30 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
avons à peine eu le temps de parcourir, je ne puis que mentionner
sommairement :
Le Groupe de Jeanne d'Arc, deM. Allard, qui, sans réussir à renou-
veler entièrement son motif, comme avait fait Chapu, ne manque
cependant pas d’originalité.
ProFide, de M. Anglade : une figure ébauchée, d’un sentiment très
personnel et très délicat, où l’on peut observer un curieux effet de
hasard, auquel l’artiste n’a pas osé toucher : ce sont les gelures de la
terre attaquée par les froids exceptionnels du dernier hiver.
Deux bons bustes de M. Bernstamm : ceux de M. le baron de
Mohrenheim et de M. Gaillard.
Le buste de Roybet, de M. Déloye, avec un curieux piédestal;
les bustes délicats de M. Agathon Léonard ; le beau monument du
général Lassalle, par M. Henri Cordier, qui est certainement une
des œuvres les plus complètes et les plus intéressantes du Salon; la
statuette de M. Frémiet : Saint Georges; la gracieuse Petite Danseuse
aquarellée, de M. Gérôme; enfin, le buste de M. Constant, par
M. Puech, et celui de M. Bœswillwald, par M. Pécou.
Comme pour la peinture, l’exposition du Champ-de-Mars bénéficie
d’ètre plus restreinte : on y remarque davantage chaque œuvre notable,
l’œil n’étant pas fatigué par une interminable perspective de statues.
Le Projet de fontaine de M. Dalou attire tout d’abord l’attention.
C’est une scène bachique — deux satyres jouant avec deux bacchantes
— d’une grâce extrême de composition et d’arrangement, d’une
aimable gaieté d’inspiration, qui rappelle un peu l’art du siècle
dernier. Dans un espace limité, M. Dalou a réussi à grouper ses per-
sonnages en des poses très naturelles, sans rien de conventionnel,
comme si la difficulté de l’arrangement n’existait même pas. Le
groupe de M. Sinding, dans sa naïveté, éveillait une idée de virtuosité
un peu artificielle qui, ici, disparait entièrement : nous sommes
en présence d’un fier artiste, de verve abondante, qui joue avec le
corps, avec les formes, avec les lignes, sans aucun effort, sans
aucune recherche, trouvant d’instinct les combinaisons les plus
harmonieuses. La bacchante penchée, surtout, celle qui s’appuie de la
main gauche sur l’épaule de la bacchante renversée, est d’un abandon
délicieux. Le seul reproche qu’on puisse faire à cette charmante
composition, c’est qu’elle est peut-être un peu loin de nous :
M. Dalou, qui est cependant si moderne, semble avoir été pris sou-
dain de préoccupations d’un autre âge; il a voulu retrouver les
avons à peine eu le temps de parcourir, je ne puis que mentionner
sommairement :
Le Groupe de Jeanne d'Arc, deM. Allard, qui, sans réussir à renou-
veler entièrement son motif, comme avait fait Chapu, ne manque
cependant pas d’originalité.
ProFide, de M. Anglade : une figure ébauchée, d’un sentiment très
personnel et très délicat, où l’on peut observer un curieux effet de
hasard, auquel l’artiste n’a pas osé toucher : ce sont les gelures de la
terre attaquée par les froids exceptionnels du dernier hiver.
Deux bons bustes de M. Bernstamm : ceux de M. le baron de
Mohrenheim et de M. Gaillard.
Le buste de Roybet, de M. Déloye, avec un curieux piédestal;
les bustes délicats de M. Agathon Léonard ; le beau monument du
général Lassalle, par M. Henri Cordier, qui est certainement une
des œuvres les plus complètes et les plus intéressantes du Salon; la
statuette de M. Frémiet : Saint Georges; la gracieuse Petite Danseuse
aquarellée, de M. Gérôme; enfin, le buste de M. Constant, par
M. Puech, et celui de M. Bœswillwald, par M. Pécou.
Comme pour la peinture, l’exposition du Champ-de-Mars bénéficie
d’ètre plus restreinte : on y remarque davantage chaque œuvre notable,
l’œil n’étant pas fatigué par une interminable perspective de statues.
Le Projet de fontaine de M. Dalou attire tout d’abord l’attention.
C’est une scène bachique — deux satyres jouant avec deux bacchantes
— d’une grâce extrême de composition et d’arrangement, d’une
aimable gaieté d’inspiration, qui rappelle un peu l’art du siècle
dernier. Dans un espace limité, M. Dalou a réussi à grouper ses per-
sonnages en des poses très naturelles, sans rien de conventionnel,
comme si la difficulté de l’arrangement n’existait même pas. Le
groupe de M. Sinding, dans sa naïveté, éveillait une idée de virtuosité
un peu artificielle qui, ici, disparait entièrement : nous sommes
en présence d’un fier artiste, de verve abondante, qui joue avec le
corps, avec les formes, avec les lignes, sans aucun effort, sans
aucune recherche, trouvant d’instinct les combinaisons les plus
harmonieuses. La bacchante penchée, surtout, celle qui s’appuie de la
main gauche sur l’épaule de la bacchante renversée, est d’un abandon
délicieux. Le seul reproche qu’on puisse faire à cette charmante
composition, c’est qu’elle est peut-être un peu loin de nous :
M. Dalou, qui est cependant si moderne, semble avoir été pris sou-
dain de préoccupations d’un autre âge; il a voulu retrouver les