ici de
la fameuse relation qu'il avait écrite (et qui depuis a paru imprimée dans toutes les éditions de
ses œuvres) sur la fuite du prince de Coudé et de sa femme Charlotte de Montmorency. Etant
nonce à Bruxelles, il vit beaucoup le prince et la princesse.
 
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