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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0084

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

décente et sévère, pudicum ac severum; T autre, toute nue, fut acquise parles
Cnidiens, qui n’eurent pas à se repentir de leur choix. La Vénus de Cos paraît
être l’original delà Vénus Genetrix du Louvre, dont il existe de nombreuses
variantes plus ou moins libres, toutes caractérisées par l’ingénieux artifice
de l’étoffe transparente, qui donne l’illusion de la nudité sans en offrir le
scandale à la pruderie. La fabrication de ces étoffes était une spécialité des
industries de Cos, d’Amorgos et de Tarente; il est donc probable que les
Coens, malgré le dire de Pline, ne furent pas uniquement guidés, dans leur
choix, par la crainte pudique de contempler une déesse sans voiles. Ils
aimaient ces gazes indiscrètes que leur industrie s’entendait si bien à tisser.
Une des statues récemment découvertes à Épidaure 1 est une variante de la
Vénus Genetrix; la déesse porte un chiton talaire diaphane qui laisse à nu
le sein droit et un himation passé sur l’épaule gauche qui retombe en plis
majestueux sur le bas du corps. Tandis que la plupart des statues de cette
série tiennent une pomme d’une main et relèvent, de l’autre, l’extrémité de leur
draperie, la Vénus d’Epidaure se présente dans un appareil guerrier. Ceinte
du baudrier de Mars, désarmé par elle, elle tenait sans doute la lance du dieu
de sa main droite avancée. Malgré l’état de mutilation de la tète, cette belle
sculpture du ier siècle avant Jésus-Christ, transportée récemment au Musée
central d’Athènes2, offre un intérêt considérable pour l’histoire de l’art. C’est
une variante tout à fait nouvelle dans la série déjà longue des Vénus drapées.

Si l’art romain s’est beaucoup inspiré des modèles de l’époque alexan-
drine, le goût des œuvres attiques du ive et même du ve siècle avant notre
ère a été très vif dans les derniers temps de la République et vers les
deux premiers siècles de l’Empire. Aussi les découvertes faites dans le sol
inépuisable de Rome sont-elles de nature à compléter nos informations
touchant l’art hellénique de la belle époque. Les Antike Denkmœler3 ont fait
connaître récemment une grande tète de marbre, trouvée dans les jardins
de Salluste, qui appartient aujourd’hui à un collectionneur de Berlin, M. de
Kaufmann : c’est peut-être la réplique la plus exacte de la tête de l’Athéna
Parthénos de Phidias, et cette réplique est exactement conforme à la descrip-
tion bien connue de Pausanias4. La coloration de la copie romaine est bien
conservée, mais, détail à noter, elle ne porte point sur la peau, qui a été
polie avec grand soin et peut-être recouverte d’une patine : il n’y a de
couleurs que sur le casque, les lèvres, les yeux et les sourcils de la déesse.
Les mêmes jardins de Salluste ont fourni à la collection de la villa Ludovisi,
appartenant aujourd’hui au prince de Piombino, trois bas-reliefs très
curieux qui ornaient les côtés d’une espèce de peristomion ou bordure de
bassin en marbre5. Le style se rapproche de celui des œuvres attiques du

4. ’Eç>Yî[A£pîç àp.y_aio),oyiy.r,, 1886, pl. XIII, p. 266-258 (Staïs).

2. M. Gavvadias vient de publier les premières livraisons (en grec) d’un excel-
lent catalogue de cette collection.

3. Antike Denkmœler, 1886, pl. III.

4. Pausanias, ’Attwoc, I, 24, 5.

5. Bulletino di archaeologia communale di Iloma, 1887, pl. XV, XVI, p. 267-274
(C. L. Visconti). Nous avons fait reproduire deux de ces bas-reliefs dans le pré-
sent article.
 
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