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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 2
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Geymüller, Heinrich von: La vierge à l' Œillet: peinture attribuée à Léonard de Vinci
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0116

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102

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Yierge. Leur ajustement décèle, à côté d’une attentive recherche et
d’un modelé soigné une inexpérience qui se trahit tantôt par le grand
nombre de petits plis ondulés et de forme très arrondie, tantôt par la
direction qui ne correspond pas toujours d’une manière complète à la
forme de la poitrine. Les plis du manteau, ramené sur la balustrade,
afin de préserver le pied de l’Enfant du contact de la pierre, peuvent
sembler aussi un peu arbitraires au premier abord.

N’y a-t-il pas dans le fait même de l’inexpérience, dans l’ordre
des choses que l’on peut apprendre, alliée à la possession si prononcée
des qualités sereines que l’on ne peut avoir que par un don gratuit
du ciel, n’y a-t-il pas, dis-je, dans le fait de cette union comme la
preuve que nous sommes en face d’une œuvre de jeunesse d'un des
plus grands maîtres?

Les raisons qui nous ont porté à prononcer si rapidement ce oui
téméraire sont avant tout certaines analogies particulières et un air
de parenté avec Y Annonciation de Léonard au Musée des Offices. Un
mouvemenLen arrière assez particulier et caractéristique de l’épaule
gauche de la Vierge, accompagné peut-être d’une certaine raideur
de ce bras, révèle, malgré certaines différences, une parenté étroite
entre les Vierges dans les deux tableaux. Il nous a semblé être en
présence de deux interprétations différentes, faites par le même
artiste, inspirées par le même modèle ou dues aux mêmes visions
idéales.

Examinant ensuite plus en détail cette œuvre intéressante, on
sera frappé par l’analogie du rouge de la robe de la Vierge avec celui
de l’ange dans la Yierge aux rochers, de la Vierge dans la petite Annon-
ciation de la galerie des Sept mètres, ou avec celui du portrait appelé
la Belle Ferronnière. La robe de dessus, d’un gris bleu, légèrement
violacé, est réunie sur la poitrine par une broche ovale. Le bleu du
manteau est identique à celui de la Vierge dans le tableau de la
Sainte Anne, sa doublure jaune assez caractéristique. L’ornement
d’or peint sur le bord du corsage, l’œillet d’un rouge indien que
tient la Vierge, les fleurs dans un vase de cristal, sont d’une finesse
d’exécution incroyable, absolument léonardesque.

Mais plus que toutes ces analogies, d’un ordre plus tangible, le
rayonnement d’authenticité, si je puis m’exprimer ainsi, dont nous
fûmes frappés, nous semblait dû à cet épanouissement de grâce char-
mante, si naturelle, dépourvue de tout effort que nous n’avions ren-
contré dans aucune œuvre de l’École florentine, en dehors de Léonard.
Personne ne nous paraissait capable de rendre le bonheur inexpri-
 
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