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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 20.1879

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Nr. 4
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Ephrussi, Charles: Appendice
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https://doi.org/10.11588/diglit.22840#0347

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APPENDICE.

319

dans ces légères esquisses ce grand homme met une âme et un esprit
qui dénotent la rapidité avec laquelle il concevait et exécutait ses pensées,
et combien il possédait dans un éminent degré la science du clair-
obscur». Tel est en effet notre dessin, et nous ne saurions mieux dire que
Mariette. Cette esquisse, au bistre, faite de vigoureux coups de pinceau
et de légers traits de plume accusant les formes, a servi d'étude pour un
petit tableau du maître dans laquelle la scène est prise en sens inverse,
peint sur. cuivre un peu sèchement, aujourd'hui à Londres, chez le duc
de Bedford. Une répétition de dimensions plus grandes se trouve chez
le comte Brownlaw à Ashridge-IIouse. Le portrait de jeune fille (qu'on
retrouve sans changement à la National Gallery, dans le cabinet du
directeur) est charmant. Le crayon noir avec un ton brun clair d'aqua-
relle et quelques rehauts de sanguine donne la plus délicieuse figure
flamande qu'on puisse rêver. Sans le moindre effort, le maître arrive,
par la justesse et l'harmonie des indications, à l'effet de la chose tra-
vaillée et finie. Rien n'y manque, ni l'épiderme velouté de la peau, ni
la finesse des cheveux soyeux, ni la tendresse des yeux brillants et
humides, ni la grâce malicieuse des lèvres un peu épaisses, ni la coquet-
terie naïve de l'ajustement. Cette jolie figure pourrait bien être celle
d'une fille de Rubens, car elle rappelle d'assez près un portrait de celle-ci
conservé à l'Albertine.

Voilà ce que M. de Ghennevières avait prêté à l'Exposition des Beaux-
Arts, une trentaine de dessins à peine, mais tous di primo cartello, mon-
trant le goût sûr, la science du choix, l'amour éclairé des belles choses,
une égale connaissance de toutes les écoles, et dignes d'un encyclopédiste
de l'art. Savoir ainsi découvrir les œuvres supérieures, les conserver, les
soigner et les aimer, enfin, quand on se mêle d'écrire, les juger avec
tant d'autorité, n'est-ce point dérober aux grands maîtres une portion
de leur gloire ?

CHARLES ÉPHRUSSI.
 
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