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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 3
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Champeaux, Alfred de: L' art décoratif dans le vieux Paris, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0208

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sait à la magnificence élégante. Le pouvoir royal, servi par le génie
de Richelieu et de Mazarin, tenait à affirmer sa prédominence incon-
testée par l’éclat du luxe dont il s’entourait, et les encouragements
qu’il prodiguait à l’art assurèrent à l’École française une supériorité
incontestable dont elle resta en possession pendant près de deux
siècles. L’art de Lebrun et des maîtres de son époque est un produit
éclectique et un peu conventionnel, qui ne saurait lutter avec les
sévères beautés de l’antiquité, non plus qu’avec l’originalité drama-
tique du moyen âge ou avec les exquises délicatesses de la Renais-
sance, mais qui a su emprunter à chacune de ces époques des éléments
choisis avec mesure et avec goût, pour former un style nouveau.
C’est surtout par la science de l’arrangement, par l’ingéniosité et
par le goût des motifs que se distingue cette nouvelle création. On y
retrouve, dans chaque invention, la marque de l’esprit français ennemi
des choses abstraites et attaché aux compositions claires et nettement
formulées, aussi bien dans les lettres que dans les sciences et dans
les arts. Jamais il n’y eut un accord plus intime entre la société et
les demeures où elle résidait. Jamais aussi il n’y eut un plus vif
empressement pour le renouvellement des intérieurs. Suivant
l’exemple de son souverain, la noblesse désormais établie à Paris
et à proximité de la cour, se plut, à l’envi, à construire des hôtels
où tous les raffinements du luxe se trouvaient réunis.

Le mouvement imprimé par Lebrun ne s’arrêta plus qu’à la fin
du xvme siècle et son œuvre fut continuée après lui par les dessina-
teurs du Cabinet du roi. Cette unité de conception assurait aux
anciennes entreprises des qualités générales de style qui permettent
de définir facilement à quelle époque de notre histoire elles appar-
tiennent. Au grand détriment de l’art décoratif français, notre temps
a rejeté tout ce qui peut rappeler même de loin les traditions de l’en-
seignement et une direction générale. Chacune de nos administra-
tions a ses architectes, ses sculpteurs et ses peintres qui travaillent
isolément, sans qu’on leur dicte un programme de décoration générale.
Il en résulte un défaut d’harmonie qui se manifeste trop souvent par
une diversité incohérente dans l’aspect de nos monuments.

L’intérieur des appartements subit une transformation vers les
dernières années du règne de Louis XIV. Sans renoncer aux grandes
compositions peintes de l’école de Lebrun, on adopta alors un art plus
intime et plus bourgeois, dont la sculpture sur bois était le principal
élément. L’architecte J.-H. Mansard fut l’un des premiers qui dirigea
notre école dans cette voie; il transmit sa science d’arrangement à
 
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