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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 11.1861

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Nr. 5
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Baschet, Armand: Négociation d'œuvres de tapisseries de Flandre et de France: par le nonce Guido Bentivogli pour le Cardinal Borghèse
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https://doi.org/10.11588/diglit.17227#0428

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NÉGOCIATION D'OEUVRES DE TAPISSERIE.

fut aussi question de la nonciature de France, et Bentivoglio la convoitait
de tous ses désirs, tant il comprenait que les heureuses nuances de son
esprit et le tour de son humeur le mettraient à même de se faire le plus
grand honneur à cette grande cour. Le sujet des tapisseries revint aussi
fort à propos dans la bouche du monsignor en cette même matinée de
causerie familière avec le révêrendissime patron :

« Tout en louant, écrit monsignor, tout en louant les belles choses dont le cardinal
fait ses délices, je lui dis que j'espérais qu'il dût y avoir quelque chose de bon dans ce
que j'avais rapporté de Flandre, mais que toutes mes affaires n'étaient point encore arri-
vées. Le cardinal me répondit qu'il n'y avait point lieu que je fisse aucune nouvelle
démonstration, pour ce que nous en avions déjà fait beaucoup trop, et que d'ailleurs il
faisait plus de cas de mes rapports (queste mie relationi) que do mille présents
réunis. Malgré tout cela, j'ai pensé qu'il ne pouvait être que de bon à-propos, et pour
mes affaires à moi et pour les nôtres en commun, que je lui offrisse cette tenture dont
je vous ai parlé; elle est en six morceaux et convient pour toute une chambre. Ce
sont différents jardins en perspective du plus beau dessin et du plus gracieux effet et
aspect. »

Quelle allait être, en somme, la nonciature qui serait confiée à ce
monsignor si plein d'avenir et bientôt à la veille de vêtir la pourpre? On
hésitait entre les nonciatures d'Espagne, d'Allemagne, de France. Il faut
lire les lettres intimes de Bentivoglio pour comprendre à quel degré de
tourment l'élevaient de semblables incertitudes. Par la seule expansion
de ses impressions sur ses espérances, un jour déeues, un jour grandies,
et cela tour à tour, absolument comme s'il n'y avait à se reposer que sur
les caprices du vent, monsignor fait admirablement, sans s'en douter, le
tableau de ces oscillations du vaisseau des faveurs et des dignités sous
des latitudes aussi étranges que celles de la cour romaine. « Cependant,
dit-il, un jour toute la cour est pleine du bruit que c'est moi qui vais en
France; » mais rien, en fait, n'était bien certain. Serait-ce monsignor
Lagno? Foligno disait que non; mais un frère du cardinal Ubaldini l'af-
firmait. Pignatelli, qui avait vu le pape à Frascati, disait : « C'est Benti-
voglio; » l'ambassadeur de France, qui avait rencontré son secrétaire
Ottavio à la Trinité-du-Mont, lui avait dit que Borghèse se prononçait tout
à fait pour lui. Cela se passait en mai de l'année 1616 ; mais si la traver-
sée de cette mer d'ambitions fut lente et incertaine, du moins le but fut-il
heureusement atteint.

ARMAND B ASC HE T.

(La fin procltainemenl.)
 
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