JEAN FOUCQUET
(deuxième et dernier article1).
II.
’est le moment venu peut-être de préciser
la part énorme de progrès apportée par cet
homme excellent dans l’esthétique natio-
nale, de le montrer à la fois préoccupé des
ensembles et des effets, du détail et de l’im-
pression générale. Avant lui l’art vivait sur
une scolastique banale, imprégnée de tradi-
tion, amoureuse de redites. Parallèle à la
décoration fleurie des cathédrales, la peinture recherchait la contor-
sion infinie des corps, les poses hasardées hors de nature, les gro-
tesques exagérations copiées et recopiées sans merci. Les lois de
perspective méconnues autorisaient les plus audacieux dénis de vrai-
semblance; c’étaient tout auprès de temples ou de palais amoindris,
placés à la diable, de gigantesques héros dominant les paysages de
leur stature; c’étaient des rivières découlant et serpentant sans
rivages, des eaux pareilles à des cheveux nattés, des bêtes de somme
improbables et bâties d’imagination et de brio. Même chez les enlu-
mineurs du duc de Berry déjà si avisés, la réalité des choses s’estom-
pait de fautes et d’entorses nombreuses. Il semblait que l’homme seul
eût pour ceux-là mérité les honneurs de la description fidèle, le reste
importait peu. Foucquet mit de prime-saut l’ordre dans ces tradi-
tionnelles cacophonies; il sut dire les lointains de la terre, les arbres,
les montagnes, les bêtes. Dans la Bible moralme ses intérieurs procè-
dent d’une impeccable étude de la ligne fuyante; il eût eu la photo- I.
I. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 3° période, t. IV, p. 273.
(deuxième et dernier article1).
II.
’est le moment venu peut-être de préciser
la part énorme de progrès apportée par cet
homme excellent dans l’esthétique natio-
nale, de le montrer à la fois préoccupé des
ensembles et des effets, du détail et de l’im-
pression générale. Avant lui l’art vivait sur
une scolastique banale, imprégnée de tradi-
tion, amoureuse de redites. Parallèle à la
décoration fleurie des cathédrales, la peinture recherchait la contor-
sion infinie des corps, les poses hasardées hors de nature, les gro-
tesques exagérations copiées et recopiées sans merci. Les lois de
perspective méconnues autorisaient les plus audacieux dénis de vrai-
semblance; c’étaient tout auprès de temples ou de palais amoindris,
placés à la diable, de gigantesques héros dominant les paysages de
leur stature; c’étaient des rivières découlant et serpentant sans
rivages, des eaux pareilles à des cheveux nattés, des bêtes de somme
improbables et bâties d’imagination et de brio. Même chez les enlu-
mineurs du duc de Berry déjà si avisés, la réalité des choses s’estom-
pait de fautes et d’entorses nombreuses. Il semblait que l’homme seul
eût pour ceux-là mérité les honneurs de la description fidèle, le reste
importait peu. Foucquet mit de prime-saut l’ordre dans ces tradi-
tionnelles cacophonies; il sut dire les lointains de la terre, les arbres,
les montagnes, les bêtes. Dans la Bible moralme ses intérieurs procè-
dent d’une impeccable étude de la ligne fuyante; il eût eu la photo- I.
I. Voy. Gazette des Beaux-Arts, 3° période, t. IV, p. 273.