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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 4.1890

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Nr. 3
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Champeaux, Alfred de: L' art décoratif dans le vieux Paris, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24448#0209

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L’ART DÉCORATIF DANS LE VIEUX PARIS.

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Germain Boffrand et aux deux Robert de Cotte. Ces dessinateurs
posèrent les bases de la nouvelle décoration intérieure et, depuis
lors, leurs modèles ont été répétés sans cesse. Sous leurs crayons
féconds, la sculpture sur bois atteignit une largeur élégante que,
malgré leur habileté, les artistes du temps de Louis XVI n’ont pu
surpasser. Nous aurons l’occasion, en décrivant les nombreuses déco-
rations d’hôtels qui nous ont été conservées, de citer les noms d’artistes
ornemanistes de cette époque, qui ne jouissent pas de la célébrité que
leurs oeuvres leur méritaient d’obtenir.

Vers la fin du siècle dernier, Paris formait un vaste musée dont
les richesses incomparables se trouvaient disséminées aussi bien dans
les édifices religieux et dans les monuments publics, que dans les
habitations privées. Les églises regorgeaient de tableaux et de monu-
ments funéraires; ces derniers sculptés dans le marbre et dans la
pierre, ou modelés pour le bronze et le cuivre émaillé, tandis que les
hôtels, ornés de peintures murales et de lambris sculptés, contenaient
des meubles précieux et des collections d’objets rares de toute nature.
O11 trouve, dans les nombreuses descriptions de ce temps, des ren-
seignements très curieux sur les œuvres d’art que possédait la capi-
tale, et cependant que de monuments importants pour l’histoire de
notre école nous sont parvenus sans avoir été trouvés dignes d’être
cités par les amateurs qui nous ont précédés!

La perturbation profonde qui accompagna la Révolution fut fatale
à la conservation de nos richesses artistiques. Les églises et les mai-
sons conventuelles furent fermées ou aliénées, après avoir été dépouil-
lées de tous les trésors qu’elles contenaient. Un petit nombre de
monuments furent réservés pour les musées que l’on créait, sans
cesser d’être exposés à des vicissitudes qui ne sont pas encore termi-
nées pour certains d’entre eux. Les hôtels, dont les propriétaires
avaient presque tous émigré, furent confisqués et leur mobilier vendu
à des prix dérisoires comme celui des châteaux royaux. Quelques-unes
de ces demeures ont été affectées à des services publics; ce furent les
plus favorisées, car elles n’avaient plus à redouter que les entreprises
des architectes ignorants ou le vandalisme des administrateurs que
nous aurons trop souvent l’occasion de constater; les autres, acquises
par des spéculateurs, furent démolies ou transformées en établisse-
ments industriels. Bien peu revinrent, après la tourmente, dans les
mains de leurs possesseurs légitimes. Puis se produisirent des chan-
gements du goût qui firent renouveler les intérieurs où se plaisait
l’ancienne société, pour les approprier aux besoins et aux habitudes
 
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